A l’occasion de la présentation du document du Niveau d’Emissions de Référence des Forêts (NERF) de la République Démocratique du Congo, qui a eu lieu le 19 juillet dernier à Kinshasa, le Représentant de la FAO, Alexis Bonte a éclairé l’opinion sur l’importance de ce document dans la lutte contre la déforestation.
Dans une interview exclusive accordée à Environews, Monsieur Bonte a précisé que, « Les estimations fiables contenues dans le document du NERF de la RD Congo permettront aux décideurs de prendre les mesures qui s’imposent pour infléchir la courbe de la déforestation ».
Environews : Monsieur Bonte, c’est depuis décembre 2017 que le document du Niveau d’Emissions de Référence des Forêts (NERF) de la République Démocratique du Congo a été validé. En quoi est-il utile pour le pays ?
Alexis Bonte (AB) : Il faut rappeler que cet important travail de construction du NERF de la RD Congo a été réalisé par le Ministère de l’Environnement et Développement Durable (MEDD) à travers de ces deux directions, la Direction des Inventaires et Aménagements Forestiers (DIAF) et la Direction du Développement Durable (DDD), avec l’appui de la FAO pour l’opérationnalisation d’un Système National de surveillance des forêts (SNSF) capable de mesurer l’état et l’évolution des ressources forestières du pays.
L’action de la FAO, dont j’ai fait allusion ci-haut, vise ainsi à aider la RD Congo à produire des informations fiables sur les ressources forestières afin de mettre en place de bonnes politiques sur les forêts, et permettre une planification et un développement durable des forêts.
Ce travail a été réalisé grâce au financement du FONAREDD à travers l’Initiative pour la Forêt de l’Afrique Centrale (CAFI). Je saisis donc l’opportunité pour remercier tous les experts des services étatiques et privés pour le travail abattu.
Ce document du Niveau d’Emissions de Référence des Forêts (NERF) permet d’évaluer si les politiques et mesures REDD+ produisent des résultats en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à la déforestation.
Environews : Quelle est l’importance du Niveau d’Emissions de Référence des Forêts (NERF) dans le processus REDD+ de la RDC ?
A.B. : L’avantage que tire la RDC du Niveau d’Emissions de Référence des Forêts (NERF) est palpable. Le NERF permet au pays non seulement de solliciter à la communauté internationale les paiements en fonction des réductions d’émissions, une mesure incitative ultime de l’initiative REDD+, mais aussi, de mobiliser différents financements pour infléchir la tendance de la déforestation pour une meilleure mise en œuvre des mesures d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Il permet surtout à la RDC de poursuivre les efforts dans la lutte contre le changement climatique.
Environews : Pourquoi le gouvernement congolais a-t-il soumis son Niveau d’Emissions de Référence des Forêts (NERF) à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) ?
A.B. : C’est en Janvier 2018 dernier que le gouvernement congolais l’a fait. Par ce geste, les autorités congolaises cherchent à démontrer non seulement leur volonté de se doter d’un Système national de surveillance des forêts capable de mesurer l’état et l’évolution de ses forêts mais aussi de répondre aux exigences de cette institution des Nations Unies.
Je tiens à rappeler que les forêts jouent un rôle capital dans la vie de l’homme. Les forêts du Congo démocratique couvrent 60 % du territoire du pays et constituent non seulement une richesse importante à cause de son exceptionnelle valeur écologique mais aussi l’un des plus importants puits carbone dans le monde.
Malheureusement ces forêts sont menacées par l’homme, le premier bénéficiaire de cette richesse naturelle et épuisable par une forte déforestation, une des causes majeures des changements climatiques. D’où la nécessité d’assurer une gestion durable des forêts.
Voilà pourquoi nous venons de lancer le processus d’information et de sensibilisation de différentes parties prenantes sur le document NERF et ses implications pour la RDC. C’est donc une opportunité pour les uns et les aux autres de prendre conscience des enjeux liés à la dynamique de la déforestation dans le pays. Nous sommes rassuré que les estimations fiables contenues dans ce document permettront aux décideurs de prendre les mesures qui s’imposent pour infléchir la courbe de la déforestation.
Environews : Quel est votre message au congolais ?
A.B. : L’environnement, c’est maintenant qu’il faut le protéger. Ensemble nous devons parvenir à renverser cette menace décriée à l’échelle mondiale qui indique qu’une surface forestière de la taille d’un terrain de football est détruite toutes les deux secondes. Cela passe par un engagement très fort de toutes les parties prenantes. Si cet engagement n’est pas respecté, ce sont des milliers d’hectares de forêts qui vont continuer à être détruits, plusieurs espèces d’animaux qui vont disparaître et des milliers de personnes qui en subiront les conséquences. Et le développement communautaire sera hypothétique. C’est en travaillant ensemble que nous pourrons faire en sorte que la RDC devienne un pays plus beau qu’avant comme le stipule notre hymne national.
Par la Redaction