Les plantes Chelidonium majus du nom vernaculaire chélidoine, cicuta maculata, herbe à morceau, cicuta virosa, ciguë vireuse et cinnamomum camhora, camphrier sont désormais utilisés pour la pêche dans la rivière Lomami, l’un des affluents majeurs du fleuve Congo en République démocratique du Congo. Les chercheurs du parc national de la Lomami ont fait de graves révélations quant à cette pratique, dans une étude présentée au cours des assises de la deuxième conférence internationale sur la biodiversité.
A en croire ces chercheurs congolais, les observations visuelles et les analyses au laboratoire convergent vers une conclusion selon laquelle les poissons morts dans cette eau ont été intoxiqués, écartant ainsi l’idée de gaz carbonique ou méthane.
« Nous enregistrons des agissements inhumains de la part des communautés. Elles font de la pêche sans se soucier de la vie aquatique de la région. Nous avons été surpris de retrouver les échantillons de ces plantes découpées en tiges, feuilles et racines. Les plantes ont été collectées selon leur mode d’utilisation. Il s’agit d’un mélange des fruits, des racines, des feuilles et de la tige. Au bout de cinq minutes ce mélange déversé dans l’eau élimine toute vie présente dans cet espace. Ce mélange est souvent préparé aussi avec des produits chimiques », a alerté Julie Mukinzi, chercheure de l’ICCN, dans le parc national de la Lomami.
Le Parc national de la Lomami abrite plusieurs espèces endémiques à l’échelle nationale, dont le Bonobo, l’Okapi, le Paon du Congo, une espèce de primates, récemment découverte, appelée Lesula, ainsi que le rare Cercopithèque dryade, connu localement sous le nom d’Inoko. La région abrite également une importante population d’éléphants de forêt d’Afrique dans la partie nord du parc. La pollution de la rivière Lomami met en mal la survie de ces espèces.
« La rivière Lomami prend sa source dans la province du Haut-Lomami à l’Ouest de la ville de Kamina, dans le territoire du même nom à plus de 1 100 km. nous retrouvons des animaux à ces endroits. Nous savons bien que nous sommes dans le parc national de la Lomami, nous avons peur que les animaux consomment en grande quantité cette eau toxique », s’est-elle inquiétée.
Le prix à payer est lourd pour la population. La consommation de ces poissons empoisonnés entraîne des conséquences dans l’organisme humain.
« En consommant ces poissons la nature et l’homme courent un grave danger, des risques de développer des maladies cancérigènes et les malformations congénitales. La communauté a été sensibilisée mais le message n’est pas capté par tout le monde. Nous les chercheurs du parc national de la Lomami, nous recommandons aux autorités du pays de prendre des mesures drastiques pour mettre les animaux du site à l’abri une mort permanente », a renseigné Julie Mukinzi.
Plusieurs espèces de poissons des rivières situées dans la zone tampon intégrante du Parc national de la Lomami sont en voie de disparition. Cette disparition est causée par la pêche à base des produits toxiques. À Kindu une loi portant sur la réglementation de pêche a fait parler un moment. Actuellement aucune entité n’a encore rapporté une quelconque contamination, mais le danger est là insiste la chercheure.
Albert MUANDA, depuis Kisangani