La RDC va dans les prochains jours exporter (vendre) 1% de ses eaux au Lac Tchad. Le pays gagnera de ces transactions, plusieurs milliards de dollars américains, cela pour toute la vie. La déclaration a été faite par François Kalwele, président et Maître de conférences au Centre International de Recherche, Études et Prévention des catastrophes naturelles liées aux changements climatiques en Afrique (ARD/CIREP). Dans une interview exclusive accordée à Environews RDC, l’expert congolais n’est pas passé par le dos de la cuillère pour manifester son engagement à faire gagner au pays, près de 60 milliards de dollars américains chaque année, sur la vente de l’or bleu du fleuve Congo.
Environews : Monsieur Kalwele, pourriez-vous nous dire quel est l’état des lieux des eaux de la RDC ?
Fraçois Kalwele (F.K) : La situation de l’eau en RDC, je dirai n’est catastrophique. Mais c’est vrai il y a un besoin de tirer la sonnette d’alarme que le pays ne dispose plus suffisamment d’eau.
Ce pays est destiné à être un château d’eau d’Afrique. Mais hélas, aujourd’hui au cas où nous ne faisons pas attention, nous risquons de ne plus en avoir assez pour nous même. Nous perdons suffisamment d’eau. Il n’y a aucun mécanisme de reconstitution de nos cours d’eau et rivières et pourtant, c’est possible.
Environews : Quels sont les facteurs qui induisent à cette perte ?
F.K : Vous savez, dans notre pays on utilise de l’eau douce pour arroser sa pelouse, ce qui n’est pas normal. On ne traite pas les eaux usées avant de les renvoyer dans le fleuve, et souvent, on pense que l’on a de l’eau en permanence c’est qui est erronée. De plus en plus il y’a moins de pluies, au Katanga par exemple, il ne plait pas assez.
En 2007, lors de la réunion de GIEC, (Groupe d’expert intergouvernemental sur le climat), qui s’est tenue à Paris, lesprévisions de la NASA avaient démontré que si rien n’est fait, avec l’augmentation du niveau de la mer, l’Afrique sera sérieusement érodée. Sa cartographie va changer. Et des métropoles disparaitront.
Il faut savoir aujourd’hui que le Sahara et le Kalahari prennent en étau le bassin du Congo avec une vitessevertigineuse de 5 km par an, c’est 40.000 km2 de terres fertiles qui disparaissent chaque année. La question que l’on doit se poser c’est, « qu’est-ce qu’il faut faire face à cette situation ? ». Il faut communiquer. Il faut que nos populations, et nos autorités puissent savoir que nous sommes en guerre.
Environews : De quelle guerre parlez-vous ?
F.K : De la guerre de l’eau. « Nous devons nous battre contre l’eau ». On ne peut pas accepter que cette eau puisse finir dans notre continent. Personne ne dira aujourd’hui que les eaux du fleuve n’appartiennent qu’à la RDC. Nous sommes dans un bassin versant avec 9 autres pays autour, dès l’instant où ces eaux sont sur le lit du fleuve, elles nous appartiennent. A l’instant qui suit, elles se déversent dans l’océan, et, elles ne nous appartiennent plus. Nous devons savoir comment écourter ce cycle de l’eau. Et c’est ça la guerre que nous devons mener.
Environews : Vous avez participé à la conférence d’Abuja, que retenir de cette rencontre ?
F.K : Ce qu’il faut retenir de cette conférence est que la RDC a gagné sur toute la ligne. L’exportation des eaux vers le lac Tchad s’effectuera par des canaux avec des mécanismes de modèle classique moderne de commerce international. Avec cette eau, nous allons arroser les terres fertiles qui disparaissent dans le désert de l’Afrique avec pour priorité le renflouement du lac Tchad. Pourquoi ? Par ce que c’est cette population qui est la plus vulnérable. Une fois qu’on arrive à sédentariser ces peuples qui dépendent du lac Tchad, la RDC s’assure une sécurité.
Environews : A présent vous parlez de l’exportation des eaux après le site du grand Inga. Qu’en est-il du captage à partir de la rivière l’Ubangi ?
F.K : Le captage à partir de l’Ubangi n’a pas été possible suite à 4 raisons : la rivière elle-même n’as pas suffisamment d’eau et aussi ce transfèrement aurait un impact négatif à la survie des populations, c’est aussi pour respecter la coutume avec l’enterrement de nos chefs coutumiers qui se font dans le lit des rivières et sur le plan économique la rivière serpente la zone minière de notre pays il y a risque de faire partir nos richesses. Ce problème a été résolu. Aujourd’hui, on ne parle du projet Transqua, mais plutôt du projet Vula qui nous défendons et qui a été accepté. Il serait souhaitable d’apporter la bonne information auprès du commun de mortel et lui faire savoir que les eaux dont nous parlons ici, ce ne sont pas des eaux souterraine, mais plutôt celles de surface.
