Ebola : David Bisimwa : « ce serait une catastrophe si rien n’est fait pour contenir l’épidémie »

La dixième épidémie de la maladie à virus Ebola qui s’est déclarée depuis le 1 er août à Mangina dans la province du Nord-Kivu ne cesse de gagner du terrain dans cette partie du pays, et pourrait devenir une catastrophe si la tendance se maintient, avertit David Bisimwa coordonnateur auprès de CARE, cité par CBC radio. Un risque consécutif aux conflits armés qui sévissent actuellement dans cette région, compliquant ainsi les efforts pour contenir la propagation du virus.

A cause de ces conflits armés qui ravagent l’Est de la République démocratique du Congo, les patients mettent beaucoup trop de temps avant de se rendre dans les centres de traitements, par crainte des combats opposant ces groupes rebelles qui s’affrontent dans ces territoires touchés par l’épidémie d’Ebola. Cette situation ne facilite pas la lutte contre cette épidémie.

Désormais, c’est une lutte aux allures d’une course contre la montre qui s’engage, au regard du nombre de personnes déjà contaminées.

Mardi, l’OMS faisait état de 339 cas confirmés de la maladie dans le pays ainsi que de 172 décès. Ce bilan pourrait être revu à la hausse, a indiqué cette agence de l’ONU, qui avait déjà annoncé au mois d’août l’actuelle éclosion dans la province du Nord-Kivu. Cette épidémie de 2018, est déjà qualifiée de la pire de l’histoire du pays.

« Les risques de propagation de l’épidémie sont plus grands cette fois-ci, parce qu’on est sur des lieux qui sont beaucoup plus peuplés, avec beaucoup de déplacements de population », a expliqué Gwenola Seroux, responsable des urgences pour MSF.

Et chaque nouvelle attaque pousse de nombreuses personnes à fuir leur quartier ou leur village, une migration constante qui augmente la rapidité avec laquelle se propage le virus.

Le chercheur, qui a mis au point un vaccin contre l’Ebola, était présent au Congo pour toutes les précédentes éclosions du virus. Pour la première fois, rassure-t-il, les vaccins et les traitements sont disponibles en grand nombre, mais les diagnostics tardent.

M. Kobinger précise que MSF ainsi que d’autres partenaires n’ont pas accès à toute l’information. Il y a « un contrôle de l’information qui est grandissant, qui rend les choses beaucoup plus difficiles », a-t-il dit

Pour un diagnostic habituellement confirmé en 3 heures, les gens doivent actuellement attendre au moins 48 heures, et ce, alors que le virus est en pleine propagation, raconte le scientifique.

Les travailleurs humanitaires se heurtent également à un gros obstacle : la résistance des habitants. Les Congolais du Nord-Kivu, qui vivent depuis 20 ans sous l’emprise de dizaines de groupes armés, se méfient de toute autorité, quelle qu’elle soit.

Selon MSF, la vaccination est plutôt bien acceptée. Mais bien des malades n’osent pas aller se faire soigner, car ils ont peur de mourir seuls et de ne pas être enterrés selon leurs croyances.

« On nous a promis que nous pourrions enterrer nos morts selon nos coutumes. Mais cela n’est pas réalisé. C’est pourquoi vous trouvez qu’il y a des doutes dans la population », a expliqué Edouard Karafulli, un citoyen de Beni.

Selon l’ONU, plus de 100 groupes armés sont engagés depuis le début de l’année dans un conflit avec l’armée congolaise. Les combats sans merci qui ont cours ont forcé 500 000 personnes à quitter leur foyer, estime l’organisation internationale.

Alfred NTUMBA

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