L’occupation de la ville de Goma par l’armée rwandaise a occasionné le retour de plusieurs maladies et épidémies dans la partie est de la République démocratique du Congo. Le ministre congolais de la Santé a indiqué que la province du Nord-Kivu fait de nouveau face aux épidémies de choléra et Mpox avec plus de 200 cas enregistrés depuis son occupation. Ces chiffres ont été révélés au cours d’un briefing de presse co-animé par le ministre de la santé, Roger Kamba et celui de la communication et médias, Patrick Muyaya, ce jeudi 27 à Kinshasa.
« Ces chiffres viennent de toutes les zones de santé de la région sauf un hôpital pour lequel on n’a pas beaucoup d’éléments c’est l’hôpital militaire parce que nous avons du mal à y accéder. En dehors de ce chiffre de plus de 200 cas de choléra, il y a eu des décès liés à ces épidémies. Donc la situation humanitaire n’est pas seulement liée au fait qu ‘on a des blessés, mais on a aussi des maladies très graves », a déclaré le ministre de la Santé publique, Hygiène et prévention, Roger Kamba.
L’invasion rwandaise a plongé la région des grands lacs dans le chaos, entraînant des pertes en vies humaines massives et une crise sanitaire grave. A Goma, le système de santé publique a indiqué travailler sous une pression extrême. Les hôpitaux sont débordés par l’afflux de blessés, et les médecins travaillent sans relâche avec des défis en produits pharmaceutiques pour faire face à la situation sur terrain.
« La fuite de malades dans des hôpitaux ciblés par des attaques a exacerbé la situation », a indiqué Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement. « Des centaines de milliers de personnes ont fui les zones de combat, aggravant la crise sanitaire et humanitaire. Les infrastructures sanitaires ont été ciblées, avec des attaques sur des centres de traitement et des pillages de dépôts médicaux. Certains corps sans vie ont été exposés durant beaucoup de jours à l’air libre à vue et au su de tous.
A en croire le gouvernement congolais, les organisations internationales travaillent à établir des corridors humanitaires pour acheminer des médicaments et du matériel essentiel aux zones touchées. La communauté internationale s’est dite mobilisée pour répondre à la mesure du possible à cette crise sanitaire. Des réunions d’urgence ont eu lieu au sein de l’Union africaine et de la Communauté des États d’Afrique de l’Est pour discuter de la situation.
« Outre les blessures par balle, la propagation des maladies comme le Mpox (variole du singe) est une préoccupation majeure. La ville d’Uvira, dans le Sud-Kivu, est également touchée par la violence. Les services de santé y ont pris en charge 179 blessés, et 52 corps ont été enterrés. La situation humanitaire y est très critique. Le pire est que dans la nuit du 25 février 2025, un massacre a eu lieu à Goma, avec plus de 200 personnes brûlées vives. Cette tragédie a d’ailleurs souligné l’urgence pour l’ONU afin de déclencher le processus de restauration de la paix durable dans la région », a renchéri le ministre congolais de la santé.
Signalons que les combats à Goma impliquent fortement le régime Kagame et l’armée rwandaise dans les tueries, vols, pillages et recrutements forcés des adolescents et mineurs dans le groupe rebel M23. Certains rapports de l’ONU révèlent que plus de 1.000 corps de soldats rwandais tués s’étaient enterrés secrètement sous le sol congolais. Le nouveau bilan du carnage de l’armée rwandaise fait désormais plus de 8.587 décès et 5.500 blessés depuis fin janvier 2025, date du début des massacres des rebelles du M23 et des soldats rwandais à Goma. Le docteur Roger Kamba a souligné que les réserves de médicaments et d’équipements essentiels sont en danger permanent avec un risque de rupture totale des stocks dans une semaine dans cette partie du pays.
Albert MUANDA