Si le réchauffement climatique venait à dépasser les +1,5 °C, les conséquences seraient sévères. Tant pour la vie sur Terre que pour la santé de nos économies. C’est l’alerte que nous lance le dernier rapport du Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), appelant ainsi à agir vite et à taper fort pour sauver notre planète ébranlée par les réchauffements climatiques.
A près de deux mois de la COP 24 qui sera organisée en Pologne, le pronostic vital de la planète semble de plus en plus très engagé. Le rapport spécial du GIEC publié lundi dernier dresse le portrait d’une planète asphyxiée par les gaz à effet de serre générés par les activités de l’homme. Ces activités anthropiques ont fait grimper la température mondiale de 1 °C depuis la révolution industrielle. Le dernier demi-degré engrangé est déjà associé à une recrudescence de phénomènes météorologiques extrêmes.
Selon le GIEC, « il est probable » que le réchauffement atteigne 1,5 °C entre 2030 et 2052 s’il se poursuit à son rythme actuel. Cela ne se fera pas sans bouleverser notre monde. D’autant que « beaucoup de régions » connaissent un réchauffement encore plus rapide. Ainsi, l’Arctique se réchauffe deux à trois plus vite que la moyenne. Il prévient même qu’à +1,5 °C ou à +2 °C, le monde ne sera pas le même. Ce petit demi-degré pourrait être responsable de risques accrus, tant pour les espèces que pour nos économies.
Ce rapport basé sur 6 000 études scientifiques, explique aussi que l’impact sur les écosystèmes et sur la santé humaine d’une hausse des températures de 2°C sera bien plus grave qu’une hausse de 1,5°C. Or, 2°C, c’est le seuil en dessous duquel les États s’étaient engagés à rester lors de l’accord de Paris il y a trois ans.
Cette limite est jugée insuffisante et les scientifiques du GIEC estiment que pour maintenir le réchauffement à 1,5°C, les émissions de CO2 devront chuter de 45% d’ici 2030 et le monde devra cesser de produire plus de CO2 dans l’atmosphère qu’il ne peut en retirer d’ici 2050.
Beaucoup d’experts estiment qu’il est possible de rester sous ces seuils, mais cela exigera des changements d’une ampleur sans précèdent notamment l’obligation pour tous les secteurs de l’industrie de réduire drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre.
Il sera aussi nécessaire de trouver de nouvelles technologies pour capturer et stocker le CO2 en excès dans notre atmosphère. Il y a urgence et les experts du GIEC appellent donc à un sursaut. Ils demandent aux États et aux décideurs politiques de prendre leurs responsabilités pour empêcher une catastrophe climatique qui pourrait faire des centaines de millions de victimes.
Thierry-Paul KALONJI