La restauration des écosystèmes consiste à favoriser la génération des écosystèmes qui ont été dégradés ou détruits, ainsi que la conservation des écosystèmes encore intacts.
Et donc, tous les types d’écosystèmes peuvent être restaurés, qu’il s’agisse des forêts, des terres agricoles, des villes, des zones humides. En tant que tel, il se dégage que tous les acteurs peuvent être à l’origine d’une initiative de restauration (le Gouvernement central et des provinces, le Parlement, les entreprises, les communautés, les individus, les organismes de développement, etc.) étant donné que les causes de la dégradation des écosystèmes sont nombreuses, variées et susceptibles d’avoir des conséquences à plusieurs échelles.
La restauration des écosystèmes peut prendre de nombreuses formes, à savoir planter des arbres, verdir les villes, réaménager les jardins, changer les régimes alimentaires ou assainir les fleuves et les côtes.
En s’engageant ainsi à la décennie mondiale pour la restauration des écosystèmes, la patronne du secteur de l’environnement en RDC a jeté les bases d’une responsabilité gouvernementale face aux défis mondiaux consécutifs à la dégradation de l’environnement et à l’érosion de la diversité biologique.
Qu’est-ce qu’il faut faire, a priori ?
Restaurer les écosystèmes n’est pas une initiative nouvelle ni une innovation pour la RDC, mais un long processus pour lequel le pays s’est engagé depuis des années.
En effet, dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, les pays du monde se sont retrouvés en Allemagne en 2011 et ont pris l’engagement de restaurer un total de 500 millions d’hectares des terres dégradées et déboisées d’ici 2030 à travers le monde. C’est ce qui est qualifié de « Défi de Bonn » ou « Challenge de Bonn » ; pris comme effort mondial dont l’objectif était de restaurer 150 millions d’hectares de terres dégradées et déboisées d’ici 2020. Cet objectif sera étendu à 350 millions d’hectares d’ici à 2030 lors du Sommet sur le climat des Nations Unies à New-York en 2014, pour faire un total de 500 millions d’hectares.
Pour mettre en œuvre cet engagement, les Etats africains ont mis en place l’initiative pour la Restauration des paysages forestiers en Afrique (AFR-100), en tant que mécanisme par le biais duquel la Défi de Bonn est mis en œuvre en Afrique : l’Afrique s’étant engagée à restaurer 100 millions d’hectares des terres d’ici 2030.
La RDC s’est pour sa part engagée à restaurer 8 millions d’hectares de terres dégradées et déboisées dans le cadre de son engagement envers ce Défi de Bonn et de l’initiative AFR-100.
Et pour cristalliser cet engagement, la RDC a mis en œuvre plusieurs initiatives visant à restaurer ses paysages déboisés à travers plusieurs secteurs de la vie nationale. Au nombre de ces initiatives figurent le Programme présidentiel de reboisement « Jardins scolaires pour 1 milliard d’arbres à l’Horizon 2023 » qui vise à planter 1 milliard d’arbre en RDC à l’horizon d’ici à 2023, les aires de vie des Peuples Autochtones sous forme des Aires et Territoire du Patrimoine Autochtones et Communautaires (APACs), les différentes initiatives sous forme des programmes intégrés REDD+ (PIREDD), les initiatives de restauration appuyées par les partenaires au développement de la RDC, etc..
Pour assurer la réussite de la décennie sur la restauration lancée par le Gouvernement le 05 juin 2021, il convient que la RDC s’engage prioritairement à une évaluation ou un état des lieux de ses différentes initiatives de restauration des paysages avant de se lancer dans l’opérationnalisation de la décennie mondiale pour la restauration des écosystèmes.
Cet état des lieux permettra au Gouvernement de s’arrêter et d’analyser la situation actuelle de restauration des paysages forestiers et ses composantes en RDC (cadres politique, juridique, institutionnel, etc.), d’inventorier les différentes initiatives de restauration des paysages forestiers en RDC, de dégager les forces et faiblesses de la RDC dans la mise en œuvre du processus de restauration et d’identifier les outils et les options devant permettre à la RDC de quantifier les étendues restaurées afin d’atteindre son engagement de restaurer 8 millions d’hectares d’ici 2030.
Avec qui le faire ?
Parce que la restauration ne vise pas seulement à planter des arbres, mais également à verdir les villes, réaménager les jardins, changer les régimes alimentaires ou assainir les fleuves,… l’analyse de l’état des lieux se réalisera sous le leadership du Ministère en charge de l’environnement, qui impliquera un ensemble représentatif de parties prenantes dont le Cabinet du Chef de l’Etat, la Primature, le Parlement, les autres Ministères (Aménagement du territoire, Affaires Foncières, Agriculture, Mines, Energie, etc.), le secteur privé, les universités et institutions de recherche, les confessions religieuses, le secteur privé, les communautés locales et peuples autochtones, les organisations de la société civile, les partenaires techniques et financiers, etc.
C’est donc le fruit de cette évaluation concertée, dont la réalisation est urgemment appelée de tous les vœux, qui permettra au Gouvernement de la RDC de dégager les outils et options nécessaires pour procéder à la poursuite de la restauration des étendues restantes en vue de l’atteinte du cap ambitieux de 8 millions d’étendue des terres restaurées et reboisées d’ici 2030.
Me Felix Credo LILAKAKO MALIKUKA