Climat : L’Ordre National des Architectes de la RDC pour des villes écologiques
« Adaptation aux changements climatiques des établissements informels en milieu urbain », c’est le thème choisi par l’Ordre National des Architectes de la RDC pour la journée mondiale de l’archtecture, célébrée chaque premier lundi du mois d’octobre, concomitamment avec la journée mondiale de l’Habitat. Les ingénieurs architectes ont réfléchis lors d’une matinée scientifique ce lundi 4 octobre 2021 au musée national de la RDC, sur les défis et stratégies pour adapter le développement des villes aux réalités climatiques, afin de contribuer à la réduction de la production de carbone favorisée par l’expansion de l’habitat ou du peuplement de la planète.
La matinée scientifique de l’ONA était dictée par le fait que le défi à relever dans le secteur de l’habitat, de l’architecture et d’infrastructures est tellement énorme dans le contexte de changement de direction et développement du pays, qu’il appelle à une prise de conscience collective pour que le rôle de tous les professionnels du secteur soit utile et impacte réellement d’une manière positive le changement dont le pays a besoin.
« D’où l’importance de réfléchir sur l’adaptation aux changements climatiques des établissements informels en milieu urbain d’une part, et d’autre part, découvrir le potentiel qui est le nôtre et la capacité des professionnels du secteur, à mettre au service du Gouvernement pour accélérer ce processus du développement, » a indiqué en luminaire le président de l’ONA, Fiyou Ndondoboni.
Deux sous thèmes ont été exposés à l’intention de l’assistance composée des architectes membres de l’ONA, les administratifs du public et du privé, des partenaires qui accompagnent l’ONA et les étudiants des instituts supérieurs qui organisent des filières liées à l’architecture ; ces derniers ont, avant la conférence, présenté plusieurs projets et plans d’infrastructures qui prennent en compte la dimension climatique et de la préservation de l’environnement dans les villes du future. Cette présentation s’est faite à travers une exposition dans le hall du musée national de la RDC transformé en galerie d’art architectural pendant quelques heures.
Le professeur Urbain Mbenga était le premier à exposer sur le sous thème « les établissements informels de Kinshasa face aux changements climatiques.» Il a dans sa présentation, tenté de répondre à trois questions : comment Kinshasa fait face aux changements climatiques dans sa façon de se développer ; est-ce que Kinshasa est la cause ou subit les changements climatiques ; et quelles sont les stratégies d’adaptation.
Dans sa présentation, il démontré que Kinshasa développe un habitat informel intense, ce qu’il a qualifié de l’ordre dans le désordre. En voulant permettre à chacun d’avoir sa maison, on crée des lotissements partout, dans les zones à risques et dans les zones de squatting où chacun construit comme il peut avec les matériaux non appropriés; ce, dans une précarité physique et juridique. Ce qui engendre en conséquence un cercle infernal caractérisé par : changements climatiques-pauvreté-vulnérabilité.
L’expert a proposé comme stratégies : le retour à l’architecture bio climatique qui tient compte de la satisfaction de l’environnement thermique et de l’adéquation climat-bâtiment-comportement de l’occupant. Autre stratégie, le concept des cités vertes ou green cities où on retrouve notamment, la végétalisation de certaines surfaces (toitures et façades des maisons) ; l’arboriculture urbaine ; le Low Tech avec les matériaux naturels et matériaux blanches ; la technologie propre : véhicules électriques, piste recyclable, construction avec les matériaux locaux et des forêts urbaines. Il a cité pour exemple la ville verte de Gasambo au Rwanda.
Le professeur Mbenga a terminé son exposé par les défis à relever pour une ville durable. Il en a cité trois à savoir : primo, l’application du système POET; secundo, La lutte contre la pauvreté et tertio, Le comportement de l’occupant. Le système POET, a-t-il expliqué, impose aux dirigeants de considérer quatres choses dans leur planification de l’extension ou la création des villes. P comme population : son accroissement et le besoin en immobilier ; O comme organisation : une bonne gouvernance des espaces ; E=Environnement : la vulnérabilité physique et financière ; T=Technologie : une architecture adaptée.
Le deuxième intervenant du jour a abordé le sous thème « L’architecture tropicale à Kinshasa, histoire d’un combat pour une ville saine ». Le professeur Alexis Tshunza Kabeya a retracé l’historique de la création et l’évolution de la ville de Kinshasa ; il a appelé les architectes et les autorités à une franche collaboration pour stopper l’extension désordonnée de la ville, de considérer les enjeux climatiques du moment et futurs pour que Kinshasa et d’autres villes du pays se développent dans un schéma qui permet de vivre confortablement, avec des modèles de construction adaptée au climat.
Satisfait du bon déroulement et de la qualité des échanges, Fiyou Ndondoboni président de l’Ordre National des Architectes de la RDC, a réitéré son vœu de voir s’établir entre sa structure et le Gouvernement, une bonne collaboration pour des solutions adaptées aux problèmes soulevés. Ceci, dans le souci de mettre fin au développement des établissements informels qui se font sans aucun respect des normes architecturales et urbanistiques. Et encourager l’éclosion des villes écologiques avec une faible production de carbone
« Il y a des grands défis à relever, il y a énormément des problèmes au pays, liés à l’organisation de des espaces et aux différentes occupations ; l’impact de l’environnement négatif sur les occupants ; tous ces problèmes font que la population est dans une certaine insécurité, et le Gouvernement semble débordé dans la gestion de cette multitude des problèmes. Voilà pourquoi nous en tant que professionnels nous avons des pistes des solutions et nous nous offrons au service de la nation. Et en tant que conseillers techniques du Gouvernement, nous souhaitons que pour toutes les questions liées à l’architecture, l’habitat, l’infrastructure dans ce pays, que l’autorité puisse nous consulter, que nous analysions ensemble les problèmes, pour que nos réactions et actions soient efficientes».
Et de marteler que : « à travers les exposés des intervenants ici, tout le monde s’est rendu compte du tableau sombre de la ville de Kinshasa, où il y a eu des travaux routiers qui ont complètement perturbé la canalisation de l’eau, tout le monde construit n’importe comment et n’importe où, et lorsqu’il pleut c’est des inondations, c’est l’érosion ; ce qui est déplorable ! Voilà pourquoi nous pensons organiser incessamment les états généraux sur l’architecture et l’habitat pour amener les autorités à mettre en application le plan directeur SOSAK (Schéma d’Organisation Stratégique des Agglomération de Kinshasa) qui est complètement oublié. Nous allons prendre des dispositions pour que ce schéma d’organisation s’applique afin que l’ordre et la discipline rentrent dans la gestion de la ville. »
Le représentant du Ministre d’état et Ministre de l’Urbanisme et Habitat à cette célébration, Monsieur Wembi a indiqué que « l’habitat ou le peuplement de la planète est l’élément premier dans la production de carbone, d’où, le développement des périphéries des villes doit se faire selon une bonne planification. Il a aussi insisté sur la mise en application de la police de construction et de l’urbanisme qui est le permis de construire, ce qui permettra aux architectes de rencontrer leur répondant au niveau de l’administration, pour qu’ensemble on évalue si le développement du projet ne favorise pas la production de carbone,» fin de citation.
Pour sa part, le délégué du Ministre d’état et Ministre de l’Aménagement du territoire, le Conseiller Kawabio a rassuré aux architectes de l’accompagnement de son ministère pour soutenir la construction et le développement des villes dans les normes afin de presever l’environnement et permettre une vie meilleure des populations.
Mulopwe Kalonji R.