Le Parc National de la Garamba a récemment franchi une étape clé dans son programme de promotion des pratiques agroécologique. Lors de cérémonies empreintes d’émotion et de fierté, 536 agriculteurs volontaires ont ont reçu leur certificat, témoignant de leur engagement en faveur d’une agriculture durable. Lancé en septembre 2020, ce programme de promotion des pratiques agro-écologiques connaît un succès grandissant au sein des communautés vivant dans et autour du Complexe d’aires protégées de la Garamba, avec déjà plus de mille agriculteurs certifiés à ce jour.
Le Parc National de la Garamba (PNG) , engagé à la fois dans la préservation de la biodiversité et le développement des communautés locales, s’est fixé pour mission d’améliorer les techniques agricoles, la production et les revenus des agriculteurs vivant dans et autour du Complexe d’aires protégées en les formant à des pratiques plus durables. À travers un réseau de champs-écoles paysans (CEP), des formations pratiques sont dispensées aux agriculteurs volontaires. Entre 2020 et 2022, une première promotion de 497 agriculteurs certifiés, dont 35 % de femmes, a vu le jour. Le deuxième cycle de formation qui s’est achevé cette année a enregistré une participation encore plus forte, avec 536 agriculteurs certifiés, dont 40 % de femmes, désormais formés aux pratiques agroécologiques.
Madame Wilfrieda Nsimire, responsable des formations CEP au sein du PNG, a partagé son enthousiasme lors d’une cérémonie de certification : « Nos efforts portent leurs fruits ! Sur les 536 certifiés de la deuxième promotion, 133 agriculteurs ont été désignés paysans-relais par leurs pairs et joueront un rôle crucial dans la formation de nouveaux agriculteur volontaires. Ces agriculteurs s’engagent non seulement à appliquer les techniques apprises, mais aussi à transmettre leurs savoirs à dix autres agriculteurs. »
Les CEP, véritables lieux d’apprentissage et de démonstration, regroupent 20 à 30 agriculteurs qui se réunissent une fois par semaine. Grâce à l’appui des agronomes du PNG oeuvrant dans les domaines de chasse et des partenaires locaux, la Commission Diocesaine Justice et Paix (CDJP) et l’Organisation pour la Protection de l’environnement et le Developpement (OPED) qui interviennent respectivement dans les territoires de Dungu et de Faradje hors des domaines de chasse, les participants ont pu mettre en pratique les connaissances acquises au cours des deux dernières années dans leurs propres champs et jardins. Certains de ces bénéficiaires témoignent.
« Je suis cultivatrice depuis longtemps, mais je manquais de connaissances sur l’association des cultures. », témoigne Mme Chantal Amoko Ladroa, paysanne-relais formée au CEP de Vorani, dans la chefferie Logo-Ogambi.
« Grâce à cette formation initiée par le Parc, j’ai appris des techniques culturales efficaces qui m’ont permis d’améliorer mes récoltes de maïs, arachides, haricots, soja et pois cajan. Les revenus générés m’ont permis d’acheter des poules pour me lancer dans l’élevage et ainsi financer l’éducation de mes enfants et leurs soins médicaux. Je suis aujourd’hui fière de recevoir mon certificat de paysanne-relais, qui me permettra de former d’autres agriculteurs volontaires à ces bonnes pratiques l’année prochaine.»
M. Jean-Pierre Amule Lowayi, paysan-relais du village de Bari, en chefferie Kakwa-Ima, a également partagé son expérience : « Lors de mon inscription, j’avais des doutes. Je pensais que le Parc ne s’occupait que de la conservation de la faune sauvage. C’est en participant aux activités proposées que j’ai découvert des techniques agroécologiques précieuses, comme la culture sans brûlis et l’association de cultures. Celles-ci ont considérablement amélioré mes récoltes de maïs, de soja et de chia. Grâce à ces gains, je peux enfin subvenir aux besoins de mon ménage, y compris les frais de scolarité et les soins de santé. Beaucoup d’autres agriculteurs, qui étaient sceptiques, viennent désormais se renseigner sur ces formations après avoir vu les bénéfices concrets. J’invite tous ceux qui nous écoutent à abandonner les pratiques de brûlis qui nuisent au sol. Et je fais appel aux autorités étatiques pour qu’elles prennent des mesures contre la culture itinérante sur brûlis afin de favoriser le développement local à travers les pratiques agroécologiques préconisées par le PNG. »
Le PNG et ses partenaires locaux (CDJP et OPED) ont planifié une nouvelle cohorte de paysans-relais pour les prochaines années. L’apprentissage continu et l’intégration de nouvelles approches garantiront la durabilité et la transmission des connaissances au sein des communautés riveraines.
Le Parc National de la Garamba bénéficie d’un partenariat long terme avec l’Union européenne qui finance les formations dans les champs-écoles paysans depuis leur lancement en 2020. En luttant contre l’agriculture itinérante sur brûlis, une des principales causes de la dégradation des écosystèmes dans la région, ce programme contribue non seulement à la préservation de la biodiversité et du patrimoine naturel de Garamba, mais aussi à l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs locaux. Il favorise ainsi un avenir où agroécologie et conservation de la nature s’harmonisent.
Richard Mumbere Kalayi, responsable de la communication PNG
E-mail : richardk@africanparks.org
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