Les rangers sont des paramilitaires qui travaillent dans les parcs nationaux, réserves naturelles et aires protégées pour la conservation de la faune, de la flore et de la vie sauvage. Ils contribuent au développement de pratiques durables et respectueuses de l’environnement, luttant notamment contre le trafic illicite des ressources naturelles. Chaque 31 juillet, le monde célèbre le travail de ces héros qui se sacrifient pour la protection du capital naturel. En République démocratique du Congo, le directeur général a.i. de l’ICCN (Institut Congolais pour la Conservation de la Nature), a profité de cette journée, pour lancer l’ambitieux projet Ishango. La cérémonie du lancement a eu lieu au Domaine de chasse et réserve de Bombo Lumene, à 120 kilomètres de Kinshasa.
« Le choix de Bombo Lumene pour démarrer ce grand projet n’est pas un hasard. Ce domaine de chasse et réserve est la symbolique de l’état des lieux que nous avons fait avec toute mon équipe il y a presqu’un an. Nous avons trouvé certaines aires protégées qui étaient quasiment à l’abandon, avec des situations sociales dramatiques des personnes qui engagent leur vie pour la conservation de la nature », a informé Olivier Mushiete.
Le projet Ishango consiste en la réforme du personnel de l’ICCN, afin d’optimiser leurs conditions de vie. Ce vaste programme devra aider à la promotion du personnel existant, la mise à la retraite de ceux éligibles, et au recrutement de nouveaux agents.
« Parmi les premières activités que nous avons décidé de faire avec nos ministres de tutelle notamment, la vice premier ministre en charge de l’Environnement, le ministre de la défense et celui du tourisme c’est de nous engager dans un processus ambitieux de réforme de l’ensemble du personnel de l’ICCN. Nous allons établir une feuille de route complète qui expliquera étape par étape comment on va arriver à 100% de la régularisation du personnel », a-t-il précisé.
Pour le site de Bombo Lumene, au total, 22 agents et écogardes ont reçu de mains du DG a.i. leurs lettres de notification, lors de cette journée. « J’ai fait 20 ans de services ici, je n’ai jamais reçu une quelconque promotion. J’étais agent administratif, aujourd’hui je suis agent principal. Je vais travailler encore mieux au service de la Biodiversité », s’est enthousiasmée Judith Nga Ba, agent à Bombo Lumene.
Pour le directeur chef de site de Bombo Lumene, Valentin Mbenzo, c’est un plaisir de voir des gens qui ont travaillé durant 10, 15 ou 20 ans être promus. Cet acte d’encouragement va créer de l’émulation au sein de ses équipes qui vont donner le meilleur d’eux. « Pour ces agents, le fait d’être promu, c’est une considération énorme. J’ose croire avec beaucoup d’assurance qu’ils vont beaucoup se motiver », a-t-il déclaré.
Ce programme démarré à Bombo Lumene va s’étendre sur l’ensemble du personnel l’ICCN, à travers son réseau des aires protégées et parcs nationaux. ICCN entend à la fin de ce projet rajeunir son personnel, et le mettre dans les meilleures conditions de travail. Un premier bilan estime les effectifs du personnel de l’ICCN à plus de 3500 agents. Généralement trop âgés (60%), peu formés, insuffisamment équipés, faiblement et mal payés, les agents de l’ICCN comportent moins de 8% de femmes inéquitablement réparties géographiquement et dans la hiérarchie de l’organigramme. L’ensemble du personnel accuse un retard en avancement, en grade et contient un pourcentage élevé de nouvelles unités non mécanisées.
Pour relever les défis d’une gestion durable axée sur les résultats, le nouveau management de l’ICCN estime très urgent de revisiter son cadre institutionnel pour atteindre un effectif minimum de 6000 agents composés au moins de 50 % des femmes ceci à l’horizon 2027. Cette nouvelle équipe, plus jeune, plus féminine, mieux payée, mieux équipée, bien logée et soignée sera dès lors beaucoup mieux en mesure d’accomplir sa mission fondamentale de conservation de la nature congolaise et de sa biodiversité.
Notons que la mise en œuvre de cette nouvelle vision passe par une révision juridique du statut du personnel de l’ICCN, tout en mettant en place un nouvel organigramme, une description précise des postes et des missions de chaque agent et un budget adapté.
Alfred NTUMBA