Pollution : Voici les résultats d’analyses préliminaires une année après l’incident sur les rivières Kasaï et Tshikapa
Des poissons morts des suites de la pollution d'une rivière en RDC

Les résultats d’analyses sur la pollution des rivières Tshikapa et Kasaï révèlent que les impacts liés à cette pollution sont toujours perceptibles au sein des communautés. Le nombre de personnes exposées à cette pollution ne cessent d’augmenter puisque la population ne sait pas se priver d’une année et trois mois en ressources en eau, bien que polluées.  Cette étude, après une catastrophe écologique, a documenté la contamination de ces rivières par les composés chimiques dont le nickel et l’uranium, le lithium et l’éthanol. La présence de ces métaux était tracée parmi les populations riveraines touchées.  Cette étude préliminaire a été rendue publique le mardi 31 mai à Kinshasa.

« Les faits graves qui se sont produits au Kasaï pour nous ce n’est pas passé. Parce que ce n’est pas le fait que l’eau redevienne normale au point de vue couleur que la pollution est passée. Là, nous continuons à fouiner et à constituer un bon dossier pour pouvoir défendre la population congolaise par rapport à un principe connu, celui du pollueur-payeur. Je salue la solidarité des collègues députés nationaux qui sont acquis à cette cause. Nous constituons un collectif important pour revendiquer les droits des congolais par rapport à leur vie, et à leur environnement », a déclaré Guy Mafuta Kabongo, avocat et député national, élu de Tshikapa.

Les effets liés à cette toxicité dans l’organisme humain, ainsi que dans le milieu aquatique restent encore méconnus. A en croire les scientifiques présents à la présentation de ces résultats, les enquêtes sur les événements de pollution à grande échelle doivent être intensifiées dans la région. Cette démarche permettra de certifier le pouvoir de germination de cette eau, ainsi que l’adaptation des êtres aquatiques vivants dans ces rivières.

 « Notre étude est certifiée nous avons travaillé avec des laboratoires du pays et de la Belgique, la France afin d’opposer les données obtenues », a renseigné le docteur Rémy Mpulumba, doctorant et chercheur congolais.

Quatre des cinq territoires de la province du Kasaï sont touchés jusqu’à présent par la pollution, 968.000 habitants affectés et 161.490 ménages concernés. La situation est prise au sérieux, du côté de certains députés du pays. Le député Guy Mafuta est un élu de Tshikapa, et président de la Fondation Muna Yala. Il a porté le dossier au parlement congolais pour susciter plus d’implication des institutions nationales dans cette urgence.

« Le gouvernement a pris la décision d’interdire à la population d’accéder à l’eau aujourd’hui une année après, aucune décision contraire n’ait été prise.  Pour nous, nous trouvons que c’est quand-même grave. Il est grand temps que les analyses subséquentes soient faites pour qu’on dise à la population que l’eau est redevenue propre à la consommation. On avait promis trente puits d’eau pour soulager la population, malheureusement il n’y a eu aucun forage fait par rapport à cette pollution », s’est indigné l’élu de Tshikapa.

Les victimes de la pollution des eaux des rivières Kasaï et Tshikapa réclament justice et réparation pour avoir subi la pollution occasionnée par le déversement de substances toxiques par l’usine de traitement de diamants basée à Lunda Norte en Angola.

 « Aujourd’hui la population victime subit des douleurs abdominales à 8%, l’éruption cutanée à 16%, diarrhée à 16% et nausée à 3 %. La pollution a également eu des répercussions sur l’environnement et sur l’économie avec un manque à gagner pour les commerçants et pêcheurs qui ne peuvent plus mener leurs activités », ont révélé les scientifiques.

Les actions environnementales en République démocratique du Congo sont régies par 48 lois. 16 infractions ont été mises en place pour sanctionner la pollution liée à l’eau.  L’article 110 de la loi 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau donne la possibilité à plus de quatre mille victimes à entamer une action en justice.

« Le fait de déverser des substances dont l’action ou réaction entraînent ou sont susceptibles d’entraîner des effets nuisibles sur les écosystèmes aquatiques entraîne la prison pour une année à cinq ans et une amende d’un million de francs congolais ou de l’une de ces peines », a précisé dignité Bwiza, avocate, et spécialiste de droits de l’environnement.

Signalons que c’est depuis fin juillet que les rivières Tshikapa, Kasaï, Fimi et Kwilu sont touchées par une importante pollution. Des poissons et des animaux aquatiques ont été retrouvés morts. Une action a été menée en justice de la part de la Fondation Muna Yala dont  l’audience a eu lieu le 21 mars au Tribunal de Grande Instance  de Tshikapa. L’accusé, donc  la partie angolaise n’avait pas été représentée à cette audience et l’affaire a été prise en délibérée par le tribunal avant que le jugement ne soit rendu.

Albert M

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