« Nous sommes ici depuis 09 heures du matin. Maintenant il est 13 heures mais nous n’avons toujours pas de carburant car les militaires viennent avec beaucoup de bidons et des fûts et on leur vend de l’essence avant tout le monde. Pourtant, il avait été dit que chacun a droit à 20 litres seulement afin de permettre à tout le monde d’en avoir ». S’est indignée la foule rencontrée à la station Total située sur l’avenue de la Libération, ex 24 novembre.
Dans ses balades quotidiennes, à la recherche des informations puisées à la source, Environews rdc a fait la ronde de quelques stations-services de la ville province de Kinshasa pour palper du doigt les réalités de cette pénurie d’essence. Certaines stations-services font de leur mieux pour mettre de l’ordre et vendre du carburant à tous les citoyens selon l’ordre d’arrivée, mais cet ordre est perturbé par quelques autorités politico-militaires qui, une fois arrivées demandent à être servies sans attendre. Chose qui soulève ces gens qui, pour certains passent des longues heures, voire même des journées entières à attendre, tandis que d’autres y passent même des nuits.
Peut-on imposer l’ordre que l’on est soi-même incapable d’appliquer ?
« Regardez comment la station a établi un ordre. Nous sommes tous en file indienne pour être servis. Ils ne vendent pas du tout aux personnes qui ne respectent pas la file. Mais nous voyons des personnes venir avec des titres tels que DG ou Colonels pour être servis avant tout le monde. Est-ce normal ? Après que les militaires aient pris des gros bidons, les policiers sont venus avec des fûts et ont été servis avant nous. Sont-ils plus humains que nous ? », se sont indignées les personnes qui attendaient d’être servies à la station ci-haut citée.
Pas plus tard que dans la nuit du jeudi 08 septembre 2022, pendant qu’un désordre complet régnait à la station-service Okapi de Brikin, dans la commune de Ngaliema, où tout citoyen voulait être servi le premier, un militaire en tenue est allé en rajouter en frappant au coup de matraque tout individu qui ne dégageait pas le passage pour qu’il soit servi. Cela a enflammé la colère de la population. Alors, c’est la bataille de bidon, où seuls les forts et les persévérants sont restés attendre. « J’ai reçu un coup de matraque en plein milieu de la tête », a confié un jeune taximan.
Après plusieurs heures d’attente, le gérant de cette station a finalement décidé d’éteindre les lumières sans pour autant expliquer à ses clients ce qui se passait. Même cas pour plusieurs autres situations visitées.
« Ces gens ne nous respectent pas. Nous sommes ici depuis hier mais ils ne vendent qu’aux personnes recommandées ou aux autorités qui viennent après nous. Et, comme si cela ne suffisait pas, ils arrêtent de vendre sans dire un mot. Nous ne savons pas s’il faut continuer à attendre ou partir », se sont plaints les chercheurs de carburant.
Acheter de l’essence à Kinshasa devient aussi complexe que trouver de l’or. « Nous nous questionnons quand même sur ces fûts et gros bidons que viennent remplir les hommes en uniformes. Certaines sources renseignent qu’ils en ont fait un business. Ils puisent pour revendre », ont ajouté ces citoyens trouvés dans les stations-services.
Il serait mieux que l’autorité compétente se penche sérieusement sur cette question afin de rétablir l’ordre dans ce secteur, l’un des cruciaux de la vie quotidienne.
Sarah MANGAZA