Une lecture de Greenpeace Afrique par Serge Sabin Ngwato
Le nouveau président de la république démocratique du Congo, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a lors de son discours d’investiture relever son engagement à faire de la RDC un grand pays environnemental au regard de ses ressources naturelles et forestières incommensurables. Cependant, doter le pays de ce statut implique notablement de défis à relever, notamment celui de la gouvernance forestière. Serge Sabin Ngwato, chargé de campagnes forêt au sein Greenpeace Afrique en a saisi l’occasion pour évoquer quelques défis qui attendent le chef de l’Etat congolais.
« Le Président de la République devra doter l’Administration d’une capacité institutionnelle pour faire le suivi sur le terrain, faire respecter la réglementation dans le secteur et faire un bon monitoring de toutes les activités de l’exploitation forestière ».
Défi n°1 : L’exploitation illégale des forêts
Pour ce cadre de Greenpeace Afrique, l’exploitation abusive et illégale des forêts congolaises reste un mal qui gangrène les ressources forestières du pays. Cette exploitation est soit liée au fait que c’est la forme qui pose problème, c’est-à-dire, la manière d’obtenir les concessions forestières ; soit, c’est dans le fond que le problème se pose, ça veut dire, le non-respect de la règlementation liée à l’exploitation de la ressource forestière.[irp posts=”6895″ name=”RDC : Les grands défis environnementaux qui attendent Félix Tshisekedi, « l’Aménagement du Territoire »”]
Défi n°2 : Le maintien du moratoire
Le moratoire, comme vous le savez, c’est l’une des mesures phares qui a été prise en 2002 pour assurer une meilleure gouvernance de notre secteur forestier et que cette mesure-là était subordonnée à un certain nombre des préconditions et notamment la dernière qui concerne le processus participatif du zonage forestier qui depuis 2005, n’a pas été fait. Et bien plus que ce zonage, il y a d’autres points à relever qui concerne la gouvernance de notre secteur, c’est le déploiement d’une capacité institutionnelle de l’administration pour faire le suivi sur le terrain, faire respecter la réglementation dans le secteur et faire un bon monitoring par rapport à toutes les activités de l’exploitation forestière menées par les entreprises sur terrain.
Défi n°3 : La politique forestière
L’autre défi concerne également l’élaboration d’une politique forestière mais en s’assurant que cette politique soit menée dans un cadre multi acteurs participatif pour permettre aux uns et aux autres de bien jouer leurs rôles notamment la société civile et les communautés locales. Cette étape d’élaboration de la politique forestière pose problème, l’année dernière il y a eu beaucoup des dénonciations de la société civile autour de cette démarche du ministère qui consistait à lever le moratoire.
Défi n°4 : La protection des tourbières
Greenpeace Afrique, en collaboration avec les scientifiques de l’université de Leeds en Angleterre, mais aussi celle de Kisangani au Congo, ont mené des recherches sur terrain au niveau de la province de l’Equateur principalement,et qui a confirmé la présence des tourbières dans cette partie du pays. Et donc aujourd’hui, le défi c’est d’assurer la protection de ces zones avec des mesures concrètes et efficaces. S’il faut le rappeler, ces tourbières s’étendent sur une vaste zone d’environ 14 millions d’hectares de forêts, un peu plus grande que la taille de l’Angleterre Et qui, du point de vue scientifique et technique, joue un rôle énorme par rapport aux services environnementaux qu’elles fournissent. C’est un réservoir important du carbone qui est estimé à 30 millions de tonnes de CO2.
Défi n°5 : La préservation des aires protégées
Il y a un défi important qui se rapporte à la préservation, et à la conservation d’un certain nombre de nos aires protégées notamment nos deux parcs des Virunga et Salonga qui, depuis quelques années ne cessent de défrayer l’actualité dans la mesure où ils font l’objet de la menace découlant d’activités industrielles.
Il y a nécessité de pouvoir assurer l’intégrité physique de ces espaces qui jouent un rôle essentiel dans la protection de notre climat global. Et ce n’est pas pour rien que lorsqu’on dit que les forêts congolaises sont le 2ième poumon vert de la planète, c’est justement à cause de la présence notamment de ce parc de la Salonga qui est l’épicentre de ce massif forestier.
« Je pense que relever ces défis c’est d’abord une question de volonté politique du gouvernement c’est-à-dire qu’il doit prendre un certain nombre d’engagements concrets envers la forêt congolaise ».
Cette volonté politique doit se traduire sur terrain par l’application de la règlementation notamment dans le Code forestier et un certain nombre des textes des lois qui concernent la protection de l’environnement. Il faut s’assurer que sur terrain tous ceux qui sont acteurs concernés par l’exploitation de ces ressources, d’une manière ou d’une autre, les respectent.
Le rôle avant-gardiste, c’est celui qui doit être joué par les autorités publiques, politiques mais aussi l’administration.
Alfred NTUMBA