Conservation : Le Parc National de la Garamba, un bastion pour la conservation des chimpanzés dans le nord-est de la RDC

Le Complexe d’aires protégées de la Garamba (PNG) constitue un bastion crucial pour le maintien des populations de chimpanzés, Pan troglodytes, dans le nord-est de la République Démocratique du Congo. Cette espèce, emblématique des forêts d’Afrique centrale, fait face depuis longtemps à de multiples menaces. Cependant, grâce aux mesures de conservation et aux efforts de sensibilisation mis en œuvre par les équipes du Parc, les forêts de la Garamba offrent désormais un espace plus sûr pour ces primates.

La principale menace pour ces grands primates est la dégradation de leur habitat. La déforestation, exacerbée par l’expansion des activités humaines, a considérablement réduit et fragmenté leur espace de vie au cours des dernières décennies, mettant en péril leur survie en les exposant à des dangers accrus.

Dans le Complexe de la Garamba, les chimpanzés se trouvent dans le Domaine de Chasse de Mondo Missa, notamment dans la localité de Gbere à Buru et dans le village Umu, ainsi que dans le Domaine de Chasse Azande. Cette région, où la forêt et la savane boisée se côtoient, offre un habitat favorable à ces primates. L’équipe de recherche et de suivi biologique du Parc apporte une évolution dans la répartition des nids de chimpanzés : en 2011, les nids étaient principalement observés sur des essences telles que Erythrina abyssinica dit Koro, Khaya senegalensis dit Bagu, Erythrophleum suaveolens dit Gero, et Mako (noms en langues locales). En 2021, une diminution de ces essences a conduit à une nidification plus accrue sur des essences telles que Cola gigntia dit Mbara-mbasa, Synsepalum stpilatum dit Kpekero, Ngava et Mbekede (noms en langues locales). Toutes sont des essences ligneuses retenues sur la classification de CITES de l’UICN.  Cette évolution est directement liée à la déforestation, un phénomène qui menace la pérennité des populations de chimpanzés dans la région.

Pour faire face à cette crise, le PNG a mis en place un programme de sensibilisation complet, intégrant une série d’initiatives d’information, d’éducation et de communication environnementale. Ce programme se déploie à travers diverses actions : des animations scolaires dans les écoles, des activités communautaires dynamiques, des projections de cinémas mobiles dans les villages, des ateliers dans les institutions universitaires locales, des réunions communautaires, ainsi que des visites guidées et des émissions radiophoniques diffusées par le Parc. Ces efforts ont pour but de sensibiliser les communautés locales et les visiteurs à l’importance cruciale de la conservation des chimpanzés et de leur habitat.

L’une des pierres angulaires de la stratégie de conservation du Parc est son programme d’agroécologie. Ce programme innovant promeut l’agriculture durable au sein des communautés riveraines par le biais de formations pratiques. Les membres volontaires des communautés locales reçoivent des enseignements in situ sur des techniques agricoles telles que la culture maraîchère, l’apiculture, la pisciculture, ainsi que des pratiques de reboisement. L’objectif est non seulement de minimiser l’impact des activités humaines sur l’habitat des chimpanzés et de promouvoir une coexistence harmonieuse entre les humains et la faune, mais aussi d’améliorer les revenus des ménages des communautés environnantes au Parc.

Le PNG a également dû faire face à des défis importants liés à l’instabilité politique et à l’insécurité qui ont marqué la région durant la dernière décennie. Ces événements avaient rendu la surveillance et la protection des chimpanzés particulièrement difficiles, favorisant leur braconnage et mettant en péril les populations du Complexe de la Garamba. Grâce à une vigilance accrue et à l’application rigoureuse de la loi par les écogardes du Parc, ces menaces sont aujourd’hui largement contenues, assurant la sécurité des chimpanzés et des autres espèces présentes dans le parc.

Bien que le chimpanzé soit intégralement protégé par la législation congolaise, la domestication illégale de ces primates en milieu urbain expose les humains à des zoonoses telles que la variole du singe et le virus Ebola. En zone rurale, les interactions entre chimpanzés et communautés locales peuvent également engendrer des conflits, notamment lorsque les primates endommagent les cultures ou les infrastructures. La sensibilisation à ces risques fait partie intégrante des efforts de conservation du Parc, en s’appuyant notamment sur les traditions locales – le chimpanzé est, par exemple, considéré comme un animal totem chez les peuples Mondo, habitants du Domaine de Chasse de Mondo Missa, ainsi que par les Logos présents plus largement dans le Complexe.

« Les chimpanzés jouent un rôle écologique majeur dans la régénération des forêts. En se nourrissant de fruits, ces grands primates dispersent les graines à travers leurs déjections. Ce processus naturel favorise la croissance des arbres et la régénération des écosystèmes forestiers. Les forêts, en retour, offrent des services environnementaux essentiels aux populations humaines : elles régulent le climat, purifient les sources d’eau, limitent l’érosion des sols et produisent de l’oxygène. La préservation des chimpanzés est donc intrinsèquement liée à la santé des forêts et, par extension, à la biodiversité qui en dépend. C’est pourquoi les équipes du Parc impliquent activement les populations des quatre territoires voisins du Parc National de la Garamba dans la conservation de ces primates et de leur habitat», a précisé Didier Kimpungi Diana, assistant de recherche et responsable de suivi des chimpanzés au Parc National de la Garamba.

Situé au nord-est de la République Démocratique du Congo dans la province du Haut-Uélé, le Parc national de la Garamba (PNG) est un joyau de la biodiversité et un site du Patrimoine mondial de l’humanité. Depuis 2005, ce site exceptionnel est géré par African Parks dans le cadre d’un partenariat public-privé avec l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN). Grâce à ce partenariat, le Parc bénéficie de soutiens institutionnels majeurs, notamment de l’Union européenne et de l’USAID, pour la restauration de la biodiversité et la réduction des menaces qui pèsent sur le Parc. Ces partenaires apportent également une contribution significative au programme de développement durable mené par les équipes du Parc, visant à améliorer la gouvernance et la conservation des ressources naturelles, ainsi qu’à améliorer les conditions socio-économiques des communautés vivant à proximité du complexe.

Richard MUMBERE KALAYI

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