Un rapport de l’Observatoire indépendant Observation indépendante de la mise en application de la Loi Forestière et de la Gouvernance (OI–FLEG), relève des illégalités dans l’exploitation forestière dans la province de la Mongala. Cette mission conjointe avait été initiée du 12 au 26 novembre 2021, par la Cellule de Contrôle et de Vérification (CCV) du ministère en charge des forêts, suite aux informations rapportées sur des cas d’exploitation illégale observées dans la province susmentionnée par certains opérateurs industriels. Les conclusions de ce rapport ont été rendues publiques ce mardi 03 mai, à Kinshasa.
Les enquêtes ont été diligentées dans les concessions CCF 004/20, 052/ 14, et 036/11 respectivement appartenant à COKIBAFODE, BOOMING GREEN, et FORABOLA, se trouvant toutes dans les territoires de Lisala et Bongandanga.
« L’Observateur Indépendant (OI) a constaté que la société COKIBAFODE utilise un personnel chinois non expérimenté dans le secteur forestier et ne sachant s’exprimer ni en français (langue officielle en RDC) ni en Lingala (langue locale dans la province de la Mongala). Ce déficit technique et communicationnel a un grand impact négatif sur le respect des normes d’exploitation forestière prévues par la réglementation en vigueur ainsi que sur la communication avec le personnel de la société, les administrations locales et les communautés locales », indique ce rapport.
Selon ce rapport, cette situation est consécutive aux manquements à la mise en application de la législation forestière. Ce qui relève de la responsabilité de l’administration forestière et qui entravent la bonne gestion forestière.
« Il s’agit principalement de la non tenue des missions de contrôle forestier dans la province, de l’attribution des Permis de coupe industrielle de bois d’œuvre (PCIBO) en l’absence du Plan Annuel d’Operations (PAO), du Plan de Gestion Provisoire, de la confusion entretenue par la DGRMO pour le payement de la taxe de superficie par COKIBAFODE pour l’exercice 2021 », précise ce rapport.
Selon les enquêteurs, la société chinoise COKIBAFODE exploite systématiquement la forêt en violation des règles et normes prescrites dans le secteur, à savoir absence de tous les documents d’exploitation, absence d’un système de traçabilité des bois abattus et la matérialisation des limites. La société a cependant construit les infrastructures sociales conformément à la réglementation en vigueur et en accord avec les communautés bénéficiaires.
La société Booming green quant à elle, accuse souvent du retard dans les déclarations trimestrielles. L’entreprise coupe sans autorisation préalable l’essence Makore. Booming green accuse également l’absence d’équipement de protection individuelle (EPI), avec une Base-vie non conforme.
« La société Booming Green a mis en place un système de traçabilité électronique qui permet de retrouver facilement les bois dès leur abattage jusqu’à l’exportation. La société dispose de tous les documents et cartes d’exploitation », indique ce rapport.
A la lumière de ce rapport, sur les trois concessions visitées, seule la concession de FORABOLA respecte les textes qui régissent le secteur d’exploitation forestière en RDC, cela malgré que l’entreprise accuse l’absence d’EPI, et de Base-vie. Pour la société, toutes les bases vie construites précédemment dans le groupement de BUELA, NDEKE et BOKUTU ont été détruites par les communautés lorsque l’abattage devait s’effectuer dans un autre groupement parce que ces communautés n’y trouvent plus leur compte.
« La société FORABOLA tient les documents d’exploitation à jour et procède à la matérialisation des limites des AAC dans le chantier de coupe. La carte d’exploitation est disponible et les rayons délimitant les blocs sont visibles. Le système de marquage est bien appliqué. Les arbres exploitables, les arbres à protéger et les arbres à venir sont bien marqués. Il en est de même des souches, les billes, les grumes après l’abattage », peut-on lire dans ce rapport.
L’Observation indépendante recommande par ailleurs à vice primature en charge de l’Environnement de s’assurer de la conformité de chaque demande d’exploitation avant l’octroi d’un permis de coupe de bois d’œuvre. De procéder à la suspension des activités de COKIBAFODE au regard « du caractère douteux » de son contrat de concession forestière (le CCF n° 004/20) en attendant les résultats de la revue légale des titres forestiers.
Vous pouvez télécharger le rapport ici
Nelphie MIE
Un commentaire sur “Forêt : Un rapport de l’Observation indépendante relève des illégalités dans l’exploitation forestière dans la Mongala”
Il est important d’avoir ces genres d’alerte pour que le ministère de tutelle s’en serve pour prendre des actions réelles de protection de l’environnement.