Kinshasa : Inondations et pertes en vies humaines, que faut-il encore dire qui ne l’a pas été ?

Le cycle infernal que vit la ville de Kinshasa ces 20 dernières années n’a plus rien d’étonnant. La ville ne se surprend plus, non plus. Tout a été dit, rien de nouveau ne pourrait s’inventer dès lors que ceux qui gouvernent ont fait le choix d’inventer la roue. Et pourtant la roue existe depuis la nuit de temps, aujourd’hui elle tourne avec du sang des kinois pendant que les gouvernants cherchent ailleurs des solutions.

Combien de quantité de sang faut-il encore pour réveiller l’élite qui se succède à la tête de cette capitale de la honte. Si hier Kinshasa était la belle, aujourd’hui la ville apporte la poisse. Ceux Masina qui ont investi dans les lieux interdits n’ont eu que leurs yeux pleins d’angoisse. 

Les nouveaux riches manquent à qui poser la question, car les sites investis ont toujours été interdits d’y voir pousser les palaces. La énième catastrophe n’est nullement celle qui fait réfléchir cette élite, soumise à une course effrénée des parcelles. 

Faut-il proposer davantage de solutions à ceux qui semblent tout maîtriser ? De la construction anarchique, à l’irresponsabilité urbaine, les scientifiques n’ont cessé de puiser dans le méandre de leurs caboches, face aux autorités qui n’en font qu’à leur mental. 

Aujourd’hui, l’eau a coulé non sous le pont, emportant ainsi du sang de 33 kinois, qui comme l’élite de la ville, avaient aussi des ambitions d’élargir leurs tentes, et se frayer la place au soleil même dans les sites non aedificandi. 

Devrions-nous, en tant que peuple, continuer d’exiger une minute de silence pour commémorer nos morts ? Combien de minutes faudrait-il encore pour totaliser finalement une heure de silence, un silence coupable de ceux qui sont censés défendre notre bien-être en prenant des décisions fortes et dissuasives pour inverser la courbe de la mort, une mort inutile qui peut facilement être évitée, sinon ! 

Tout ça , parce que l’Etat a failli à sa mission régalienne d’imposer les normes et d’appliquer la science, afin de protéger sa population. L’Etat a brisé le non aedificandi en aedificandi espérant faire le bonheur de sa population. Est ce que la énième catastrophe saurait-elle bouger les lignes et ramener à la conscience, l’élite congolaise emportée par le présent ? 

Kinshasa une ville bidon, même le canoë rapide qui embarque ses autorités n’était que défaillant. Le comble est que même l’autorité embarquée à bord n’en était pas au courant. 

Ce qui se passe aujourd’hui, et qui se passera demain à Kinshasa n’est pas forcément les conséquences du changement climatique, comme l’on aime bien s’y cacher. Mais c’est surtout le fruit d’un manque de vision stratégique, et l’incapacité de ceux qui sont censés gérer correctement la cité. 

Aucune parole nouvelle n’a été dite et ne l’est à n’en plus. Tout est vieux, si vieux que même les morts d’il y’a 20 ans s’en moquent dans l’au-delà. Il est temps d’admettre que l’élite congolaise est défaillante, et que la ville a besoin d’un leadership fort et éclairé, capable de transformer les défis en opportunité. 

Du reste, reposez-vous en paix, nos morts. Ceux qui étaient censés vous protéger ont beaucoup mieux à faire ! 

Alfredo Prince NTUMBA

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