Forêts: la levée du moratoire mettra en péril 75 millions d’hectares des forêts congolaises

Le gouvernement de la République Démocratique du Congo doit stopper ses plans visant l’ouverture de la deuxième plus grande forêt tropicale du monde aux exploitants forestiers, déclarent des organisations environnementales internationales, dans un communiqué de presse rendu public ce jeudi 8 mars 2018.

Plus de 50 ONG environnementales, de conservation et de défense des droits de l’homme appellent la Communauté internationale à intervenir d’urgence pour aider à protéger les forêts congolaises, suite aux annonces du Ministre de l’Environnement, Amy Ambatobe, du projet de la levée du moratoire de 2002, sur les allocations de nouvelles concessions forestières à grande échelle.

Ces organisations ont indiqué aux principaux gouvernements et organismes bailleurs tels que la Norvège, le Royaume-Uni, la France, les États-Unis, l’Allemagne et la Banque mondiale que leurs programmes respectifs visant à protéger les forêts de la RDC seraient menacés par la levée du moratoire qui aura des impacts environnementaux, sociaux et climatiques catastrophiques et favorisera probablement la corruption et les conflits.

« Toute initiative visant à lever le moratoire pourrait faire des forêts la prochaine victime d’une ruée vers l’exploitation rapide des ressources naturelles de la RDC. L’impunité sévit dans le secteur forestier et la RDC est confrontée à une insécurité et à une instabilité politique croissante. Toute expansion de l’exploitation industrielle aurait des dommages irréversibles sur la forêt, ses communautés et le climat mondial» a déclaré, Jo Blackman, responsable de campagne chez Global Witness.

À en croire ces ONG, le processus non-transparent et non-inclusif de révision du Code forestier doit être arrêté et qu’un engagement clair à ne pas envisager la levée du moratoire jusqu’à ce que le gouvernement puisse garantir de manière crédible la légalité et la bonne gouvernance de l’exploitation forestière en RDC soit pris .

« L’attribution de concessions forestières industrielles à grande échelle signifie maintenant la vente des zones forestières qui comptent parmi les plus riches du monde sur le plan environnemental, au bénéfice des intérêts économiques à court terme de quelques individus. Tant que le gouvernement ne démontre pas de façon crédible que le bien-être du peuple congolais et de la forêt sont la véritable visée de leurs engagements, la levée de ce moratoire est moralement et économiquement injustifiable », a souligné, victorine Che Toner, chef de projet Forêts du Bassin du Congo à Greenpeace.

Les ONG ont appelé les pays donateurs à suspendre immédiatement leur financement au gouvernement de la RDC pour le secteur forestier et la conservation des forêts jusqu’à ce que le processus non-transparent et non-inclusif de révision du Code forestier soit stoppé.

Dans le même ordre d’idée, Simon Counsell, directeur exécutif de Rainforest Foundation UK, a déclaré: « La levée du moratoire sur les concessions forestières à grande échelle en RDC annulerait les engagements apparents du pays à réduire ses émissions de carbone issues de la déforestation et de la dégradation des forêts. Les émissions de carbone provenant des forêts monteraient en flèche et la communauté internationale doit examiner de près si le financement des programmes REDD est désormais viable », a-t-il insisté.

Jennifer LABARRE

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