Brazzaville : Un congrès historique des peuples autochtones et communautés locales des bassins forestiers, en vue de définir une position commune pour la COP30

Une première mondiale se déroule à Brazzaville, un congrès réunissant des délégués des peuples autochtones et communautés locales de tous les grands bassins forestiers du globe. Originaires d’Amazonie, de Mésoamérique, d’Asie du Sud-Est, de Bornéo-Mékong et du Congo, près de quatre cents délégués se sont rassemblés dans la capitale de la République du Congo, du 26 au 30 mai. Leur objectif, élaborer une position commune forte, destinée à influencer les discussions de la COP30 sur le climat, prévue à Belém (Brésil) à la fin de l’année 2025.

« Il s’agit d’un congrès historique, qui a réuni une majorité de représentants des peuples autochtones des bassins forestiers mondiaux. Ce rendez-vous nous permettra de coaliser nos efforts et de renforcer notre voix unique, afin de démontrer nos contributions essentielles au maintien de la biodiversité », a déclaré Joseph Itongwa, coordinateur du REPALEAC (Réseau des Populations Autochtones et Locales pour la gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale).

Pour la ministre de l’Économie forestière de la République du Congo, Rosalie Matondo, marraine de ce congrès, il est impératif que les pouvoirs publics impliquent désormais systématiquement les peuples autochtones et communautés locales dans la gouvernance des ressources naturelles. Cette démarche vise à promouvoir l’inclusion et à éradiquer les dernières formes de discrimination.

« Vous êtes 490 millions, répartis dans 90 pays du monde, soit 60% de la population mondiale, et vous protégez 25% de l’espace terrestre où se concentre 80% de la biodiversité de la planète. Vous êtes donc en première ligne face à la crise environnementale et le dernier rempart de l’humanité », a-t-elle souligné.

Ce congrès offre également un cadre privilégié aux délégués des bassins forestiers pour partager leurs expériences sur la valeur économique des forêts et renforcer leur coalition pour la sécurisation de leurs droits fonciers. Les discussions porteront aussi sur la revitalisation des pratiques traditionnelles et du savoir ancestral des peuples autochtones.

« Les facteurs qui ont permis une gestion durable des forêts par les peuples autochtones sont essentiellement culturels », a précisé Monsieur Itongwa. « Ces connaissances culturelles sont aujourd’hui reconnues par les politiques internationales, notamment la convention sur la diversité biologique dans son article 8.j. »

Le secrétaire exécutif adjoint de la COMIFAC (Commission des forêts d’Afrique Centrale) a salué le dynamisme du REPALEAC, dont l’ascension fulgurante au cours des cinq dernières années a été remarquable. Il a également plaidé pour la mise en place de mécanismes financiers directs, spécifiques et transparents, gérés avec et pour les Peuples autochtones et communautés locales.

« La COMIFAC se réjouit de la montée en puissance du REPALEAC, fruit d’un appui constant et multiforme, notamment de la part des partenaires techniques et financiers réunis au sein du Partenariat pour les Forêts du bassin du Congo. Le REPALEAC est désormais un modèle inspirant pour les autres réseaux thématiques de la COMIFAC », a affirmé Chouaïbou Nchoutpouen.

L’un des points centraux de ces assises sera l’accès direct aux financements. À l’approche de la COP 30, où la communauté internationale annoncera une nouvelle série de financements, les peuples autochtones plaident pour que ces fonds soient directement orientés vers eux, avec des mécanismes d’accès souples et simplifiés.

« L’organisation d’un tel congrès témoigne du niveau de développement et de l’accroissement des capacités des organisations pilotées par les peuples autochtones et les communautés locales elles-mêmes. Cela prouve qu’elles sont capables de gérer des projets de grande envergure », a précisé Patrick Kipalu, directeur Afrique de RRI.

Ce premier congrès devrait aboutir à deux déclarations majeures. La première portera sur les forêts et présentera les principes d’une gestion durable, tels que la tenure foncière, le consentement libre et éclairé, la transparence, ainsi que la reconnaissance des valeurs et connaissances traditionnelles. La seconde déclaration sera axée sur l’accès direct aux fonds.

Depuis Brazzaville, Alfredo Prince NTUMBA

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