L’exploitation pétrolière en République démocratique du Congo oui, mais pas dans les aires protégées et parcs. C’est en ces termes que se résume la déclaration de la société civile environnementale nationale et internationale. La déclaration faite ce mardi, vient en réaction à la décision du gouvernement congolais de mettre en place deux commissions interministérielles devant s’atteler sur la désaffectation partielle des parcs des Virunga et de la Salonga, en vue d’une éventuelle exploration et exploitation pétrolière.
Las acteurs de la société civile sont montés au créneau pour dénoncer l’obstination du gouvernement congolais à poursuivre ce projet qu’ils jugent de nocif. Ils ont réitéré leur appel au gouvernement congolais à mettre un terme à ce projet de désaffectation partielle de ces deux cites précités, qui selon eux, vise en réalité la disparition programmée de ces parcs.
« Nous tenons à préciser que la société civile n’est pas contre le pétrole, mais plutôt, elle est contre l’exploitation pétrolière dans les parcs. La question que l’on se pose est de savoir pourquoi on ne va pas exploiter dans le Lac Albert où il y’a beaucoup de pétrole, seulement dans les aires protégées. Nous demandons au gouvernement congolais de respecter simplement ses engagements nationaux et internationaux, notamment l’accord de Paris sur le climat », a indiqué René Ngongo, coordonnateur de l’ong OCEAN.[irp posts=”5727″ name=”Biodiversité : La RDC procédera à l’exploitation du pétrole dans les Virunga et la Salonga.”]
La société civile environnementale nationale et internationale fustige l’option levée par le gouvernement congolais, d’autant plus qu’elle est contradictoire aux engagements internationaux pris délibérément par celui-ci. Ces acteurs voient mal que le gouvernement ait décidé de réduire la superficie des étendues devant être protégées, car précisent-ils, la RDC s’est engagée à allouer 17% de son territoire à la conservation, cependant, au lieu de fournir des efforts pour atteindre cet objectif, le gouvernement se décide de réduire le peu qu’il dispose.
« Quel est l’apport du pétrole au budget national aujourd’hui ? Il suffit seulement que le pétrole brut échappe au contrôle des exploitants, la biodiversité, et les communautés qui dépendent de ces sites n’en seront pas épargnées. Pourquoi vouloir gagner de l’argent, pour ensuite le dépenser pour soigner les communautés ? Le pétrole c’est 30 ans, tandis que la conservation c’est toute la vie. Nous disons non à ce projet dans les deux parcs », a déclaré Joseph Bobia, membre de la Société civile environnementale, qui dit craindre le scénario qui s’est produit au Delta du Niger. « Ce projet est un mauvais pas pour la RDC, qui s’inscrit dans sa logique d’abriter en 2021 la COP 27. Ceci dépendra des signaux fort tels que le retrait dudit projet qui offrent des perspectives de développement durable pour les générations présentes et futures ».
Pour Greenpeace, l’exploitation du pétrole n’est pas du tout compatible avec la conservation. Cette organisation internationale voit en cette action une menace persistante contre les forêts congolaises et contre les communautés qui dépendent d’elles. « Nous ne pouvons que rallier et soutenir la position de la société civile environnementale, car les forêts sont visées », a précisé la chargée des campagnes forêt de Greenpeace, Irène Wabiwa.[irp posts=”3635″ name=”Biodiversité : L’UE, le Canada, les USA et la Suisse s’opposent à la désaffectation partielle des Virunga et Salonga”]
La société civile n’entend pas s’arrêter là. Elle envisager passer à la vitesse supérieure, si le gouvernement s’entête à avancer avec son projet de désaffectation partielle de ces deux sites du patrimoine mondial. « Même si un jour ce pétrole pourrait être exploité dans ces site, sachez qu’il sera blacklisté sur le marché international, car ce ne serait pas la RDC qui va le consommer », a prévenu René Ngongo.
Rappelons qu’un Conseil des ministres a été convoqué pour tabler notamment sur cette question. La société civiles congolaise en a saisi l’occasion pour déposer son mémo, afin que son point de vue soit considéré lors de discussions qui seront engagés dans la plénière.
Jennifer LABARRE