Les Batwa de la RDC ont été victimes d’une discrimination systémique basée sur leur appartenance ethnique et leur mode de vie traditionnel. Privés d’accès aux services de base tels que la santé, l’éducation et la justice, ils ont également vu leurs droits culturels violés. Leur expulsion du parc national de Kahuzi-Biega les a contraints à abandonner leur mode de vie ancestral, entraînant de profondes souffrances et une marginalisation sociale. Dans une communication historique rendue publique en juillet 2024, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples a condamné les expulsions forcées des Batwa de leurs terres ancestrales, les privant de leur mode de vie traditionnel et de leurs moyens de subsistance.
Afin de remédier à ces violations fondamentales des droits humains, la Cour africaine a adressé une série de recommandations détaillées aux autorités congolaises. Ces recommandations visent à garantir le droit des Batwa à leurs terres ancestrales et appellent le gouvernement de la RDC à mettre en place un mécanisme de reconnaissance et de protection de ces droits.
« Ce n’est pas seulement une grande victoire après des années de campagne pour la reconnaissance des droits des peuples Batwa et la réparation des violations des droits humains commises à leur encontre depuis les années 70. C’est une étape importante pour la reconnaissance des peuples autochtones à travers l’Afrique et de leurs droits sur les terres traditionnelles », a déclaré Alexandre Becquevort, directeur pays de la Rainforest Foundation Norway (RFN) .
Le peuple Batwa de RDC obtient une reconnaissance significative auprès de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples. Cela intervient après une décennie de bataille, soutenue par Rainforest Foundation Norway.
« Cette décision marque une étape décisive dans la reconnaissance des droits de ces communautés vulnérables sur la terre et les ressources naturelles. La mise en œuvre de cette décision par le gouvernement congolais, nécessite des mesures d’accompagnement efficaces pour que les Batwa continuent de jouer leur rôle traditionnel de vivre en harmonie avec la biodiversité en tant que peuple incarnant les valeurs de conservation », a déclaré Jean-Marie Bantu, chef de projet à ERND.
Par ailleurs, la Commission souligne l’importance d’une participation pleine et significative des Batwa aux processus de prise de décision qui les concernent, ainsi que la mise en œuvre de programmes de développement économique adaptés à leurs besoins spécifiques. Pour assurer une justice transitionnelle, la Commission recommande également la création de mécanismes permettant aux victimes de demander réparation et de promouvoir la réconciliation entre les communautés.
Victimes de la conservation de la faune sauvage
Tout part des années 70, lorsque la RDC alors Zaire décide de créer le Parc national de Kahuzi-Biega. Cette décision a conduit à une expulsion forcée des Batwa, un peuple autochtone qui vivait dans cette région devenues aire de conservation. Car, ce peuple a été considérés comme une menace pour la conservation de la faune sauvage.
Il a fallu près de 10 ans de lutte pour en arriver à cette décision historique. Une lutte portée par l’organisation Environnement Ressources Naturelles et Développement (ERND) et soutenue par RFN. ERND a travaillé sur le terrain pour documenter les violations, soutenir les communautés Batwa et engager le dialogue avec les autorités locales, avec le soutien technique et financier de la RFN.
Entre-temps, lMinority Rights Group International (MRG) a fourni une expertise juridique et mobilisé le soutien de la communauté internationale. MRG a joué un rôle crucial pour porter le cas des Batwa devant la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) au niveau africain.
Réparation et réalisation future des droits
« Le travail n’est pas encore terminé. Il est désormais temps pour le gouvernement congolais d’intensifier ses efforts et d’assurer la réparation et la restauration des terres ancestrales, ainsi que de mettre en œuvre un cadre juridique et un mécanisme social qui garantissent les droits humains du peuple Batwa, y compris des mesures qui préservent leur patrimoine culturel et leur identité », a rencheri Monsieur Becquevort.
En effet, la Rainforest Foundation Norway travaille désormais en collaboration avec des organisations de défense des droits humains et des partenaires de développement pour mobiliser des financements substantiels auprès des donateurs, des fondations et des gouvernements pour soutenir la mise en œuvre de ces accords de réparation et de ces projets de développement à long terme.
Toutefois, la RFN dénonce les pratiques de conservation obsolètes qui violent les droits des communautés locales et des peuples autochtones. Elle appelle à une approche plus inclusive, basée sur le respect des droits humains et des savoirs ancestraux, à la gestion durable des forêts.
« En mettant en œuvre les recommandations de la Commission africaine, la RDC pourra non seulement remédier aux injustices subies par les Batwa, mais aussi jeter les bases d’un modèle de conservation durable des forêts qui place les droits des communautés locales au cœur de ses préoccupations », conclut le communiqué.
Alfredo Prince NTUMBA