Conservation : Du plateau de Bateke à la direction générale de l’ICCN, quelle est la vision de Olivier Mushiete ?

Plume vissée sur son chapeau borsalino vintage aux allures d’antan, Olivier Mushiete se montre plus rassurant devant la caméra. C’est sa première interview dans les médias depuis sa nomination. Il trouve des mots justes pour aborder sans ambages les questions d’actualité, et esquisser sa vision et sa politique pour le relèvement de cet établissement. « Cette plume m’a été donnée par mes oncles », argue-t-il. « Ça démontre à quel point j’ai des liens avec les communautés locales ».

Qu’allez-vous faire pour éviter les conflits entre écogardes et communautés locales ?

La question du droit de l’Homme dans les aires protégées de la RDC préoccupe à plus haut niveau notre invité. Olivier Mushiete entend renforcer le dispositif de collaboration entre les communautés vivant dans et autour des aires protégées, et les écogardes. « Je rends un hommage particulier aux communautés et populations autochtones autour de nos parcs et réserves. Car, ils sont les premiers surveillants de la nature congolaise », renchérit-il.

Olivier Mushiete veut corriger les erreurs du passé. Des erreurs commises notamment dans les parcs de la Salonga, Kahuzi-Biega et tant d’autres par les écogardes de l’ICCN, avec en toile de fond « violation des limites des parcs ».

« Ce sont des questions qui nous amènent en droite ligne sur la gouvernance coutumière. Quelle est l’efficacité des chefs coutumiers sur place à faire respecter les limites des territoires ? Cela passe également par l’éducation. Nous devons profiter de d’un bel appareil comme l’ICCN pour travailler en profondeur sur la révision du paradigme de la relation entre l’homme et la nature », a informé Monsieur Mushiete.

Il croit par ailleurs que par une implication forte des communautés locales dans le dispositif de gestion, « nous pouvons réussir à mieux protéger ces espaces. Une des politiques serait d’intégrer les membres de ces communautés au sein des écogardes, de sorte que les relations soient beaucoup plus étroites ». Pour cela, il compte investir davantage dans la conservation communautaire, celle qui met les communautés locales et peuples autochtones au cœur même de la conservation.

Avec une expérience avérée dans l’agroforesterie, le nouveau DG a.i. compte capitaliser cela au profit des communautés, avec à la clé, désintéresser les riverains des aires protégées en leur proposant des modèles qui permette de les orienter vers une activité positive durable.

 « Aujourd’hui en étant à la tête de l’ICCN, nous avons la possibilité de reproduire ce modèle à très grande échelle », a-t-fait savoir.

Olivier Mushiete compte beaucoup sur l’homme pour relever le défi de la conservation en RDC. « Si nous voulons réussir la difficile mission de la conservation de la nature, c’est avec les hommes que nous allons relever ce défi. Les hommes doivent être placés dans les meilleures conditions possibles pour exprimer leur savoir-faire », a-t-il relevé.

L’homme d’Ibi Batéké semble mesurer le poids du travail qui l’attend à la tête de cette institution, considérée autrefois comme un canard boiteux. A tort ou à raison, Olivier Mushiete pèse bien les mots, « je n’ai pas une baguette magique, si je n’y arrive pas, je rentrerai sur le plateau de batéké planter les arbres », lâche-t-il.  

Pendant sa mission à la tête de l’ICCN, Olivier Mushiete aura une lourde tâche de gérer près de 4 000 agents et cadres. Plus de 80% de ces travailleurs sont des écogardes, qui paient de leur vie la conservation.

Cette catégorie du personnel de l’ICCN retient particulièrement l’attention du nouveau DG a.i. « C’est l’occasion ici de rendre hommage à tous ces écogardes qui ont payé de leur vie, pour la conservation de la nature. De même pour ceux qui sont en vie et en service, je leur rends un vibrant hommage. Ils sont le moteur de ma motivation », déclare-t-il.

Olivier Mushiete veut saisir le taureau par les cornes. Car, pense-t-il, « en organisant correctement le travail de ceux qui sont sur le terrain, cela va résoudre les nombreux problèmes opérationnels », que connaît l’ICCN.

Comptez-vous faire appel à l’IGF (Inspection générale des finances) ?

L’Inspection générale des Finances est une arme redoutable dans la gouvernance financière en RDC. Olivier Mushiete n’exclut nullement de faire appel à l’IGF, mais à condition que …

La suite de l’interview dans le prochain article. Vous pouver suivre l’intégralité de l’interview ici https://www.youtube.com/watch?v=cwqXUHg71H8&t=29s

Alfredo Prince NTUMBA

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