La CNULCD estime qu’au moins 2,6 billions de dollars d’investissements sont nécessaires d’ici 2030 pour restaurer plus d’un milliard d’hectares de terres dégradées et renforcer la résilience à la sécheresse. Cela équivaut à 1 milliard de dollars d’investissements quotidiens d’ici 2030 pour atteindre les objectifs mondiaux de restauration des terres et lutter contre la désertification et la sécheresse. La toute première COP de la CNULCD au Moyen-Orient et en Afrique du Nord a été l’occasion de mettre en lumière les défis spécifiques auxquels la région est confrontée et de mettre en avant des solutions innovantes à la dégradation des terres et à la sécheresse.
Selon un communiqué de presse rendu public le samedi 14 décembre 2024 à Riyahd, en Arabie saoudite, des nouveaux engagements en matière de restauration des terres à grande échelle et de préparation à la sécheresse ont été annoncés, comme le Partenariat mondial de Riyad pour la résilience à la sécheresse, qui a attiré 12,15 milliards de dollars pour aider 80 des pays les plus vulnérables du monde à renforcer leur résilience à la sécheresse, dont un engagement de 10 milliards de dollars du Groupe de coordination arabe.
« La Grande Muraille Verte (GGW), une initiative africaine visant à restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées a mobilisé 11 millions d’euros du gouvernement italien pour la restauration des paysages au Sahel et 3,6 millions d’euros du gouvernement autrichien pour renforcer la coordination et la mise en œuvre de l’initiative dans 22 pays africains. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’accélérateur de la GGW, un effort soutenu par la CNULCD pour concrétiser les ambitions d’un Sahel plus vert et plus prospère. En outre, les États-Unis et plusieurs pays et organisations partenaires ont annoncé des investissements totaux de près de 70 millions de dollars pour faire avancer la Vision pour des cultures et des sols adaptés (VACS). L’initiative vise à créer des systèmes alimentaires résilients fondés sur des cultures diverses, nutritives et adaptées au climat, cultivées dans des sols sains. » Indique le communiqué de presse.
Selon la même source, le Royaume d’Arabie saoudite a annoncé cinq nouveaux projets d’une valeur de 60 millions de dollars américains pour intensifier les efforts en matière de climat et d’environnement dans le cadre de l’Initiative verte saoudienne. La présidence de la COP16 de la CNULCD a également annoncé le lancement d’une initiative internationale de surveillance des tempêtes de sable et de poussière. Cet effort, qui fait partie d’un système régional d’alerte précoce, vise à compléter les efforts existants supervisés par l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
« L’Observatoire international de la résilience à la sécheresse (IDRO), dont le prototype a été lancé à la COP16, sera la première plateforme mondiale basée sur l’intelligence artificielle pour aider les pays à évaluer et à améliorer leur capacité à faire face à des sécheresses plus sévères. Cet outil innovant est une initiative de l’Alliance internationale pour la résilience à la sécheresse (IDRA), dont l’Arabie saoudite est récemment devenue membre. » Souligne le communiqué.
La COP16 de CNULCD a également été une occasion de reconnaitre le rôle important du secteur privé, qui ne contribue actuellement qu’à hauteur de 6 % au financement de la restauration des terres et de la résilience à la sécheresse. Les Parties ont chargé le Secrétariat de la CNULCD et le Mécanisme mondial de mobiliser l’engagement du secteur privé dans le cadre de l’initiative Business4Land. Cette décision souligne le rôle essentiel du plaidoyer du secteur privé, des stratégies environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) et de la finance durable pour relever des nombreux défis. Cette décision fait suite au Forum Business4Land, qui a réuni le plus grand nombre de participants du secteur privé à cette COP de la CNULCD.
Des recherches scientifiques plus solides sur la terre et la sécheresse
Au cours de travaux de la COP16 de la CNULCD, un nouveau rapport d’étude intitulé ‘’La menace mondiale de l’assèchement des terres : tendances régionales et mondiales en matière d’aridité et projection futures’’ a été présenté. Il révèle que près de 77,6 % des terres de la planète ont connu des conditions plus sèches depuis les années 1990 par rapport aux 30 années précédentes. Au cours de la même période, les terres arides (zones arides à faible pluviométrie) se sont étendues d’environ 4,3 millions de km2, soit une superficie presque d’un tiers plus grande que celle de l’Inde, le 7e plus grand pays du monde. Selon cette étude, les terres arides couvrent désormais 40,6 % de toutes les terres de la planète, à l’exclusion de l’Antarctique.
« Reconnaissant le rôle de la science comme fondement de politiques judicieuses, les Parties ont convenu de poursuivre l’Interface science-politique (ISP) de la Convention des Nations Unies (UNCCD), créée lors de la COP11 en 2013 pour traduire les résultats scientifiques en recommandations à l’intention des décideurs. Lors de la COP16, par exemple, l’ISP a présenté des preuves irréfutables selon lesquelles les trois quarts de la surface libre de glace de la Terre sont devenus plus secs de manière permanente au cours des 30 dernières années, et que cinq milliards de personnes devraient vivre dans des zones arides d’ici 2100, ce qui montre l’urgence d’agir. » Précise le communiqué.
Notons que cette COP a pour la première fois, pris une décision sur la gestion durable, la restauration et la conservation de vastes écosystèmes utilisés pour le pâturage, en amont de la COP17, qui se tiendra en Mongolie en 2026. Ceci, pour commémorer l’Année internationale des pâturages et des éleveurs. Ces écosystèmes couvrent la moitié de la surface terrestre de la planète et constituent l’utilisation dominante des terres dans les zones arides du monde, mais ils ont longtemps été négligés et disparaissent plus rapidement que les forêts tropicales. La dégradation des pâturages menace un sixième des ressources alimentaires mondiales et risque d’épuiser un tiers des réserves de carbone de la planète. Près de deux milliards de personnes vivant dans des zones pastorales comptent parmi les populations les plus vulnérables au monde face à la désertification, à la dégradation des terres et à la sécheresse.
Sarah MANGAZA