Inondations : Et si l’on prévenait le pire à Kinshasa, que de venir en aide?

Kinshasa, Capitale de la République démocratique du Congo fait parler d’elle ce dernier temps, surtout à cause de son urbanisation et de la gestion des déchets pointés du doigt comme principale cause des inondations mortelles qui endeuillent les kinois, avec un lourd bilan de plus de 40 morts enregistrés ce mercredi 26 novembre 2019. Cette ville a été conçue pour abriter 400 mille personnes, dans les années soixante. Aujourd’hui, la capitale congolaise est habitée par près de 15 millions d’âmes, mais les infrastructures n’ont pas suivi non plus.

Une vue de la ville de Kinshasa, prise depuis Brazzaville (Photo, Alfred Ntumba/Environews)

Le peu d’infrastructures laissées par le colonisateur sont totalement vétustes. Des communes et quartiers entiers sont sortis de terre, par la volonté des autorités qui ont distribué ou vendu des lopins de terres à ce qui en voulaient. Parfois, même sans tenir compte de conséquences qui pouvaient advenir.

A Kinshasa, plusieurs avenues manquent des caniveaux, et des quartiers entiers manquent de collecteurs.

Les nouveaux riches et le boom immobilier

Kinshasa reste caractérisée par les excès. Des excès tintés de démagogie qui définit ceux qui occupent de postes dans l’arène politique. Aussitôt nommé ministre, général ou encore mandataire, le premier reflexe du nouveau riche est de se tailler la part du lion quel qu’en soit les conséquences. A tout prix, il faut avoir une parcelle, même à des endroits strictement interdits de construction.

C’est à Kinshasa où l’on peut trouver un général couper en deux une avenue pour construire sa maison. Plusieurs avenues de Limete sont victimes de cette pratique qui jusque là n’a jamais été condamnée à quelque niveau que ce soit.

C’est toujours à Kinshasa, où de personnes dites intouchables ont construit même sur les collecteurs, empêchant ainsi aux services de drainages de faire leur travail, bien que ces services n’existent plus quelle nom.

C’est encore à Kinshasa où le plus pauvre construit le long de berges de cours d’eau, oubliant qu’un jour la nature récupèrera de force ce qui lui revient.

C’est à Kinshasa, où le plus démuni construit même dans les maraichages avec tous les risques de voir sa maison s’écrouler sur lui un jour après une forte pluie comme celle de cette nuit du 25 au 26 nombre 2019, de triste mémoire.

C’est à Kinshasa, où les autorités ferment les yeux face à toutes ces éventualités.

Elles préfèrent montrer aux yeux du monde leur bonne fois d’assister les victimes, bravant la pluie et les inondations. Un véritable coup de Comm qui marche bien. Micro, camera, moteur ça tourne. Les téléspectateurs en ont plein les yeux, car il faut prouver qu’on aime bien ceux qui sont morts, d’autant plus qu’ils étaient vivants. C’est le rapport de l’administrant à l’administré. Une stratégie qui fonctionne parfaitement bien avec un peuple à la mémoire courte.

Si ailleurs, « gouverner c’est prévoir », à Kinshasa tout comme partout en RDC, « gouverner c’est secourir ». Compatir, et promettre de l’aide aux victimes lorsque des maisons s’effondrent, et que les vies humaines s’effacent à jamais sur la terre des humains.

Félix Tshisekedi et Neron Mbungu sur le terrain

Le chef de l’Etat Félix Tshisekedi a effectué la ronde de la capitale congolaise pour palper du doigt les dégâts causés par la pluie diluvienne de ce mercredi. Touché dans son amour intérieur, le président de la République s’est réellement rendu compte des pertes en vies humaines enregistrées de suite de ces inondations mortelles et de glissements de terrain.

De l’autre côté, l’on a vu le vice gouverneur de la ville de Kinshasa braver la pluie, et les eaux nauséabondes sorties de lis des rivières, drainant avec elles les déchets de toutes sortes. Le deuxième citoyen de la ville a visité les familles endeuillées à Lemba, Kinsenso, que sais-je encore. En bon samaritain, il ramené les corps à la morgue et promis de l’assistance pour aider les familles éplorées à enterrer dignement leurs morts.

Et après tous ça ? RIEN

Si jamais les routes coupées en deux pourront être réparées en toutes urgence, mais la quarantaine de vie perdue sont parties pour l’éternité, sans aucun espoir de voir derrière elle un changement ne fût ce que pour sauver leurs proches affectés qui n’oublieront jamais ces évènements tristes à chaque fois que la pluie tombera sur leurs têtes. Quelle douleur !

Si on aime bien, on devra aussi châtier bien. Déguerpir, exproprier et démolir les lotissements anarchiques devraient être la priorité. Pensez à déplacer des millions des kinois vers des nouveaux quartiers bien aménagés, étendre la ville de Kinshasa vers ses extrémités notamment le plateau de Bateke, voilà autant de solutions à la portée de main des autorités. Il ne reste plus qu’à y penser, y réfléchir et trouver les moyens de le faire.

En attendant, la METELSAT prévient de fortes pluies dans les jours à venir. La pluie de cette nuit a fait comptabiliser 90 mm d’eau sur les 200 mm prévus pour l’année 2019. Au lieu de venir en aide, et constater les dégâts, l’homme prudent voit le mal de loin et agit mrudement en le prévenant.

Alfred NTUMBA

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