C’est sur une note satisfaisante que s’est clôturée la table ronde nationale sur la gouvernance forestière et les industries extractives des ressources naturelles en lien avec la politique de zéro-déforestation en RDC. Les acteurs impliqués dans cette politique ont attiré l’attention de l’Etat congolais sur l’exploitation du bois impliquée dans la fabrication des « Makala ». Cette ressource d’énergie est l’une des activités responsables de déforestation exercées au niveau de « points chauds » et aux alentours des grandes villes du pays. La cérémonie de clôture a eu lieu le vendredi 07 juillet à Kinshasa.
Les assises de ces trois jours ont débouché sur plusieurs recommandations qui s’inscrivent dans l’idée d’aider le pays non seulement à rompre avec ce rythme de déforestation alarmant, mais également à effectuer un suivi régulier au niveau des industries extractives. Tout ceci, c’est pour prévenir les effets de changements climatiques et assurer un développement durable des communautés locales et des peuples autochtones.
« Les recommandations il y’en a beaucoup. J’aimerai dire que l’un des résultats le plus saillant est que les gens ont discuté sur les concepts, forêt, zéro déforestation et tant d’autres. Nous avons noté que pour les industriels et exploitants artisanaux le moteur de déforestation n’est plus l’agriculture mais l’exploitation du bois pour la consommation énergétique. Pour les confessions religieuses la déforestation constitue un facteur qui dénature la création. Nous pensons qu’il faut maintenir la forêt pour maintenir l’équilibre entre les différentes créatures, notamment les hommes et autres créatures qui sont sur la planète », a déclaré le pasteur Mathieu Yela, facilitateur national de IRI-RDC.
Le document de la Politique de l’agriculture durable (PAD), élaboré en novembre 2022 indique que, la RDC perd 500.000 hectares de son couvert forestier chaque année. Les interventions des panelistes ont peint noire sur blanc le danger que représente l’activité d’exploitation des bois sous toutes ses formes en République démocratique du Congo.
« Si rien n’est fait, cette situation risque de détruire en un siècle la quasi-totalité du couvert forestier et des zones de tourbières du pays relevé au rang du premier poumon mondial », estiment ces experts.
Un autre accent a été mis sur les entreprises extractives et leurs effets sur le changement climatique. Certains experts ont trouvé gain de cause de la tenue de cette assemblée pour partager des informations sur la matrice des risques et les pratiques des industries extractives sur le sol congolais. Certains d’entre eux ont appelé les organisateurs à entamer des discussions avec l’Etat congolais, les entreprises et les communautés sur le protocole d’engagements pour l’amélioration de la production de l’industrie minière avec respect des normes environnementales.
«Il faut des textes dans le cas de réglementation. Nous devons arriver à mettre ensemble l’Etat, les entreprises et les communautés pour leur dire que ces ressources sont des richesses qui ne sont pas renouvelables. Il faut leur faire comprendre que s’il faut les exploiter, il faut le faire durablement. Auprès des entreprises minières, il faut créer des incitations financières afin de permettre à ces entreprises de fonctionner normalement tout en respectant la nature. La forêt a besoin d’être exploitée pour subvenir tant soit peu aux besoins des générations présentes et futures mais surtout pour créer des richesses au profit du pays, des communautés locales et des peuples autochtones», a relevé Josué Kizal Mpinzi, expert et négociateur sur les questions de changement climatique.
Le développement de l’industrie minière est une possibilité non négligeable pour un pays à relever son économie. Les analyses des uns aux autres ont relevé les possibilités et opportunités pour la RDC de relever son économie grâce à l’industrie minière. Le pays a depuis un temps ouvert la porte à plusieurs investisseurs dans le secteur. Dans cette conquête des revenus, l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives a promis de renforcer sa mission.
«Notre démarche va consister à prendre des informations chez les exploitants forestiers, des entités étatiques et aux organisations de la société civile afin de les mettre à la disposition des toutes les parties prenantes y compris à la place public pour que les gens en débattent et trouvent des mécanismes et moyens pour faire de la déforestation zéro. Nous avons estimé que l’élément important, est la transparence. Aussitôt l’installation de la transparence, la gouvernance va s’améliorer partant des études de faisabilité, les contrats, les aménagements du territoire, les cahiers de charge sociale et environnementale obligatoire ou volontaire. La déforestation zéro est difficile mais il faut de grandes compassassions et des grandes orientations», a renseigné Baudry Omewatu, expert à ITIE-RDC.
Signalons que l’initiative inter religieuse pour les forêts tropicales (IRI-RDC) entend dans les jours à venir partager avec les décideurs un certain nombre d’outils élaborés par ces membres. Il s’agit de la charte de bonnes pratiques des entreprises faisant de la sagesse locale la base de l’établissement et du renforcement des politiques et pratiques du secteur privé. Ils ont également promis de faire parvenir les états de lieux des aspects de gouvernance forestière actualisés du pays et une feuille de route entre IRI RDC et les dirigeants des industries extractives. Des instruments élaborés avec le concours des différents partenaires engagés dans la politique zéro déforestation.
Albert MUANDA