Le résultat d’une étude menée par les chercheurs de l’Université de Lubumbashi met en évidence 38 espèces des champignons déclarés comestibles en République démocratique du Congo. Le promoteur de cette découverte a également mis en exergue la connaissance endogène des peuples autochtones de la province du haut Katanga à travers des expériences sur la pharmacopée effectuées à partir de ces champignons comestibles. Les résultats de cette recherche ont été présentés au cours de la deuxième conférence internationale sur la biodiversité ce mercredi 08 Mars à Kisangani.
« Nous avons listé les champignons de la dénomination, Agaric, pleurote, Bolet, Russule, Tricholome, Cèpe, Tricholome gris, Champignon de Paris, Girolle, Chanterelle, Verpe, Hygrophore, Laccaire, Lactaire, Lépiote ou Coulemelle, Morille, Pied de mouton et autres. J’ai effectué cette étude qui a consisté à dresser cette liste des champignons qui sont réellement consommés. Pour appuyer cette démarche j’avais isolé une espèce locale « pleurote » et autres des grandes valeurs et j’ai pu faire leur domestication », a révélé Bill Kasongo, promoteur de l’étude.
Les experts en étude des champignons réunis dans un panel scientifique ont évoqué que la consommation des champignons par les populations conduit tout d’abord à réfléchir sur la classification, la production sociale du comestible et sur les dynamiques des catégories définies par ce processus.
« La population au niveau du haut Katanga consomme en moyenne deux kilogrammes de champignons par semaine. Nous avons compris que la conservation de la biodiversité concerne aussi le bien-être des populations autochtones. Raison pour laquelle nous avons projeté de loin notre vision sur la possibilité d’avoir d’autres espèces à soumettre au monde en général et en RDC en particulier pour lutter tant soit peu contre la consommation de la viande de brousse », ont rapporté les scientifiques.
Les champignons comestibles comme tout produit ligneux est saisonnier. La République démocratique du Congo présente un climat favorable pour la culture de cette viande naturelle. Cette démarche est saluée par les scientifiques pour ne pas rompre avec la chaîne de production de cet aliment source de vitamine B2 et B3, riche en eau et pauvre en calories soit 21,7 Cal/100 g.
« Je suis en train de lancer un plaidoyer pour qu’il y ait un encadrement de la population locale et autochtone par rapport à la préservation de la forêt. Pour se préserver de cette carence, il va falloir préparer ceux qui font la cueillette. Il faut les former sur comment cultiver. Il sera également question de les inciter à utiliser des produits forestiers non ligneux pour ne pas affecter l’équilibre fonctionnel des écosystèmes forestiers. Il y’a nécessité d’encadrer la population sur la culture des champignons pour que pendant la saison des pluies on se procure des champignons et saison sèche on les cultive », a renseigné Bill Kasongo, professeur à l’Université de Lubumbashi.
A Lubumbashi, les champignons sont vendus sur tous les marchés de la ville. « 1 kilogramme de champignons frais revient entre deux et quatre dollars. Les champignons contribuent énormément à la survie des êtres humains comme une nourriture et une source de revenus. Nous nous encourageons les uns les autres à tirer profit de cette ressource pour contribuer sensiblement aux revenus des ménages et à l’alimentation », a rassuré Edouard Ilunga wa Ilunga, professeur de l’Université de Lubumbashi.
Signalons que cette étude a été effectuée dans la province du Haut Katanga, dans la forêt claire de Miombo. Cette réserve au type zambézienne est partagée par la République du Burundi et la RDC dans la partie Sud-Est. Dans cette forêt, les communautés ramassent des chenilles comestibles et plusieurs autres insectes.
Albert MUANDA, depuis Kisangani