Plus de quarante kilos d’ivoire ont été saisis lundi 8 mai à Abidjan, et deux hommes arrêtés. L’enquête se poursuit, afin de déterminer la provenance du trafic.
Pris en flagrant délit lundi 8 mai à Treichville et Cocody, à Abidjan, deux hommes ont été arrêtés lors de deux opérations distinctes avec en leur possession 40,3 kilos d’ivoire, sept peaux de léopards, et 165 objets sculptés en ivoire, a annoncé mardi 9 mai l’ONG Eagle. Elle est à l’origine de l’enquête qui a abouti à cette prise, aux côtés de l’Unité de lutte contre la criminalité transnationale organisée (UCT) et du ministère ivoirien des Eaux et Forêts.
Placés en garde-à-vue dans les locaux de l’UCT, les deux trafiquants présumés sont actuellement interrogés et devraient être prochainement déferrés au parquet d’Abidjan.
Selon l’ONG, les saisies de lundi ont été évaluées à près de 29 000 euros. « Nous estimons la valeur des 40 kg d’ivoire saisis à 15 200 euros, celle des peaux de léopards à 7 600 euros, et celle des objets sculptés à près de 6 000 euros », précise la cellule communication de l’ONG spécialisée dans la lutte contre le trafic d’espèces protégées.
Un réseau international
Pour elle, il s’agit là de marchandises destinées à l’international. « Ces présumés trafiquants sont impliqués dans un réseau international, ils [les] faisaient passer en contrebande à travers les frontières de la sous région, notamment le Burkina et le Mali », assure Eagle.
« C’est l’une des plus grosses saisies d’ivoire réalisées ces dernières années, avec celle de 2016 lorsque les douanes ivoirennes avaient saisi 150 kilos », confirme le commandant Salimata Koné, directrice de la faune au ministère ivoirien des Eaux et forêts.
L’Afrique divisée sur le commerce de l’ivoire
Si le commerce de l’ivoire est interdit depuis 1989, plusieurs pays d’Afrique australe − tels que l’Afrique du Sud, la Namibie, ou encore le Zimbabwe − avaient de nouveau été autorisés dans les années 90 à vendre leurs stocks d’ivoire, sous certaines conditions.
Ce commerce divise les États africains, souvent impuissants à refréner ce trafic. En octobre 2016 lors de la Convention internationale sur le commerce d’espèces sauvages menacées d’extinction (Cites), la proposition de faire passer tous les éléphants de l’annexe II (commerce réglementé) à l’annexe I (commerce interdit) avait ainsi été rejetée. Un échec pour les pays d’Afrique de l’Ouest et de l’Est, qui soutenaient cette proposition.
Les chiffres concernant la diminution du nombre d’éléphants sont pourtant alarmants. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’Afrique compte actuellement quelque 415 000 pachydermes, soit 111 000 de moins que durant la dernière décennie. En cause, l’urbanisation et la déforestation, mais surtout l’explosion massive du braconnage.
Jeune Afrique