Le Réseau des Organisations et Plateforme d’observateurs Indépendants des ressources naturelles (RENOI) est monté au créneau pour dénoncer le silence des autorités congolaises face à ce qui s’apparente à une exploitation abusive et incontrôlée, perpétrée par les entreprises chinoises COKIBAFODE et SCIFOR, dans le territoire de Bolomba (Province de l’Equateur). Au cours d’un point de presse organisé à Kinshasa, le 27 septembre, le RENOI apporte son soutien à l’alerte lancée par les notables de ce territoire au sujet de la saisie d’une cargaison d’environ 3 300 mètres cubes coupés sans permis et transportés jusqu’à Kinshasa, par ces entreprises incriminées.
« Le RENOI est passé en revue tout ce qui est cadre légale, les arrêtés et autres. Lorsque nous arriverons à Bolomba nous avons trouvé 7 titres octroyés par la revue légale. Nous avons également trouvé que tous ceux qui devaient exploiter cette zone sont en conflit. Sur le terrain, nous trouvons que la cargaison vient de Bolomba. Nous nous sommes demandés comment est-ce que cette cargaison peut venir de Bolomba alors que les différentes concessions forestières sont en conflit », a déclaré Hyppolite Iyoko, membre de RENOI.
Cette plateforme de la société civile déplore la complicité des autorités censées contrôler et mettre en œuvre la loi qui régit ce secteur. À en croire les acteurs de la société civile, le constat est tel qu’il y avait des grumes prélevées mais non marquées. « Ces grumes ne nous donnaient pas la possibilité de faire une traçabilité. Nous étions convaincus que les concessionnaires n’avaient pas l’intention de laisser la traçabilité de leurs marchandises. De tous les arrêtés consultés nous n’avons pas vu ceux qui autorisent ces deux concessionnaires Chinois à prélever les grumes de la RDC. Tout ça justifie le cas d’irrégularité dont nous faisons référence dans cette note de dénonciation », a renchéri Monsieur Iyoko.
En avril 2022, une revue légale a été diligentée par le gouvernement congolais via l’arrêté ministériel N°16/CAB/VPM-MIN/EDD/EBM/CMB-TSB-PDK/02/2022 pour inventorier tous les contrats de concessions forestières octroyées par la RDC à ce jour. Cette mission devrait également constater la conformité des contrats aux lois avant de proposer des poursuites judiciaires contre les sociétés détentrices de faux contrats de concessions forestières.
« En dépit des mesures précitées, le RENOI constate une continuité des activités d’exploitation industrielle de bois dans le secteur de Losanganya au vu et au su des autorités provinciales, de tous les instruments juridiques de la région. Le réseau constate avec amertume qu’une cargaison du bateau MB SCIBOIS II contenant environ 900 grumes de bois coupés dans les villages de Elema et Lukutu dans les groupements de Bonianga et Lingoyi, quitte la province sans être inquiétée. En plus dans une région là où ces deux entreprises n’ont plus le droit d’exploitation », s’est indigné Joseph Ndjilu, membre de RENOI.
La sonnette d’alarme sur l’acheminement de ces grumes de bois avait été tirée deux semaines passées par les notables de ce territoire de la province de l’équateur. Pour vérifier la véracité de faits, le REBNOI a effectué une mission de monitoring du 19 au 20 septembre dans les 4 ports de la commune de Maluku notamment, Terre jaune, Booming green, RÉGIDESO, SCIFOR et le port de Mososo.
« C’est au port de Mososo à N’sele où la cargaison est logée. La mission a relevé quelques irrégularités et craintes notamment le non-respect du marquage sur certains bois ce qui ne facilite pas la traçabilité sur la provenance, le non-respect des clauses sociales en faveur des communautés riveraines, la confusion sur les vrais propriétaires de la cargaison, le changement de la destination de la cargaison pour Congo Brazzaville et l’accaparement de ce dossier par les politiques », a déploré un notable de Bolomba, Félix Bongelemba.
Le RENOI invite le gouvernement congolais à renforcer les missions des suivis et contrôle sur les activités d’exploitation de bois dans ce territoire, de transmettre les différents arrêtés portant résiliation, annulation et réhabilitation des contrats des concessions forestières au niveau provincial et local. Sur la base de ces données et informations, le RENOI a recommandé aux institutions judiciaires de veiller sur la cargaison pour qu’elle ne prenne pas une autre destination avant la conclusion du dossier.
Albert MUANDA