Biodiversité : L’ONG CRI apporte son appui à la conservation communautaire du Parc Marin des mangroves

L’ONG Congolese Resources Initiatives (CRI) est en partenariat avec l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) pour mettre à jour la stratégie nationale de conservation communautaire. Il a bénéficié d’un financement de Rights resources Initiatives (RRI) en vue d’appuyer l’ICCN aux consultations dans sa première phase, dans les 4 aires protégées majeures du pays, dans lesquelles vivent les communautés locales et peuples autochtones. Mais aussi, pour assurer la prise en compte des droits communautaires dans le draft final de la stratégie par la participation dans les dialogues multi-acteurs organisés, à cet effet.

La première mission de terrain au  PMM était composée respectivement de MM. Alain Parfait Ngulungu (Conseiller technique CRI) ; Landry Kuma-Kuma (Chargé des programmes adjoint CRI) ; Luc Lutala (Consultant ICCN) & Crispin Kibambe- Chef de service Foresterie communautaire ICCN). Effectuée du 03 au 08 Septembre dernier à Muanda au Kongo-Central, cette mission avait pour objectifs, notamment : (i) organiser des activités de consultation des parties prenantes sur la mise en oeuvre de la SNCoCo 2015- 2020 dans le Parc Marin des Mangroves dans le Kongo Central; (ii) établir un état des lieux des dynamiques riveraines autour du PMM ; (iii) identifier les besoins des parties prenantes dans la perspective de la révision de la SNCoCo 2024- 2029.

Plusieurs activités ont été organisées dans ce cadre, dont la réunion préparatoire des activités avec l’équipe de l’ICCN/Moanda ; la consultation de toutes les parties prenantes du PMM au cours d’un atelier de deux jours tenu à Moanda et, enfin, la visite des sites et villages riverains. Question de s’enquérir de la participation communautaire aux enjeux de la conservation du PMM.

Résorber les menaces au PMM.

Les menaces anthropiques qui pèsent sur ce parc comprennent les activités traditionnelles de la population riveraine, centrées principalement sur l’exploitation des mangroves. Ces activités incluent la pêche, la récolte du bois de chauffe et d’autres ressources essentielles à leur subsistance. Parallèlement, les changements climatiques viennent accentuer ces pressions en altérant l’équilibre naturel de l’écosystème. A Muanda, l’érosion côtière gagne en moyenne 1 mètre des terres fermes chaque année. Le PMM et sa biodiversité font également partie du lot. Les espèces rares, telles que les lamantins et les tortues marines sont de plus en plus menacées.

En effet, l’érosion est due aux fortes vagues sur ces côtes, ce qui a comme conséquence, l’éboulement des terres qui emportent des maisons et des villages.  Des études sur la dynamique du processus érosif sur la côte, menées par la Direction du développement durable du Ministère de l’Environnement de la RDC, ont démontré que Muanda a déjà perdu 15 mètres de terres ces 10 dernières années. Et que la montée du niveau des eaux de l’Océan Atlantique rend vulnérable les communautés locales qui dépendent principalement de la pêche et de l’agriculture. 

A par l’érosion de sa côte, les plages de la ville de Muanda sont confrontées à la pollution. Celle-ci est causée par les déchets plastiques flottants déposés par le Fleuve Congo au niveau de l’embouchure. Ces déchets flottants proviennent de Kisangani, Bangui, Mbandaka, Kinshasa, Brazzaville, Boma et Matadi. 

Les solutions de résilience proposées par diverses organisations visent donc à convaincre la population riveraine de diversifier ses moyens de subsistance en dehors des mangroves. Cependant, la stratégie nationale de conservation communautaire demeure un outil valable devant guider les solutions basées sur la nature en vue d’atténuer les menaces pesant sur les mangroves et à améliorer la qualité de vie des communautés riveraines.

Parc Marin des Mangroves : intégrer l’économie bleue dans la mise en oeuvre la stratégie mondiale 30×30 pour assurer une conservation communautaire

Inscrit par la RDC comme zone humide d’importance internationale en 1996, le PMM a un grand potentiel de l’économie bleue tout au long de 40 Km de côte de la RDC. Pourtant, l’importance d’une côte n’est pas seulement fonction de son étendue mais plutôt de sa position et de ses ressources.

Celles de la Côte congolaise sont en voie de disparition, si l’on y prend garde. Notamment, des baleines (balaenoptera physalus) et d’autres espèces comme les dauphins et les hippopotames (hippopotamidae) qui étaient visibles il y a 50 ans, ont disparu sur cette côte vers la ville de Muanda.

Si la santé des océans, des côtes et des écosystèmes d’eau douce est primordiale pour la croissance économique et la production alimentaire, elle est également essentielle à la lutte contre le réchauffement climatique (Banque mondiale, 2023). Les mangroves de Moanda et ses habitats végétaux marins sont des « puits de carbone bleu » qui peuvent fixer des émissions de CO2, mais aussi des remparts contre les tempêtes et les inondations côtières.

Il est donc impérieux à l’heure actuelle d’offrir la chance au PMM suite à une stratégie de conservation communautaire de structurer et organiser la participation communautaire dans la gestion du PMM. Ceci passe par l’amélioration des rapports de cohabitation entre les communautés et le PMM. Mais aussi, profitant de l’opportunité qu’offre le potentiel de ce Parc, d’accorder plus d’attention à l’organisation d’une meilleure gestion des pêches, à des investissements dans l’aquaculture durable et à la protection des habitats essentiels du PMM. D’où, il sera possible de restaurer la productivité de cette côte Océanique et d’engendrer des bénéfices issus de l’éco-tourisme dormant pour des milliers de personnes au Kongo central, tout en assurant aux populations côtières croissance bleue, sécurité alimentaire et emplois pour l’avenir.

Alain Parfait NGULUNGU & Landry KUMA-KUMA

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