Menacée autrefois de sanctions par la CITES (Convention sur le commerce international des éspèces de faune et de flore sauvages ménacées d’extinction), à cause de l’intensité d’activités de braconnage des éléphants et du trafic illicite de l’ivoire, la République démocratique du Congo affiche aujourd’hui des performances dans la lutte contre ce fléau.
Deux ans après la mise en oeuvre du PANI (Plan d’Action National pour l’Ivoire) tel que recommandé par le Secrétariat de la CITES, la RDC compte parmi les bons élèves, avec une mention de 65% d’avis favorable. Ces résultats ont été révélés lors d’une activité en marge de la célébration de la journée internationale de l’éléphant, organisée ce jeudi 31 août à Kinshasa.
“En terme de réalisations, il y’a eu entre autres, la publication de deux arrêtés portant supression du commerce de l’ivoire. Au mois de janvier 2015, nous avons saisi 272 kilogrammes d’ivoires, 52 kilogrammes en avril et 138 kilogrammes saisis en juillet 2015“, a declaré le Point focal PANI en RDC, René Kakwanda Kabange.
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A cela s’ajoute également, le renforcement des capacités de magistrats, plusieurs procès et jugements obtenus contre les braconniers et les trafiquants, ainsi que l’implication dans la lutte contre la criminalité faunique, de différents services d’intelligences aux postes frontaliers du pays.
Les différentes actions menées notamment dans le cadre de ce plan d’action, ont permis le démantelement de certains réseaux de trafiquants de l’ivoire, ainsi que la fermeture du Marché Bikeko à Kinshasa.
“Il n’existe plus des objets en ivoire dans ce marché“, a affirmé Guylain Biambala Mbeba, vendeur des objets d’art au Marché Bikeko. Cet artiste plaide également pour l’indemnisation ou la prise en charge par l’Etat, des commerçants dont les objets en ivoire ont été saisis lors de différentes opérations coup de poing organisées par l’ICCN et la Police nationale congolaise dans ce marché, situé à la place Royale au centre-ville de Kinshasa. “Ils [les commerçants] ne vivaient que de ce commerce. Mais toutes leurs marchandises ont été confisquées, alors il faut penser à leur survie ainsi que celle de leurs familles“, a-t-il insisté.
Si les résultats sur la fermeture du célèbre marché de vente d’objets en ivoire a été atteint à Kinshasa, cependant, des éfforts doivent être mutualisés davantage, pour démantelé les réseaux des trafiquants de l’ivoire, fermer les marchés de l’ivoire encore ouverts sur l’ensemble du territoire national, afin de stopper les massacres des éléphants.
“On estime que des dizaines de milliers d’elephants sont tués chaque année juste pour recolter l’ivoire pour une vente sur le marché noir. Cette criminalité n’a pas épargné la RDC qui compte à ce jour, moins de 10.000 éléphants, alors qu’elle en comptait 100.000 en 1980“. A révélé, la Représentante du Directeur national de WWF-RDC, Mireille Adunagow.
Les guerres civiles que la RDC a connu de 1990 à 2010, ont amené le pays à un niveau très élevé du braconnage perpétré spécialement par les différentes troupes en présence, ainsi que les fugitifs qui ont envahi les aires protégées dans le but de s’y trouver refuge. Pendant ce temps, plusieurs éléphants on été tués pour financer les groupes armées. De 2005 à 2017, l’ICCN aurait perdu près de 300 écogardes.
Selon les inventaires réalisés récemment par l’ICCN et ses partenaires, la RDC a perdu presque 70% de ses éléphants, les dix dernières années. “Les populations des éléphants existent aussi bien dans les aires protégées que dans les zones périphériques. Selon les dernières compilations de données réalisées par l’UICN ( Union Internationale pour la Conservation de la Nature), sur le statut de l’éléphant d’Afrique en 2016, la population des éléphants de la RDC, est estimée globalement entre 7.803 et 9.855 “, a informé le directeur de Cabinet de l’ICCN, Paul Nlevo.
En effet, il y’a lieu de relever que l’inventaire réalisé dans quelques aires protégées de l’ICCN, ont permis de dénombrer dans le Domaine de chasse de Bili-Uelé entre (1000-3000 éléphants), au Parc national de la Garamba (3000-4500 éléphants), à la Réserve de Faune à Okapi (2000-4500 éléphants), au Parc national de la Maiko (1000-2500 éléphants), au Parc national la Lomami (500-750 éléphants), au Parc national de la Salonga (1000-2000 éléphants), au Parc national de Virunga (300-350), enfin dans la Réserve naturelle de Tumba Ledima, considérée en 1980, comme la bastion des éléphants, l’on y dénombre entre (100-300 éléphants).
Les éléphants contribuent énormément dans le maintien des écosystèmes forestiers pour l’atténuation des changements climatiques, et dans le maintien de la vie sur la terre. Leur disparition pourrait avoir des conséquences incalculables sur la survie de l’humanité.
Alfred NTUMBA