Je tiens à préciser qu’il y a des minorités qui ont besoin d’être sécurisé par rapport à leur apport dans le fleuve Congo. Et cet apport peut être redistribué pour l’intérêt de tous par le mécanisme moderne de prélèvement et d’exportation dans une société où tous les intervenants du bassin du fleuve Congo doivent se retrouver.
Environews : N’y a-t-il pas un autre pays qui peut envoyer de l’eau dans le Bassin du lac Tchad que la RDC ?
F.K: La RDC se trouve dans un contexte de privilège en ce qui concerne les réserves en eau douce. La solidarité africaine repose sur deux choses, quand il y en a pour un, il y en a pour toute la famille. Et, lorsque ça brule chez le voisin vous devez lui venir en aide.
C’est sur base de ces principes que la RDC s’est mise d’accord pour exporter l’eau du fleuve gaspillée inutilement en se jetant à l’océan. Je précise que, nous sommes animés par l’esprit de savoir donner l’autonomie à notre pays par rapport à ses décisions. Nous avons proposé de créer une société panafricaine de distribution des eaux et électricité. Qui va prélever les eaux au niveau de la reconstitution du grand Inga. Ces eaux une fois vendues, à hauteur de 60 milliards de dollars par an, permettront d’anticiper la quasi-totalité des inondations dans le bassin du fleuve Congo.
Environews : Que répondriez-vous à ce qui soutiennent que ce projet pourrait entraver le développement du grand Inga ?
F.K : Ce n’est pas toute la quantité d’eau du fleuve qui sert au fonctionnement des turbines. C’est juste une petite quantité qui est canalisée pour alimenter les centrales. En plus notre projet, va prélever l’eau au-delà du grand Inga. Donc cela ne va endommager en rien le grand projet d’Inga.
Environews : A combien est évalué ce projet ?
F.K : Nous allons vendre 25.920 m3 d’eau par jour et cela pour toute la vie. Ce qui équivaut à 300 m3 par seconde. Le budget pour investir dans ce projet est à la hauteur de 40 milliards de dollars, et la RDC aura à rentabiliser 60 milliards de dollars chaque année.
Pour l’ensemble du projet le chiffre d’affaire est de 98 milliards par an. Avec le Fonds vert climat, 100 milliards de dollars sont disponibles pour financer des projets et pour en bénéficier il faut avoir la capacité d’absorption. Voici un projet qui a la capacité.
Environews : Conformément à la conférence d’Abuja, à quand le début des travaux ?
F.K : Si on avait assez des moyens on allait déjà commencé avec les travaux conformément aux résolutions d’Abuja. La RDC a, par l’entremise de notre organisation, été retenue pour réaliser ce projet mais nous n’avons pas assez des moyens. Le projet panafricain a mis à notre disposition deux grandes structures pour nous accompagner dans la réalisation dudit projet, à savoir Powerchina qui a signé pour la réalisation des ouvrages à hauteur de 8 milliards de dollars financés par la Chine et l’Italie, pourquoi l’Italie ? Par ce qu’il soutient Bonifica qui vient avec le projet « Transaqua » qui consiste à créer des routes qui part de Mombasa, traversant la RDC pour atteindre Lagos, dans le but de relier les deux océans.
Nous avons besoin du développement de notre continent, dès lors que nous mettons en pratique les résolutions d’Abuja, la guerre de l’eau est gagnée d’avance.
Environews : votre point de vue peut-il être considéré comme celui du gouvernement congolais, d’autant plus que c’est vous qui vous prononcez souvent présent dans toutes les négociations sur cette question ?
F.K : Pour l’instant c’est notre avis, c’est notre projet. On a reconnu notre organisation de droits congolais qui signé une convention avec le ministère de l’Environnement de notre pays. Avant de dire que je suis allé parler au nom du gouvernement, je suis fier de parler de mon pays. Nous y avons été parce que c’était une réunion d’experts. Nous avons pensé que la direction générale de ce réseau de distribution devrait avoir son siège en RDC, nous nous sommes battus et nous l’avons obtenu. Bientôt, il sera question de la signature de l’accord de faisabilité entre nous, les bailleurs de fonds, et les structures d’exécution.
