Les conflits récurrents qui opposent les parcs nationaux et autres aires protégées de la République démocratique du Congo aux communautés locales sont souvent attisés par les intérêts. Si pour les aires protégées dont font partie les parcs nationaux, l’intérêt se résume en la protection des espèces de faune et de flore, pour les communautés locales vivant dans et autour de ces espaces, l’intérêt est l’accès aux ressources naturelles pour leur survie et développement socio-économique.
« Qu’est-ce qu’on gagne en protégeant les animaux ? Pourquoi protéger les animaux et non la population ? », autant de questions qui reviennent souvent, lorsqu’on parle de la conservation aux communautés locales. Le paysage Salonga, comprend le parc national de la Salonga et une zone adjacente d’une bande de 20 kilomètres, couvrant sept territoires et plusieurs centaines (500) de villages des communautés riveraines disséminés dans quatre provinces se partagent son espace.
Le parc est souvent confronté aux réels défis de la conciliation de la conservation aux impératifs du développement des communautés locales et peuples autochtones. S’il avait été l’objet des accusations de violation des droits de l’homme, c’est à cause notamment de ce climat délétère qui serait alimenté par l’absence ou insuffisance de bénéfices de la gestion du parc tirés par ces communautés locales.
Le bien-être et le mieux-être des communautés
Face à cette situation, le parc national de la Salonga, avec l’aide de ses partenaires, s’est engagé à mettre en œuvre la stratégie de la conservation communautaire conformément aux orientations de la stratégie nationale de conservation de la biodiversité (SNCB). Une stratégie qui place l’homme au centre des intérêts, estime les gestionnaires.
« Notre cible, ce sont les communautés qui vivent autour du parc de la Salonga. Le bien-être et le mieux-être font appel à une approche intégrée. Pour nous, il est difficile de conserver la biodiversité à côté des populations économiquement faibles», a indiqué Alfred Yoko.
Selon une étude menée en 2020 sur le bien-être des communautés vivant autour du parc de la Salonga, globalement, on constate une diminution du taux des ménages dans les catégories dites « pauvre » et « limite », et une augmentation au niveau de la classe dite « acceptable » : en 2020, 84% des ménages ont une qualité d’alimentation dans le seuil acceptable, contre 65% en 2018. En 2018, les ménages ayant une qualité dite « pauvre » (11%) sont identifiés en grande partie dans les territoires de Monkoto et Bokungu, tandis qu’en 2020 (4%) le sont majoritairement à Dekese.
Pour réussir le challenge d’une conservation au service du développement des communautés, un travail de fond a été mené par l’ICCN (Institut Congolais pour la Conservation de la Nature). Ce travail basé sur l’approche de durabilité dans la production agricole et forestière, et l’utilisation des services écosystémiques contribue aujourd’hui au développement socio-économique des populations riveraines.
« Tout passe par la sécurité alimentaire. Les communautés bénéficient aujourd’hui de l’appui au petit élevage, et du programme de multiplication et diffusion des semences améliorées. Nous travaillons pour valoriser les cultures pérennes, notamment la production d’huile de palme à Oshwe, et la culture du caféier dans la Tshuapa », a informé ce cadre de WWF-RDC.
Responsabiliser les communautés
Le parc s’investit dans la sédentarisation des communautés afin de limiter leur empreinte sur la conservation de la biodiversité. Près de 200.000 hectares des forêts communautaires ont été créés. Et, 200 fermes pilotes installées et rendues opérationnelles grâce à l’appui des projets aux fermiers pilotes choisis par les comités locaux de développement (CLD) dans les différentes localités.
« Nous sommes parvenus à légaliser la création de ces forêts communautaires. Et l’autorité a remis officiellement ces forêts aux CLD », a renseigné Pascaline Mvula, experte en charge de l’environnement à la COFED.
Le parc envisage de nouer des partenariats avec le secteur privé pour valoriser davantage les zones tampon de développement durable. « Nous WWF, nous avons une approche qui pense à faire des forêts communautaires des zones tampon autour du parc », a déclaré Inoussa Ndjumboket, expert en charge de la foresterie communautaire du WWF-RDC.
Pour capitaliser tous ces efforts de développement, le parc de la Salonga se tourne vers la conservation inclusive. Cette approche veut que les communautés qui vivent autour de cette aire protégée, soient les premières actrices de sa protection par leur implication et appropriation de toutes les activités de gestion du parc, mais qu’elles intègrent la conservation dans l’utilisation des ressources naturelles de leurs terroirs. Par ailleurs, il faut qu’elles considèrent ce patrimoine comme leur bien, et qu’elles s’identifient à lui.
Notons que le parc de la Salonga figure parmi les cinq aires protégées ayant bénéficié de l’appui de l’Union européenne à travers le programme Environnement et Agriculture durable. Ce programme lancé en 2015 a touché à sa fin en décembre 2021. Il sera remplacé par un nouveau qui s’étalera sur dix ans.
Alfredo Prince NTUMBA
Un commentaire sur “Conservation : Le Parc de la Salonga et la conservation inclusive”
Il faut vraiment agir très rapidement dans le parc SALONGA et pareillement dans d’autres réserves car la population des éléphants et des Bonobo diminués sans oublier la destruction des écosystèmes forestiers