Les organisations de la société civile derrière la campagne « Notre Terre Sans Pétrole » (NTSP) persistent dans leur opposition à l’exploitation des 52 blocs pétroliers en République Démocratique du Congo (RDC). Cette opposition ferme est maintenue malgré les discussions engagées avec les autorités gouvernementales. Lors d’une conférence de presse tenue ce lundi 9 juin 2025 à Kinshasa, les représentants de NTSP ont salué l’ouverture et la volonté de dialogue manifestées par les institutions rencontrées lors de leur mission de plaidoyer de haut niveau, qui s’est déroulée du 2 au 9 juin 2025.
« Ces échanges directs et constructifs constituent une étape nécessaire et encourageante. Cependant, nos positions fondamentales sur l’incompatibilité entre l’exploitation pétrolière et la protection de nos écosystèmes vitaux restent inchangées. Les activités de prospection, d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures dans la cuvette centrale présentent des risques irréversibles de contamination dans le bassin du Congo », précise un communiqué de NTSP.
Notre Terre Sans Pétrole réaffirme sa conviction que l’avenir de la RDC réside dans un modèle de développement sobre en carbone. Cela passe par la promotion d’alternatives durables telles que le tourisme, l’agriculture durable, la pêche, les énergies renouvelables, l’exploitation des minerais stratégiques, ainsi que le développement d’infrastructures diverses favorisant l’exportation, le transport, la transformation et une croissance économique verte, allant du niveau local au niveau international.
« Nos inquiétudes portent également sur la question de la superposition ou du chevauchement des droits et titres dans les zones concernées par les 52 blocs pétroliers. Cela concerne les droits et titres fonciers, agricoles, pastoraux et de pêche », s’alarment les acteurs de la société civile.
Ils soulignent que cette superposition risque de perturber les moyens de subsistance traditionnels des peuples autochtones pygmées et des communautés locales. De plus, elle pourrait affecter les titres miniers, forestiers et énergétiques des entreprises, ainsi que le statut des aires protégées abritant des parcs, des réserves naturelles et le corridor vert Kivu-Kinshasa.
Notre Terre Sans Pétrole estime que tous les engagements pris lors de ces échanges fructueux devraient être concrétisés par les autorités. Cela inclut la suspension de tout projet dans les zones protégées, de sauvegarde sociale et sensibles, la publication et l’examen indépendant de toutes les études d’impact environnemental et social, ainsi que l’adoption d’un moratoire permettant un débat national inclusif, transparent et responsable sur l’avenir énergétique. Un tel débat permettrait de mettre en avant la valeur du sol par rapport au sous-sol, et de définir de manière participative une orientation, un choix économique, technologique et un modèle social pour la RDC.
en effet, la délégation de NTSP a été reçue en audience par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, le Ministère des Hydrocarbures, ainsi que par le bureau de la Commission permanente Environnement, Tourisme, Ressources naturelles et Développement durable de l’Assemblée Nationale.
Les acteurs de la société civile plaident pour la création d’une plateforme publique d’accès à l’information sur le secteur des hydrocarbures. Ils demandent également un engagement sincère du gouvernement à rendre publics les résultats des audits environnementaux et financiers déjà lancés pour les sociétés actives, notamment celui de PERENCO.
« Nous réitérons notre appel à privilégier résolument la voie du développement durable, seul gage de prospérité partagée et de préservation de notre patrimoine commun, l’extraordinaire biodiversité et les forêts de la RDC », ont-ils conclu.Ils recommandent notamment la publication de la carte détaillée des 52 blocs pétroliers annoncée et la suspension du processus d’appel d’offre d’exploration en cours visant à la certification des réserves, en attendant un débat national sur la politique énergétique. Ils demandent également la révision complète du processus d’attribution des blocs gaziers, avec des garanties de transparence et de respect des droits des communautés.
Il est à noter que la campagne « Notre Terre Sans Pétrole » regroupe plus de 150 organisations de la société civile congolaise (RDC), africaines et internationales, ainsi que des mouvements citoyens œuvrant dans les domaines de la protection de l’environnement, des ressources naturelles, de la conservation de la nature et de la biodiversité. Ces organisations défendent également les droits des peuples autochtones pygmées et des communautés locales, et mènent des actions de plaidoyer autour des réformes juridiques et institutionnelles pour la promotion de politiques économiques sobres, meilleures, équitables et justes en faveur des populations, de la République et du monde.
Alfredo Prince NTUMBA