Le 19 novembre de chaque année, le monde célèbre la journée mondiale des toilettes (JMT). Cette journée met un accent sur l’importance de l’assainissement des toilettes et défend l’accès à la propreté et la sécurité des toilettes pour tous. Cette année, Environews RDC a fait le tour de quelques maisons communales de la ville province de Kinshasa, en vue de voir si des toilettes y existent et comment sont-elles entretenues.
Une toilette est un lieu où on se soulage ; un lieu d’aisance. Ce qui est loin d’être le cas des toilettes visitées dans les maisons communales de la capitale congolaise. Sur 14 toilettes visitées dans quatorze maisons communales, à savoir : Bumbu, Ngiringiri, Kasa-vubu, Limete, Kalamu, Gombe, Barumbu, Kinshasa, Kintambo, Lingwala, Selembao, Makala et Ngaliema. Seules 5 toilettes respectent les normes de construction des toilettes, à savoir : Selembao, Gombe, Barumbu, Kinshasa et Kasa-vubu ; et seules les toilettes de 4 maisons communales étaient entretenues. Il s’agit des toilettes de Barumbu, Limete, Lingwala et Selembao, la meilleure de toutes, dont la propreté est légendaire.
A la maison communale de Barumbu
L’entrée des toilettes a un coût : 500 Fc ! Ces frais sont perçus par une dame et les toilettes sont entretenues. Par conséquent, elles sont sans odeur désagréable à l’intérieur comme à l’extérieur. Néanmoins, le chemin pour y arriver est tortueux : des eaux sales stagnantes et la fosse septique est à découvert.
A la maison communale de Selembao
Les toilettes sont d’une propreté légendaire. Gérées par un monsieur, il exige 500 Fc à l’entrée et vous donne de l’eau. Sans odeurs nauséabondes à l’extérieur comme à l’intérieur, ces toilettes vous accueillent avec un papier toilette accroché au mur.
A la maison communale de Lingwala
Les toilettes ne sont pas construites dans les normes. Visiblement, elles sont trop anciennes. Mais, un monsieur veille à leur propreté et demande 500 Fc à chaque usager. Il y a même une pancarte qui indique le prix des besoins. Mais, une odeur vous accueille à l’extérieur. Cela prouve que le nettoyage ne se fait pas avec des produits appropriés.
A la maison communale de Kinshasa
Les toilettes sont construites dans les normes mais ne sont pas entretenues comme il se doit. Sur ce, des odeurs désagréables vous accueillent depuis l’extérieur. Pourtant, un monsieur y veille ou du moins, veille à ce que chaque usager donne 500 Fc avant d’y accéder.
A la maison communale de Kasa-vubu
Les toilettes sont bel et bien construites dans les normes mais elles ne sont visiblement pas entretenues, vu la saleté qui les entourent. Nous n’avons trouvé personne pour percevoir l’argent. Par conséquent, les toilettes étaient sales et désagréables.
A la maison communale de la Gombe
Les toilettes sont bien construites mais non entretenues ! non seulement parce que la maison communale ne met pas à la disposition de ses toilettes une personne pour les entretenir, mais aussi parce que les usagers sont indisciplinés. Des papiers jetés par ci, des urines par là… Invivable ! Pourtant, Environews RDC a visité les toilettes des maisons communales en 2022. Et, seules celles de la maison communale de la Gombe étaient propres car un monsieur les nettoyait avant et après usage.
A la maison communale de Kalamu
Les toilettes sont visiblement trop vieilles et non entretenues. Il y a un monsieur qui y perçoit de l’argent à l’entrée mais elles puent de l’extérieur car elles sont malpropres.
A la maison communale de Limete
Les toilettes y existent mais elles ne sont pas dignes d’une maison communale réputée de célébrer une trentaine de mariages par semaine. Comme le Congolais en général et le Kinois en particulier ne savent pas revendiquer leurs droits, ils ignorent qu’avoir accès aux toilettes décentes fait partie de leur droit. Surtout, après avoir déboursé de l’argent pour une fin. Bien qu’elles ne soient pas bien construites, ces toilettes sont un tant soit peu entretenues par une dame qui exige la somme de 500 Fc pour y accéder.
Que faut-il faire pour que les maisons communales entretiennent leurs toilettes ?
