La Rainforest Foundation Norway (RFN) alerte sur les graves menaces que représente l’ouverture de blocs pétroliers en République Démocratique du Congo (RDC) pour un écosystème vital à l’équilibre climatique régional et mondial. Dans une déclaration transmise à Environews RDC, ce jeudi 15 mai 2025, l’organisation norvégienne fait part de sa profonde préoccupation suite à l’annonce par le gouvernement congolais du découpage complet du bassin sédimentaire de la cuvette centrale en 52 blocs pétroliers ouverts à l’exploration.
« La mesure, approuvée lors du Conseil des ministres du 2 mai 2025, constitue une menace grave pour la biodiversité, le climat global et les droits des communautés locales et des peuples autochtones », souligne la déclaration.
Tenir ses engagements
La RFN rappelle à la RDC l’importance de respecter ses engagements internationaux, notamment ceux pris dans le cadre de l’Accord de Paris, visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. En tant que pays forestier majeur, la RDC joue un rôle crucial dans la lutte contre ce réchauffement grâce à ses forêts et tourbières, essentielles à la séquestration du carbone.
Selon la déclaration, les engagements pris par la RDC s’inscrivent également dans le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, ainsi que dans le partenariat avec l’Initiative pour la Forêt de l’Afrique centrale (CAFI). « L’ouverture à l’exploration pétrolière dans une zone écologique aussi sensible menace la mise en œuvre effective de ces engagements et affaiblit la position de la RDC dans les négociations climatiques internationales », déplore la RFN.
L’annonce d’une exploration pétrolière dans ces zones sensibles compromet la dynamique lancée par la RDC avec le projet Couloir Vert Kivu-Kinshasa, une vaste zone de plus de 500 000 km² dédiée à la conservation communautaire. Une initiative saluée à plusieurs niveaux internationaux.
« Présentée comme un modèle d’innovation sociale et écologique, cette initiative semblait témoigner d’un engagement fort en faveur de la préservation des forêts, des tourbières et des droits des communautés locales », insiste l’organisation norvégienne.
La Rainforest Foundation Norway recommande au gouvernement congolais de suspendre sa décision d’ouvrir à l’exploration pétrolière les blocs situés dans la Cuvette centrale, afin de prioriser la finalisation des réformes à impact spatial, indispensables à une planification territoriale cohérente et durable.
L’urgence de finaliser le reformes
Dans sa déclaration, la RFN alerte également sur le retard pris dans l’adoption et la mise en œuvre des réformes sectorielles à portée spatiale, en particulier l’adoption de la loi sur l’aménagement du territoire. Elle estime que ce vide juridique entrave toute initiative de planification cohérente de l’utilisation de l’espace, pourtant indispensable pour concilier les impératifs de développement socio-économique avec la protection des écosystèmes forestiers et de tourbières critiques.
Elle recommande par ailleurs d’adopter la loi sur l’aménagement du territoire, condition essentielle pour encadrer l’utilisation de l’espace et prévenir les conflits d’affectation. Ceci tout en garantissant une conciliation équilibrée entre développement économique, conservation des écosystèmes et respect des droits des peuples autochtones et des communautés locales. Instaurer un dialogue structuré, transparent et régulier avec l’ensemble des parties prenantes, notamment les communautés locales, les peuples autochtones, la société civile et les partenaires techniques.
« RFN encourage les autorités congolaises à inscrire toute initiative de développement dans un cadre de planification rigoureux, transparent et participatif, respectueux des impératifs environnementaux et sociaux à long terme », conclut ce document.
Elle recommande aux bailleurs de fonds et partenaires financiers de renforcer significativement leur appui financier et technique à la République Démocratique du Congo (RDC), afin de soutenir la mise en œuvre de ses engagements climatiques et de garantir une gestion durable de ses forêts. Accélérer la mobilisation de ressources nouvelles, cohérentes et équitables, à la hauteur des défis auxquels le pays est confronté, en matière de lutte contre la déforestation, de préservation des tourbières, et de transition vers un développement bas carbone. Enfin, soutenir les approches inclusives et territoriales, en investissant aussi dans les solutions portées par les peuples autochtones et les communautés locales, qui dépendent directement des forêts et jouent un rôle clé dans leur préservation.
La Rédaction