La mobilisation contre la criminalisation des défenseurs des droits fonciers et environnementaux a été au menu de la matinée de réflexion organisée à Kinshasa, ce vendredi 31 janvier, par l’ONG CODELT (Conseil pour la Défense Environnementale par la Légalité et la Traçabilité). La rencontre a mis au tour d’une même table les délégués des ministères impliqués dans cette problématique, notamment le ministère de la justice, des affaires foncières, de l’intérieur, de l’Environnement, et celui des droits humains. Elle a permis l’échange d’idées sur le concept même du défenseur des droits fonciers et environnementaux, et proposer quelques pistes de solution pour la protection de celui-ci.
« Le constat est qu’à ce jour, beaucoup des défenseurs des droits fonciers sont victimes de plusieurs actes criminels, et cela a suscité beaucoup des réflexions au niveau du travail que nous faisons sur terrain », a alerté Espoir Tshakoma, chargé de programme à ERND Institute.
A en croire les organisateurs, ceux qui s’adonnent à la défense des droits fonciers et environnementaux sont souvent la cible des attaques multiformes parfois au péril de leur vie. Des cas de violation des droits des communautés et de menaces à l’endroit de leurs défenseurs ont été enregistrés ces dernières années dans le parc des Virunga, de la Salonga, dans le Kahuzi Biega, mais aussi dans le Parc Agro industriel de Bukanga Lonzo.
« Il faut des mesures d’encadrement qui vont dans le sens de voir comment encadrer les défenseurs des droits fonciers. Et, que les défenseurs arrivent à comprendre que l’Etat est la première personne mieux indiquée pour défendre non seulement les défenseurs qu’ils sont, mais aussi les intérêts qu’ils revendiquent au profit des communautés », a indiqué le professeur Mende, délégué du ministère des droits humains, à cette matinée.
Engagée dans son développement, la République démocratique du Congo, entend recourir aux terres pour l’industrialisation de son agriculture, et son développement industriel. Pour les organisateurs, ce recours aura sans nul doute des conséquences sur les communautés locales et peuples autochtones qui disposent des droits sur leurs terres ancestrales. Ainsi, cette réflexion devrait aider à prévenir des cas échéants.
« Quand il s’agit de réclamer les droits et libertés fondamentaux dans la société, il se pose toujours un problème surtout en matière des droits humains. En droit, le fait précède le droit, maintenant que nous avons ces faits dans la société congolaise, il s’agirait de voir comment mieux règlementer ce secteur. Il faut trouver le droit qui correspond à ce fait social qui se présente », a déclaré Maitre Rachel Nyabuhanzi, déléguée du Ministère de l’Environnement et développement durable. « Dans la mesure où l’on se base sur le droit de l’environnement, je pense que le ministère de l’Environnement a un rôle charnière à jouer comme une autorité d’appui aux communautés locales pour réclamer leurs libertés et droits fondamentaux ».
Ce mouvement mondial de mobilisation contre la criminalisation des défenseurs des droits fonciers et environnementaux a été lancé depuis 2017, par Land Right Now à la suite des situations alarmantes en Amérique latine. Il a été initié afin d’attirer l’attention de la communauté internationale sur les risques qui pèsent sur ces acteurs présentés comme des témoins gênants.
La question est arrivée en République démocratique du Congo en 2019, où certains cas des menaces contre les défenseurs des droits ont été documentés. Le cas de Kasole Kalongero, l’un des leaders des peuples autochtones pygmées vivant près de Kahuzi Biega, illustre bien la problématique sur le sol congolais.
Cette matinée de réflexion qui s’inscrit dans le cadre du Plan d’action de la Stratégie Nationale d’Engagement de la RDC (SNE ILC), marque le début d’une vaste campagne qui doit s’étendre sur deux ans environ, en impliquant également les provinces.
Notons par ailleurs que les défenseurs de la terre et de l’environnent sont des personnes qui agissent de manière pacifique, volontairement ou dans le cadre de leurs fonctions pour protéger les droits fonciers et environnementaux.
Alfred NTUMBA