Comme une traînée de fumée, la rumeur sur le présumé détournement des fonds publics à la COMIFAC-RDC se confirme de plus en plus? En effet, il s’agit d’une somme de plus de 250 millions de francs congolais (CDF) de dotation du trésor public comme frais de fonctionnement de cet établissement. Cette coquette somme aurait pris une autre destination. Dans cette affaire, le coordonnateur national de la COMIFAC-RDC, Sébastien Melele est pointé du doigt d’être l’instigateur de ce détournement. Comment en est-on arrivé là, voici la suite des évènements.
Tout part d’un fait. Pendant les guéguerres de son éviction à la tête de la COMIFAC-RDC, Luc Atundu, ancien coordinateur, va prendre la décision de sécuriser les comptes bancaires ouverts dans les livres de la banque UBA. Il s’agit du compte USD : 00030 06801 10240000897 77 compte en CDF : 00030 06801 10410000888 41. Des comptes ouverts sur base de l’accord de siège conclu entre la RDC et la COMIFAC.
Dans sa lettre du 18 mai 2023, adressée à l’UBA, Monsieur Atundu enjoint à la banque de ne rien faire sans son accord. « Notez que je suis l’unique gestionnaire de ces comptes pour lesquels j’ai le devoir et l’obligation de justifier les décaissements bancaires », peut-on lire dans cette lettre dont Environews RDC s’est procurée une copie.
A en croire Sébastien Malele, actuel coordonnateur de la COMIFAC-RDC, la banque UBA l’aurait saisi pour lui informer que son prédécesseur voulait procéder au décaissement des fonds logés dans ces deux comptes. « Ayant été informé, j’avais adressé une lettre pour bloquer ces comptes-là. Les autorités de la banque m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas bloquer ces comptes tant qu’il y avait de l’argent », a-t-il informé.
Des comptes dormants qui ne pouvaient plus être utilisés bien que disposant d’une coquette somme de plus de 250 millions de francs congolais. Cet argent est une dotation du trésor public pour le mois de janvier 2022. Renseigne nos sources.
Ainsi, en date du 27 novembre 2023, Sébastien Malele va s’adresser à l’UBA pour désigner les nouveaux signataires de ces comptes, à savoir lui-même et Nyamugabo Mpova Maurice, son DAF.
Le coordonnateur national justifie cette démarche par le fait que « depuis février 2022, il a été procédé au changement des cadres et agents de la COMIFAC-RDC », renseigne sa lettre.
Aussitôt la demande faite, le même jour soit le 27 novembre 2023, la somme de 112 millions de francs congolais est débitée par les signataires. Le jour suivant, le 28 novembre 2023, un montant de 149 millions de francs congolais sera également débité, laissant ainsi dans ces comptes rien que 300 mille francs congolais. Selon le coordonnateur national, « au taux de la banque, le total fait 96.000 dollars américains. Il y a une équipe des facilitateurs que la banque avait commis, on leur a payé 14% du montant et m’ont donné le reste ».
Mis au parfum de l’opération, depuis sa cellule de la prison de Makala, Luc Atundu avait en date du 26 novembre, adressé une procuration spéciale à la banque. Dans ce document, l’ancien coordonnateur donne mandat à son avocate de recouvrer la somme de 262 millions de francs congolais, logés dans ces comptes précités.
L’odeur de l’argent va susciter la curiosité des agents et cadres de la COMIFAC-RDC, qui vont remarquer l’absence de leurs chefs pendant plusieurs jours. Cette absence sera plus vite justifiée par une mission à la COP28 à Dubaï. Une mission qui a vu partir 4 de 7 experts repris sur l’Ordre de mission collectif n° 235 du 16 novembre 2023.
Dans une correspondance adressée à la Ministre d’Etat, Eve Bazaiba, les agents et cadres de la COMIFAC –RDC dénonce le détournement de ce montant sus évoqué. Et brandissent des menaces contre le coordonnateur Melele et son directeur administratif et financier.
Sébastien Malele reconnaît avoir retiré cet argent de manière légale, car selon lui, toute l’administration a été informée de cette opération. « Suis-je capable de détourner l’argent, alors que j’ai informé toutes les autorités ? La MINETAT est informée, le secrétaire général aussi », a-t-il indiqué. « L’argent que j’ai retiré, j’ai financé notre mission à la COP28. C’est la MINETAT qui a signé l’ordre de mission pour 7 personnes. C’est vraiment du bruit qui court sans preuves. J’ai tous les justificatifs pour l’utilisation de cet argent ».
Joint au téléphone, le secrétaire général à l’Environnement et développement durable, Benjamin Toirambe révèle qu’il n’avait aucune information sur cet argent. « Ce n’est que lorsqu’il a eu des problèmes qu’il est venu me voir… Il m’a dit qu’il a utilisé cet argent pour payer les billets, donc c’est l’argent qui leur a permis d’aller à Dubaï, et le reste se trouve dans leur compte. Mais, je n’ai même pas un rapport écrit », a-t-il déclaré.
De son côté, le dircaba de Eve Bazaiba a informé que « le Cabinet n’est pas au courant ». Néanmoins, il reconnaît tout de même avoir été saisi par les agents. « J’ai été informé de ce dossier par le conseiller financier. Puis ce sont les agents qui m’ont informé aussi », a-t-il renchéri.
D’aucuns s’interrogent sur cette mission de service qui aurait coûté à la république près de 90 mille dollars américains. Et pourtant, des observateurs affirment n’avoir pas aperçu le coordonnateur de la COMIFAC à la COP28. La gestion orthodoxe de denier public reste un vrai défi en République démocratique du Congo. Par manque de mécanismes rigoureux de contrôle de la chaîne, le pays perd plusieurs milliards de dollars à cause notamment du coulage et autres malversations financières.
Affaire à suivre
Alfredo Prince NTUMBA