L’Association Congolaise pour les Énergies Renouvelables Décentralisées (ACERD) a clôturé un atelier, vendredi 13 décembre 2024 à Kinshasa, sur les activités de Cuisson propre en République Démocratique du Congo. Ces assises de deux jours avaient pour objectif d’explorer et d’élaborer des stratégies de partenariat pertinentes et efficaces pour développer le marché de la cuisson propre en RDC. Ainsi, plusieurs technologies ont été révélées avec le but phare de devenir la référence de la cuisson propre en RDC.
Cet atelier a permis aux participants de discuter sur les opportunités de partenariat et d’identifier les besoins, notamment sur les moyens appropriés pour soutenir l’industrie de la cuisson propre en RDC, en vue de développer le marché de la cuisson propre. Ils ont donc amélioré leurs connaissances sur les défis, les opportunités et le potentiel de partenariat du marché de la cuisson propre parmi les différents acteurs de la chaîne de valeur.
« Le secteur des énergies renouvelables n’est pas facile du tout en RDC car tout est consacré à la population, avec un public bien ciblé : celui qui a un pouvoir d’achat faible. Du coup, on dépense beaucoup d’argent. Ce n’est pas facile du tout. Il y a plusieurs défis à relever. » S’est exprimé la Présidente adjointe du Conseil d’Administration de l’ACERD, Kathia Ajebo.
La RDC possède d’importantes ressources d’énergies renouvelables telles que la biomasse, l’éolienne, le solaire, le biogaz et le biocarburant. Ces énergies pourraient compenser le défi énorme lié au projet grand Inga, dont la puissance est de 39000 Mégats watt. Par conséquent, l’électricité ne représente que 3,7% de la consommation finale. D’où, la nécessité d’accompagner les petites et moyennes entreprises qui s’investissent dans la production des énergies renouvelables. Le premier accompagnement de l’Etat serait la réduction des taxes.
« Les acteurs des énergies renouvelables en RDC font face à des compétitions internationales. Ils ont besoin de plus de ressources pour être compétitifs. Je suis un acteur industriel. Développer ce secteur nécessite beaucoup de moyens. Mais, à travers ACERD nous pensons aborder le gouvernement facilement pour nous prêter main forte pour que nous puissions développer nos opérations industrielles et avancer. » A confié le DG de PKT1&Partners Group Sarl, spécialisé dans la production des briquettes. « Il faut des moyens financiers, techniques et matériels pour recycler les déchets. Pour les déchets plastiques par exemple, nous avons la capacité de récolter 2tonnes par jour pour une récole de 2 fois par mois. Alors, multiplier par 12 mois, on ne sent pas l’impact mais cela ne va pas nous décourager. » A ajouté Olga Chera Chibambe, Fondatrice et DG de Olwaste Recyclage Sarl, une entreprise spécialisée dans la gestion des déchets. « Le matériel est difficile à trouver et la vente est trop pénible à cause de nombreux taxes à payer. Si l’Etat nous aide à augmenter la production, nous pourrons créer des emplois et protéger les forêts. » A indiqué Florence Kavira, Responsable d’une entreprise de fabrication des foyers améliorés basé à Tshangu.
Une étude menée en 2021 par le programme de consommation durable et de substitution partielle du bois de feu a révélé que plus de 95% des ménages dépendent du bois énergie pour la cuisson et seulement environ 12% ont accès à des foyers de cuisson améliorés, ce qui entraîne un taux de déforestation important. Plus de 54% de la déforestation du couvert forestier de la RDC est due à la collecte de bois énergie pour la cuisson. Conscient de ces problèmes complexes, le Fonds d’équipement des Nations unies (UNCDF) vise à améliorer l’accès aux solutions de cuisson propre en RDC en optimisant les réseaux de distribution et en augmentant la production.
La présence des PME dans le secteur des énergies renouvelables a-t-elle un impact visible sur le terrain ?
« L’UNCDF met en œuvre, avec le PNUD un Programme conjoint pour la consommation durable et la substitution partielle du bois énergie en RDC. Financé par l’Initiative pour les Forêts d’Afrique Centrale (CAFI) à travers le Fonds national REDD+ de la RDC (FONAREDD), ce programme conjoint est structuré autour de trois sous-secteurs énergétiques principaux : les foyers améliorés, le gaz de pétrole liquéfié (GPL) et les microcentrales hydroélectriques. Il s’appuie sur un dispositif institutionnel qui fait appel à un partenariat diversifié avec les institutions publiques congolaises, le secteur privé, les agences des Nations Unies, les institutions de recherche et les sociétés savantes ainsi que la société civile. » A déclaré Cathérine Mukobo, Directrice Exécutive de l’ACERD.
D’où, la nécessité de réunir toutes les technologies pour y parvenir. « Nous sommes dans l’économie séculaire. Il s’agit d’un système de gestion de déchets où chaque déchet devient une ressource. Les déchets sont collectés et valorisés. Ce modèle économique a 3 principes de base : l’élimination des déchets et de la pollution, la réutilisation et le recyclage des déchets ainsi que leur valorisation. Donc, il ne s’agit plus de la collecte primaire des déchets. C’est une responsabilité énorme qui demande l’implication de tout le monde afin d’éliminer la pollution et mettre en place un système de gestion de déchets efficace. » A martelé Olga Chera Chibambe.
A en croire l’ACERD, l’un des enseignements tirés de ces cohortes est que les acteurs de la cuisson propre peuvent s’appuyer sur d’autres acteurs de la chaîne de valeur pour augmenter la production et la distribution de solutions de cuisson propre de manière rentable, durable et dans une situation gagnant-gagnant. C’est dans le cadre de la facilitation des liens entre les entreprises partenaires de l’UNCDF et des entreprises des MPME qu’ACERD asbl a organisé une série d’activités ciblées afin d’améliorer les chaînes de valeur et les canaux de distribution de la cuisson propre. Un sujet de fierté pour les nouveaux membres.
« Nous produisons des briquettes de charbon. Nous sommes devenus membres de ACERD afin de faire évoluer nos activités. Nous avons compris qu’il y a beaucoup d’opportunités. Alors, il y a lieu de les saisir en convergeant et en réorientant nos actions et former une sorte de synergie avec les autres acteurs qui évoluent dans le secteur. Ensemble nous pouvons proposer des solutions qui pourront nous permettre de relever les défis auxquels nous faisons face généralement. » A indiqué Patrick Kabangiro. « ACERD est un grand forum qui rassemble les acteurs importants dans le secteur. Elle est un pont entre les différents acteurs et les mécanismes de financement. » A ajouté Emmanuel Ntayingi, Directeur Adjoint de Solution Durable Congo.
Organisé du 12 au 13 décembre 2024, ces assises ont été une occasion de mettre en place des stratégies pour faciliter les liens entre les entreprises partenaires et les entrepreneurs des PME de l’énergie, l’agence de la zone économique, les institutions financières, les sociétés de télécommunications, les fintechs dans les zones de rayonnement ciblées, afin d’améliorer les chaînes de valeur et les canaux de distribution de la cuisson propre en RDC.
Sarah MANGAZA