Les travaux du premier congrès historique des peuples autochtones et des communautés locales des bassins forestiers se sont achevés ce vendredi 30 mai à Brazzaville, en République du Congo. Dans leur déclaration finale, les délégués venus d’Amazonie, de Mésoamérique, du bassin du Congo, d’Asie du Sud-Est et de Bornéo-Mékong ont exigé d’être reconnus comme les véritables protecteurs des forêts, la prise en compte de leurs droits fonciers et un accès direct, sans intermédiaires, aux financements climatiques.
« Depuis des siècles, nous veillons sur les écosystèmes les plus vitaux. Nos modes de vie sont en harmonie avec la nature. Aujourd’hui, la science confirme ce que nos peuples ont toujours su : nous sommes les gardiens les plus efficaces de la biodiversité. Cependant, malgré cette reconnaissance internationale, nous faisons face à des menaces croissantes contre nos vies, nos droits et nos territoires », souligne la déclaration de Brazzaville.
Ces menaces sont principalement liées à l’exploitation minière, forestière et agroalimentaire, et visent souvent des communautés entières. Les peuples autochtones et les communautés locales ont appelé les gouvernements, la communauté internationale et les partenaires à reconnaître, garantir et protéger leurs droits fonciers et leur droit à la vie, au même titre que toutes les autres communautés. Ils ont également exigé que leur voix soit respectée et, surtout, que leur consentement soit requis pour toute décision concernant leurs terres.
« Nous sommes prêts à continuer à mettre à profit la richesse de nos connaissances traditionnelles pour tracer une voie commune vers un avenir juste, durable et équitable. Lors de la COP30, nous demanderons un engagement concret en matière de reconnaissance de nos terres et de nos droits fonciers. La solution, c’est nous ! », ont-ils affirmé.
Envers les partenaires, les congressistes ont plaidé pour un accès direct aux financements, sans aucun intermédiaire, y compris les financements destinés à la lutte contre le changement climatique et à la protection de la biodiversité.
« Nous demandons que les sources de financement climatique respectent les droits des communautés locales et des peuples autochtones. Ces financements ne doivent pas soutenir des projets qui entraînent l’occupation de nos terres ou la violation de nos droits. Nous exigeons un système de suivi des financements pour garantir la transparence et la responsabilité », ont-ils insisté.
Concernant la répartition du TFFF (Tropical Forest Forever Facility), les peuples autochtones et les communautés locales demandent que 40 % de ce fonds leur soient directement attribués, et 60 % aux gouvernements.
Dans leur déclaration, ils ont particulièrement insisté sur la nécessité et l’urgence d’inclure les femmes et les jeunes dans les organes de décision aux niveaux international, national et local.
Ils ont également exhorté les gouvernements à mettre en œuvre les instruments relatifs aux droits de l’homme qui concernent réellement les peuples autochtones. Les gouvernements doivent également respecter leurs engagements pris envers la Convention contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et faciliter les droits des femmes autochtones ainsi que leur participation à la gouvernance des ressources naturelles.
« Nous invitons le gouvernement indonésien à cesser la criminalisation des peuples autochtones », ont-ils plaidé.
Ils ont par ailleurs réitéré leur gratitude au président Denis Sassou Nguesso pour avoir rendu possible ce premier congrès et pour l’attention qu’il a portée à ces travaux. Les congressistes ont toutefois souhaité que le chef de l’État congolais organise un dialogue de haut niveau avec les différents pays des bassins forestiers lors de la COP30 à Belém.
Alfredo Prince NTUMBA