Un jeune autochtone pygmée a été tué dans le Parc national de Kahuzi-Biega. Mbone Nakulire Christian, 16 ans, a été abattu à bout portant par une garde de Parc lors d’une patrouille de routine, le 29 août 2017.
Dans un communiqué conjoint, le Centre d’accompagnement des autochtones pygmées et minoritaires vulnérables (CAMV) et Forest Peoples Program (FPP), condamnent avec la dernière énergie cet acte ignoble sur un mineur et appellent les autorités civiles et politiques à ouvrir une enquête pour faire la lumière sur cette affaire.
CAMV et FPP appellent l’ ICCN et les autorités politiques au respect des engagements pris dans le cadre du processus de Whakatane 1.
Selon ces organisations, à voir de près, ce meurtre n’aurait eu lieu si les droits fonciers des peuples autochtones pygmées (Batwa) étaient reconnus et sécurisés par les pouvoirs publics. Si la feuille de route de Whakatane était effectivement mise en œuvre, les Batwa auraient pu vivre dans les 3 zones pilotes identifiées au PNKB, précisé ce communiqué qui indique également que la présence de ces pygmées à la recherche de plantes médicinales sur leurs terres ne serait considérée, comme un crime mais plutôt une pratique de leurs connaissances écologiques sur leurs terres coutumières.
Pour rappel, les faits remontent à la matinée du samedi 26 août 2017 aux environs de 9 heures. Lorsque Munganga Nakulire, le père accompagné de feu Christian Mbone Nakulire, s’étaient rendus dans le Parc de Kahuzi Bièga, chercher des plantes médicinales en vue de soigner son enfant souffrant de la diarrhée.
Arrivés les deux sur la colline Bahaya, ils ont croisé quatre éco-gardes, soudain, l’un d’entre eux ouvre le feu en tirant à bout portant sur le père et le blaisse au niveau du bras droit.
Ce dernier réussit à s’enfuir malgré la blessure, laissant derrière lui son enfant, qui sera par la suite abattu froidement, sans autres formes de procès, a témoigné le père du défunt.
Suite à ce drame, quelques altercations ont eu lieu et de vives tensions sont observées depuis, sur le site du PNKB. «Nous n’avons jamais tué un gorille moins encore un éco-garde ou un touriste. Alors pourquoi on doit nous tuer de cette manière ?», a précisé Ntavuna, chef du village Buyungule dans le groupement Miti, à Kabare.
CAMV et FPP invitent tous les partenaires, notamment le gouvernement de la RDC au respect strict des articles 512 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certaines dispositions constitutionnelles en RDC, ainsi que des articles 5 et 74 de la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (DNUPA).
Jennifer LABARRE