Des prédictions qui peuvent changer l’avis du gouvernement
La vision du panafricaniste Kuame Nkrumah était de doter l’Afrique d’une énergie électrique puissante, arroser toutes les terres des eaux douces du Congo, ainsi accorder une indépendance alimentaire aux peuples africains.Voilà l’esprit qui animer aujourd’hui Monsieur Kalwele. « C’est de cette vision qu’est venue ma motivation pour accomplir ce projet ».
Interview réalisée par Jennifer LABARRE
10 commentaires sur “Eau : Francois Kalwele, « la RDC va exporter 1% de l’eau du fleuve vers le Tchad »”
Pas pour et pas contre l’avis de l’expert Francois concernant le projet consistant à transférer 1% des eaux du fleuve congo vers le tchd. certes ce projet pourrait apporter des millions de dollars à la RDC mais avec quelles conséquences sur le plan Environnemental???
C’est une décision très importante qui nécessite beaucoup de reflexion et au préalable des études approfondies d’impacts Environnementaux qui permettraient de définir les conséquences sur le court, moyen et long terme. Ce n’est pas une simple question de solidarité et de bénéficie sur le plan économique.
Je ne veux pas aussi donner la prétention de soutenir à 100% Monsieur François, seulement j aimerais nous éclairer à ce sujet en disant ceci:
Le fleuve Congo n ‘appartient pas à la République démocratique du Congo seul, et le refus de la RDC à exporter l eau du fleuve représenterai un manque à gagner pour elle, car selon certaines sources , lors de la conférence internationale sur le lac Tchad qui s’est tenue à Abuja au Nigeria, le projet Vula de Monsieur François été le seul à convaincre l Assemblée. Je suis Congolais, je demanderai juste aux peuples congolais de soutenir ce projet car je trouve plus d intérêt . Et au gouvernement de suivre de près.
Exactement ! L’enjeux est trop grand pour prendre des risques pour nos futures Generations
Moi je pense que le gouvernement de la République démocratique du Congo doit impérativement soutenir le projet d’exportation des eaux du fleuve Congo porté par Monsieur KALWELE contrairement au transfert des eaux. Bravo et courage à Monsieur François.
Non! Ce projet est d’une delicatesse enorme…et les occidentaux sont derriere ce projet depuis 1970 surtout les Italiens vec la compagnie Bonifacio… ( nous connaissons leur motivations premiere…). Notre coperation doit être Sud Sud. Donc entre nous africains seulement!!! Si nous n’avons pas la technologie utilisons la moin couteuse et vers de darfur juste à coté du Tchap il a etait prouvé que sous la nappe phreatique il y a une grande quantité d’eau douce…Alors les Tchadiens Italiens Chinois Nigerians etc…laissez la RDC tranquille et focalisez vous a creuser des puits d’eau poir alimenter le lac … Nous congolais avons des tas d’autres ressources naturelles pour accroitre notre economie… 1%de notre eau ( vital) c’est deja beaucoup trop dans cette « ere » du rechauffement climatique.
Je suis du même avis que Monsieur G.Kambinga, dans le sens où le gouvernement de notre pays devrait s’approprier imperativement ce grand projet porté très haut par un digne fils du pays, projet qui octroyera l’independance alimentaire aux peuples africains partant de la vision du feu président Nkuame Nkrumah afin de consolider la solidarité africaine. toutes mes felicitations à Monsieur François Kalwele.
Un projet qui beneficera au Tchadien bien plus qu’a nous même…notre eau se deversera en chute dans le lac Tchad…donc creation hydro electricité.. et la cerise sur le gateau les Tchadiens veulent faire en sorte que le lac une fois remplis de notre eau … soit reconnu de la monusco et qu’il devienne un « Patrimoine mondial de l’humanité » conclusion combien de touristes viendront bouster leur economie grace a notre eau????.
Bonjour j’aimerais connaître qui est l’expert Kalwele. Il est expert dans quel domaine et en quoi consiste son expertise. Merci d’avance pour la réponse que vous allez me donner
Le projet est intéressant, mais les conséquences dans l avenir ne sont pas perceptibles et surtout que ces eaux douces impliquent tout un écosystème (climat,vegetation,sol…) pour ne citer que ceux la et que cette interaction est entrain d’être rompue alors il ya lieu de dire que la situation pourra s’empirer aux générations futures .
le projet Vula sonne bien a priori. il va faloir que l’Etat Congolais l’endosse et que le financement soit mobilise pour les etudes de faisabilite, techniquesm, juridiques, etc. car comme la’ dit G Kambinga, c’est une erreure que de penser que la RDC a la juridiction absolue sur les eaux du fleuve Congo. il y a tous les Etats du bassin du congo qui y ont interet. donc le chemnin est laborieux pour ce projet.