Les acteurs de la société civile environnementale réunis au sein de l’Action pour la Promotion et Protection des Peuples et Espèces Menacés (APEM), ont demandé à l’Etat congolais de sanctionner les irrégularités constatées dans les opérations de l’entreprise chinoise qui exploitent le bois d’œuvre dans les provinces et de l’Equateur et de la Mongala en République démocratique du Congo. Ils renseignent que leurs missions réalisées sur terrain en collaboration avec le Réseau des Observateurs indépendants des Ressources Naturelles (Renoi), l’ONG GASHE et AJBS ont révélé des irrégularités graves à l’encontre de la société COKIBAFODE qui opère dans cette partie de la République, notamment à Lisala. Ils ont validé ce plaidoyer, ce vendredi 23 décembre, à Kinshasa.
« Beaucoup de choses ont été constatées au niveau de terrain notamment la coupe de bois qui va au-delà de l’assiette annuelle de coupe. Cette activité est allée au-delà du périmètre autorisé à couper. Il y a même des coupes des essences qui ne sont pas mentionnées dans le permis d’exploitation. Il y a aussi toutes les questions sociales liées aux travailleurs. Par exemple l’absence des contrats de travail, de cadres de vie. Il y a beaucoup de choses qui, nous pensons, doivent interpeller tout le monde pour qu’il y ait évidemment une certaine amélioration », a déclaré Blaise Mudodosi, coordinateur de l’ONG APEM.
La société COKIBAFODE exploite dans les territoires de Ingende et Bikoro depuis plusieurs années. Ses concessions portent respectivement sur les contrats des concessions forestières CCF n°004 et n°008. Elle a commencé les activités depuis 2018 sous le label de Maniema Union II. Selon la position de l’administration forestière, la société avait succédé du côté de l’Équateur à la société ITB dans sa concession 013/11. Les documents de l’entreprise n’ont rassuré aucune transparence aux acteurs de la société civile.
« Les différents rapports des missions de contrôle forestier réalisées dans ces concessions renseignent que depuis 2018, Maniema Union II devenue COKIBAFODE ne détenait aucun document de planification de l’exploitation forestière, notamment le plan de gestion provisoire et le plan annuel d’opération. L’absence de planification de l’exploitation se répercute sur les droits des communautés qui négocient des projets communautaires par village ou par groupement selon le mouvement de l’exploitation dans la forêt, sans avoir des données sur la quantité des bois à exploiter. Ceci laisse des projets de construction des infrastructures scolaires et sanitaires inachevées faute d’une bonne planification », ont dénoncé les acteurs de la société civile.
La société civile dans son ensemble a plusieurs fois dénoncé auprès des coordinations provinciales et autorités provinciales à Lisala et à Mbandaka. Comme aucune réponse ne leur a été favorable, ils ont remonté avec le plaidoyer au niveau de la capitale congolaise. Confrontés à la même lenteur à Kinshasa, les acteurs ont appelé l’administration forestière nationale à prendre des actions concrètes à l’immédiat pour mettre de l’ordre dans le secteur.
« Aujourd’hui nous étions là pour réfléchir sur un certain nombre de constats et recommandations reformulées par nos partenaires de l’Equateur et de la Mongala sur la manière de travailler ou d’opérer d’une société industrielle du bois qui s’appelle COKIBAFODE après nos missions de terrain et des réunions organisées à Mbandaka et Lisala. Aujourd’hui il était aussi question de regarder toutes ces recommandations et voir les éléments qui peuvent entrer dans la liste des préoccupations adressées aux autorités du pays. Nous nous engageons à mener ces actions surtout à pousser les autorités à améliorer la situation sur terrain », a renseigné Blaise Mudodosi, coordinateur de l’ONG APEM.
Dans cette lutte, les organisations nationales et provinciales de la société civile environnementales regroupées au sein du Réseau des Observateurs indépendants des Ressources Naturelles (RENOI), attendent vérifier conjointement encore sur terrain, les irrégularités dans les concessions de COKIBAFODE, afin d’en tirer les conséquences de droit.
« On est très content d’avoir des éléments nécessaires pour nous permettre d’élaborer ce document. Ce texte s’adresse à des cibles qui ont été définies par les participants. Au regard de constats on a vu des éléments et des questions à porter vers le gouvernement central, au niveau provincial et au niveau local. Nous voulons démontrer les illégalités signalées dans les missions précédentes et amorcer ce plaidoyer pour obtenir de part et d’autre de changements capables à assainir le secteur », a rapporté le coordinateur de l’ONG APEM.
Cet atelier a regroupé les organisations de la société civile travaillant sur la thématique forêt et plus précisément l’exploitation industrielle du bois. Après avoir tablé sur un travail fait en amont dans les provinces, les acteurs ont mixé les exposés aux échanges interactifs suivi des travaux en carrefour pour consolider leur plaidoyer. Le contenu coulé sur ce document sera transmis aux décideurs dans les prochains jours.
Albert MUANDA