Les maisons communales sont en quelque sorte les miroirs des communes. Dans d’autres pays, les bourgmestres veillent sur la bonne vie des populations de leurs juridictions : les écoles, les hôpitaux ou centres de santé. Mais, vu la manière dont les toilettes de certaines maisons communales de la ville province de Kinshasa se présentent, il y a de quoi se demander ce que la population a à attendre de plusieurs bourgmestres. C’est même la raison pour laquelle la saleté est la grande référence de la capitale congolaise.
A la maison communale de Ngiri ngiri
Les toilettes de cette maison communale ressemblent à un vrai mouroir. Si vous y entrez et y sortez vivant, c’est-à-dire que vous êtes appelé à vivre 100 ans ! De la porte d’entrée aux murs de l’intérieur, une saleté terrifiante est visible dans ces toilettes. Et, comme si cela ne suffisait pas, elles n’ont pas de porte.
A la maison communale de Bumbu
Les toilettes de cette maison communale sont pareilles que celles de la maison communale de Ngiri ngiri. On y entre à volonté. Comme ces maisons communales ne sont pas très éloignées l’une de l’autre, on dirait qu’elles se communiquent leur saleté. Des urines sont bien visibles dans ces toilettes noirâtres à cause de la saleté et puantes depuis l’extérieur.
A la maison communale de Ngaliema
Ici, c’est la catastrophe ! Dès que vous y mettez votre nez, vous vous demandez si ceux qui y travaillent sont des humains ou carrément des extraterrestres. Il y a même de la matière fécale en l’air, provenant de quelques toilettes situées à l’étage. Ces saletés se déversent à l’extérieur, à l’extrême gauche de l’enclos, après l’entrée de la police de ladite maison communale.
A la maison communale de Kintambo
Les toilettes sont visiblement mal propres, à l’image des rues de la commune de Kintambo. Ce lieu n’a rien à voir avec un lieu d’aisance, vu la saleté qui y demeure. Il n’y avait personne pour exiger l’argent.
Comme si cela ne suffisait pas, d’autres maisons communales ne disposent même pas de toilettes!
A la maison communale de Bandalungwa
Ici, il existe des anciennes toilettes en conteneur, où c’est écrit : toilettes publiques en grand mais cet endroit est invivable et inondé par des eaux sales et puantes. Par conséquent, une matière fécale a été vue dans un coin de la cour. Faute de mieux, chacun se débrouille à sa manière. A la demande d’une toilette, la source trouvée sur place a réfléchi, ne sachant pas quoi faire. Au finish, elle se sentit obligée de nous conduire dans un endroit transformé en toilettes, derrière des tôles. Des pierres superposées servent visiblement de douche et une cuvette de WC hors service est placée à côté. Le tout, à ciel ouvert. On appellerait donc cet endroit : salle de bain de la maison communale de Bandal !
A la maison communale de Makala
Cet endroit visiblement en travaux, n’a pas de toilette ! La personne trouvée sur place nous dit clairement que les anciennes toilettes ont été cassées pour laisser la place aux nouvelles, en projet de construction. A la question de savoir comment font les agents de ladite maison communale pour se soulager, notre source répondit qu’ils se débrouillent tous auprès de leurs connaissances dans le quartier.
Toutes les toilettes de ces maisons communales ont une particularité : elles se situent derrière les maisons communales. A part celles de la maison communale de Kintambo qui sont à l’extrême gauche de l’entrée de ladite maison communale. Selon notre constat, dans les maisons communales où l’argent est perçu pour l’entretien des toilettes, il y a moins de dégâts que là où il n’y a personne pour y veiller. Par conséquent, chacun entre à sa manière et y fait ce qu’il veut. Ceci dit, les autres maisons communales devraient mettre au service des toilettes un individu qui veille à leur propreté afin d’éviter des infections aux usagers.
Pourtant, toutes ces maisons communales génèrent des recettes de célébrations de mariages civils, de location de leurs espaces pour parking ou autres activités commerciales et même la gestion des marchés. Pourquoi l’autorité compétente ne leur exige pas un certain nombre de services minimums pour le bien-être des populations ? Comment vivent les agents des maisons communales avec des toilettes sales et puantes ? Environews RDC s’interroge…
Créée à l’origine par l’Organisation mondiale des toilettes en 2001, la journée mondiale des toilettes est réservée pour attirer l’attention sur la crise mondiale de l’assainissement. Depuis, cette journée a pris de l’ampleur en 2013, lorsque l’organisation des Nations unies (ONU) a adopté une résolution reconnaissant la JMT comme une journée internationale de l’ONU.
Sarah MANGAZA