15 ans après l’instauration du moratoire portant suspension de l’octroi des allocations forestières en République démocratique du Congo (RDC), la Société civile environnementale et Greenpeace ont organisé à Kinshasa, ce 15 mai, un atelier d’évaluation dudit moratoire.
Le but de cet atelier était de susciter un débat public constructif, en considérant les acquis enregistrés depuis son instauration et de convenir des meilleures approches consensuelles à son efficacité.
Pour MBUNGA LOSALE Chouchouna, membre la Société civile environnementale, le moratoire pris en 2002 a permis à la RDC, de prendre des options pour l’amélioration de la gouvernance forestière. « Nous de la société civile environnementale, sommes convaincues que le dénominateur commun qui nous lie est la forêt malgré la diversité d’approches pour sa gestion et sa préservation. C’est pourquoi, tous les acteurs oeuvrant dans ce secteur doivent travailler pour l’amélioration de la gouvernance forestière », a – t- elle précisé.
Si le moratoire en sois n’est pas une mesure irrévocable, cependant, il est un gage de confiance pour une meilleure gestion des forêts congolaise a estimé Raoul Musembula, Coordonnateur de Greenpeace en RDC. « Comme d’aucun ne l’ignore, avec ses 145 millions d’hectares de forets naturelles représentant environ 10% de l’ensemble des forets tropicales du monde et plus de 47% de celles de l’Afrique, les forets congolaises jouent un rôle essentiel dans la conservation de la biodiversité et la régulation du climat mondial. Ces millions d’hectares des forêts offrent aussi des moyens de subsistance et de production de revenus à des dizaines des millions de personnes appartenant aux groupes parmi la communauté forestière. Notre responsabilité est celle de protéger ces forets, pour le bien de toutes les générations de la RDC », a-t-il fait savoir.
En effet, les participants à cet atelier ont passé en revue l’état des lieux du moratoire de 2002. De leurs réflexions s’est dégagé un constat tel que la faible niveau de gouvernance forestière caractérisée notamment par l’absence à ce jour d’un document de politique nationale définissant les grandes lignes et orientations stratégiques du pays en adéquation avec les standards internationaux admis en matière de gestion durable des ressources forestières.
A ceci s’ajoute également l’absence des poursuites et sanctions efficaces contre les auteurs impliqués dans l’exploitation illégale et destruction des forêts ; alimentant ainsi continuellement et graduellement l’impunité et la corruption dans le secteur forestier, et la persistance récurrente des conflits de compétences entre les échelons de gouvernance forestière (national, provincial et local) rendant difficile l’application aisée du Code forestier et ses mesures d’application.
Notons par ailleurs que les panelistes ont saisi l’occasion pour explorer les meilleures pistes en vue d’aider à l’amélioration de la gouvernance forestière.
A l’issue de ces assises, les participants ont formulé des recommandations à l’endroit du gouvernement d’accélérer le processus d’élaboration du document de politique forestière nationale, de renforcer l’application de la réglementation forestière et de mettre en place une commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur tous les cas de violation du moratoire, d’en identifier les auteurs et de les traduire devant la justice.
Désiré WEMBOLOWA