D’ici 2050, la RDC fera face à une nouvelle catastrophe naturelle plus redoutable que les changements climatiques. C’est la salinisation des eaux douces. Dans une interview accordée à Environews en marge de la journée mondiale de l’eau, Albert Kabasele Yengayenga a révélé que la RDC qui renferme 10% des eaux douces du monde, ne sera pas épargné de la salanisation de ses eaux.
Près de 2,6% des eaux douces planétaires sont en danger par ce que leur salinité dépasse 5 gramme pour mille dans 1 litre d’eau. Ce phénomène irréversible mettrait en danger l’écosystème planétaire en général et celui de la RDC en particulier.
« Les eaux du fleuve deviennent de plus en plus salées. Elles migrent vers les eaux océaniques. Je profite de cette journée mondiale de la célébration de l’eau pour interpeller les éco-citoyens mondiaux, ne transformons pas nos cours d’eau douce en des océans. Avec nos rejets nous augmentons la salinité des eaux douce ce qui veut simplement dire que nous sommes en train de créer une autre catastrophe pire que les changements climatiques », a déclaré le climatologue congolais.
Ces faits alarmants, sont causés par la pollution, l’insalubrité, les rejets des immondices dans les cours d’eau. Cette situation est une menace considérable dont les mesures urgentes doivent être prises.
« La salinité des eaux menacerait la biodiversité, la survie de l’homme et modifierait aussi beaucoup des choses dans la chaine alimentaire. Même les forêts vont sécher. C’est un danger que le monde ne voit pas venir. Je lance un appel pathétique à tous pour la protection des eaux douces cela se fera par la protection des forêts galeries », il faut « enlever les constructions anarchiques le long des cours d’eau douce, arrêter de jeter les déchets liquides ou solides dans les cours d’eau, et arrêter les rejets industriels dans les rivières», a-t-il souligné.
A en croire cet expert, la salinité des eaux provient de sels des métaux lourds comme le mercure, le plomb, l’uranium dont les composantes sont très dangereuses pour les eaux douces.
« Le monde de demain c’est le monde qui va manquer d’eau. Avec 2,6% d’eau douce pour servir près de 14 milliards de personnes d’ici 22ème siècle, la guerre de l’eau est imminente. La pression sur la nappe phréatique va en augmentant. Je parie qu’aujourd’hui le pourcentage de l’eau douce diminue sensiblement », s’inquiète Monsieur Kabasele.
Transaqua, ‘’ le projet de la mort’’
Pour Albert Kabasele, le projet de renflouer le lac Tchad à partir de l’Ubangi serait une destruction de cette rivière qui connait elle-même un assèchement avec les changements climatiques. Dans 60 ans, la rivière a perdu plus de la moitié de son débit. Elle est à présent à 4 mille m3 par seconde.
« Il y a eu des projets similaires en Russie et en Chine mais aujourd’hui des impacts sont très significatifs. Dans le bassin versant d’Ubangi la nappe s’assèche et les arbres meurent et cela a été confirmé par plusieurs institutions internationales et laboratoires. D’ici 2050, Ubangi aura entre 2 à 3 milles m3 par seconde, elle est en perte de vitesse de manière irréversible », a-t-il précisé.
La RDC est un pays seul face aux besoins énormes du continent, ce projet serait un danger pour l’avenir du pays.
« Par solidarité africaine nous pouvons acceptés ce projet, seulement, si l’eau est pompée à partir de Bula Mbemb. Dans ce cas les impacts environnementaux sont minimisés. Entant que physicien, le seul impact direct qu’on peut relever sans études c’est l’inversion des pressions, ce qui est inévitable et peut causer du tort aux mangroves et la vie aquatiques », a souligné le climatologue.
Jennifer LABARRE