Le directeur général de la SNEL, Fabrice Lusinde pourrait être éjecté de son fauteuil, selon la conclusion de la dernière plénière de ce mercredi 12 avril, à la suite de son interpellation à l’Assemblée nationale. Le député national auteur de cette action a évoqué la mégestion de la Société nationale d’Electricité comme l’un des motifs qui ont présidé à sa démarche. Après 4 plénières dans lesquelles le DG était invité à fournir des réponses aux députés, son sort serait-il finalement scellé ? « La destitution pour incompétence avérée » ?
Pour les uns, ce serait la victoire ! Tandis que pour les autres c’est la grave erreur ! Car, la politique aurait dicté sa loi sur la technique. Et pourtant la SNEL est un canard boiteux, qui a subit les effets d’une onde de choc venant de très loin.
Au lendemain de la demande de son éjection, les langues se délient pour dénoncer l’insatisfaction politique qui a présidé cet acte prémédité. Selon des sources au sein de l’hémicycle, la bataille pour occuper ce poste de directeur général de la SNEL se joue ailleurs que dans le fait évoqué, car tous les députés le savent bien que Monsieur Lusinde est victime d’une gestion passive dont il n’est nullement responsable.
Selon les mêmes sources, ce poste est envié par le groupement AFDC de Bahati Lukwebo qui se le dispute avec la Convention pour la République et la Démocratie « CRD », de Christophe Mboso N’kodia. Clairement, la mangeoire s’est invitée au débat. Les enjeux sont de taille, car il faut se faire de l’argent pour soutenir la campagne électorale qui s’annonce farouche.
Donc, le nouveau round de prédation s’annonce bien à la SNEL. Un round qui n’aura absolument rien à apporter pour sortir cette entreprise de l’Etat de la crise qu’elle vit depuis des décennies.
Mêmes causes, effets différents ?
Comme nous l’avons dit ci-haut, les vrais problèmes de la SNEL sont connus de tous. Du Président de la République aux députés en passant par les ministres, chacun à son niveau sait ce qu’il faut faire pour relever le défi de gestion de cette entreprise. Mais, face aux aléas et intérêts partisans, on détourne l’attention de toute la population vers les futilités.
Chaque année, les députés nationaux votent le budget des entreprises étatiques. La SNEL compte plus de 50.000 employés à travers la RDC. A cela s’ajoute la vétusté des infrastructures qui sont déjà à leur terme, et qui nécessitent une réhabilitation totale, ou remplacement. Cependant, le budget annuel de cette entreprise du Portefeuille n’a jamais atteint le ¼ du budget dédié à l’Assemblée nationale. Est-ce pour autant que les services que le parlement rend à la population sont meilleurs que ceux rendus par la SNEL à cette même population ?
Depuis la nuit de temps, cette entreprise de l’Etat a été considérée comme une vache à lait. Elle a servi aux différents politiques qui y ont trouvé non seulement du lait mais aussi du miel. Les détournements répétitifs et spectaculaires dont celui de 35 millions de dollars payés par la République du Congo (Brazzaville), n’a jamais intéressé ceux qui se plaignent aujourd’hui de la mauvaise qualité de services rendus par la SNEL. L’ancien directeur de cabinet du Raïs, cité dans cette affaire, est vivant et siège comme parlementaire. Ne peut-on pas lui imposer une motion pour justifier ce détournement des deniers publics ?
Plusieurs fois de projets financés par les bailleurs de fonds ont vu leurs financements être détournés au vu et au su de tous. Certains politiques ont même créé des entreprises fictives dans le but de détourner le peu des recettes que cette entreprise mobilise auprès de ses clients. Malheureusement tout cela n’a jamais intéressé les députés nationaux.
Selon des indiscrétions au sein de la SNEL, plusieurs députés nationaux et provinciaux ne paient pas leurs factures. La majorité des agents de police commis à leur garde, ne permettent même pas aux agents de recouvrement de faire leur travail. Mais, ce sont les mêmes qui exigent des performances à la SNEL. Avec quel moyen cela serait-il faisable ?
Un vote qui viole le règlement
En analysant les faits et gestes de ces 4 plénières, plusieurs observateurs ont fini par conclure que la médiocrité pourrait dicter sa loi. La célérité avec laquelle les députés veulent déchoir le DG laisse entrevoir leur envie d’aller vite au but. Mais, ils ont oublié que l’article 73 du règlement d’ordre stipule que, « l’Assemblée nationale ne prend ses décisions que si les 2/3 de ses membres sont présents », en principe, les deux tiers de membres de l’Assemblée font 333 députés. Malheureusement, les images diffusées à la télévision nationale montrent à peine une centaine des députés dans la salle.
Tout porte à croire que tout était bien prédéfini pour un but bien connu. Malheureusement, les vrais problèmes de cette société n’ont pas intéressé les élus du peuple. Et pourtant, cette interpellation devrait l’être aussi pour les députés censés jouer leur rôle afin de trouver des solutions durables à ce problème connu et négligé de tous.
L’avenir nous en dira plus !
Alfredo Prince NTUMBA