Après quatre jours de formation et de simulations des négociations climatiques, les négociatrices francophones venues de 22 pays d’Afrique et du Caraïbe sont prêtes pour affronter les négociations à la 29ème conférence des parties sur le changement climatique, à Baku (Azerbaïdjan). La cérémonie de clôture de ces assises a eu lieu à Kinshasa, ce jeudi 17 octobre.
Issiba Koba, est assistante en finance verte de l’Autorité nationale désignée. Elle vient de la République du Bénin. La formation de Kinshasa a été une occasion pour elle, de se mesurer aux ambitions des négociations climatiques qui pointent à l’horizon. Elle se sent prête pour les affronter avec sérénité.
« J’avoue que c’est ma première participation aux activités de la COP. Depuis quatre jours à Kinshasa, nous avons fait des avancées notables. En termes de performance, nous sommes décrispées, motivées et engagées à mener désormais, des négociations. J’avoue que nous sommes sorties de toute intimidation », a-t-elle informé.
Comme Issiba, elles sont plusieurs à avoir développé un esprit critique et une performance à braver la barrière de la langue, d’autant plus que les négociations climatiques sont à 90% menées en Anglais. « Lors de nos simulations, nous avons lancé nos échanges en Anglais. Nous sommes totalement décomplexées face à nos collègues anglophones. Personnellement, je suis prête », lance Abalo Sama Abide, originaire du Togo.
Ces prouesses sont le fruit d’un coaching de qualité à la tête duquel se trouve Honadia Mamadou, expert négociateur senior et formateur en changement climatique. Cet expert burkinabé connaît très bien les rouages des négociations climatiques, depuis une dizaine d’années. Il a ses techniques qui lui permettent de bien s’en sortir, dans le temps.
« Elles ont les outils. On leur a donné de petites astuces sur comment s’exprimer à l’international. J’ai été agréablement surpris, lors des simulations. J’ai vu la fougue avec laquelle elles sont parties pour négocier, accepter ou ne pas accepter les compromis. Véritablement, pour moi, c’est une formation positive qui devrait être dupliquée les années à venir », s’est-il félicité.
Pendant quatre jours, ce négociateur senior a tout donné. « Nous leur avons donné des outils très simples. C’est par exemple, comment se répartir un document de plusieurs pages en tant que délégation du groupe, afin de l’exploiter dans un temps record. Comment exploiter le document dans un anglais simple, le traduire en français et le reconvertir en Anglais afin d’intervenir dans une séance publique. Mais, également, comment partager les informations entre elles etc. Ce sont des outils que nous avons expérimentés et que nous leur avons transmis, afin qu’elles soient plus efficaces que nous ».
A Kinshasa, Honadia n’y était pas seul. Il a été assisté de Ambitsoa Heritokilalaina, chef de service de base de données et suivi évaluation au Ministère de l’Environnement et développement durable du Madagascar.
« J’étais nouvelle négociatrice, il y a deux ans. Ces quatre jours étaient vraiment marquants parce que j’ai pu partager mes expériences personnelles. Surtout, je continue toujours d’apprendre avec le formateur », a-t-elle indiqué.
A en croire les participants et les organisateurs, l’atelier de Kinshasa, est un vrai succès. Il a permis de raviver la flamme des femmes, considérées comme les premières victimes des effets néfastes des changements climatiques. « Nous avons toutes bénéficié d’une opportunité précieuse », a exhorté Martine Badibanga, point focal (RDC) de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique. « Cet atelier est une chance que nous devons saisir pour continuer notre combat contre le changement climatique. Il est important de ne pas oublier les enseignements reçus ici ».
L’évènement a mobilisé soixante négociatrices en présentiel, et cent vingt en virtuel. Pour l’IFDD, ce qui s’est passé durant ces 4 jours aura un impact certain. « On a vu des femmes qui connaissent même les enjeux des négociations, qui maîtrisent les techniques des négociations et qui savent communiquer et font beaucoup d’efforts pour surpasser la barrière de la langue. On peut conclure que ce sont des femmes qui sont prêtes pour la CdP29 de Baku », a renchéri docteur Issa Bado, chargé de programme négociations de l’IFDD (Institut de la Francophonie pour le développement durable).
A l’issue de ces quatre jours d’apprentissage sur les bonnes pratiques des négociations climatiques, cet exercice a permis aux femmes de l’espace francophone d’être mieux outillées dans la quête de réponses aux questions climatiques. Tout ce que ces négociatrices attendent, c’est le soutien, la confiance et l’accompagnement de leurs États. Un plaidoyer que s’est approprié Bestine Kazadi, ministre déléguée à la Francophonie (RDC).
« Je m’engage personnellement à mener un plaidoyer dans l’espace francophone, auprès des instances de l’OIF, en perspective de la prochaine programmation quadriennale pour y intégrer davantage des formations de qualité et d’initiatives en faveur de développement de compétences francophones au féminin », a-t-elle informé.
Rappelons qu’au total, 393 femmes des pays en développement francophones ont été renforcées en capacités ces 4 dernières années par l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD). Cette initiative a été lancée en 2018 avec une vingtaine des femmes. L’augmentation significative du nombre de femmes a été remarquable à partir de 2020. L’initiative est soutenue financièrement par Environnement et changement climatique Canada, la Principauté de Monaco et le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.
Alfredo Prince NTUMBA