Enquête : Les énergies renouvelables peu adaptées au développement de l’Afrique

Des experts démontrent que l’industrialisation du continent ne peut se faire qu’avec les énergies fossiles ou nucléaires et, dans une moindre mesure, l’hydroélectricité.

  • L’offre énergique insuffisante et les délestages subséquents empêchent le développement de l’Afrique
  • Bonnes pour l’éclairage, les énergies renouvelables ne seraient pas toujours adaptées à l’industrialisation
  • Les pays les mieux électrifiés et développés du continent ont misé sur les énergies fossiles ou nucléaires

[KINSHASA] Selon l’Agence internationale de l’énergie, la consommation moyenne annuelle d’électricité par habitant en Afrique sub-saharienne se situe à 190 kWh en 2024 (la plus faible parmi les différentes régions du monde) contre 530 kWh sur le continent en général et 21 039 kWh dans le monde.

De manière générale, l’Afrique représente moins de 6% de la consommation énergétique mondiale avec un taux général d’électrification de 57% à peine. Et en Afrique subsaharienne, seuls 50,6% des habitants avaient accès à l’électricité en 2021, d’après la Banque mondiale.

Il y a deux ans, note le Rapport de suivi consacré aux avancées de l’objectif de développement durable 7, 567 millions de personnes, soit 80% de la population mondiale sans accès à l’électricité vivaient en Afrique subsaharienne.

De plus, trois pays de cet espace, à savoir le Nigeria (86 millions), la République démocratique du Congo (76 millions) et l’Éthiopie (55 millions) sont les Etats ayant le plus grand nombre de personnes sans électricité dans le monde en 2020 et 2021.

Et entre les pays de la région, d’importantes disparités sont perceptibles : au contraire des Seychelles (100%) ou de Maurice (100%), le Burundi (10%) et le Soudan du Sud (8%) sont à peine électrifiés. Ce contraste illustre les difficultés de l’humanité à atteindre l’objectif d’accès universel à l’électricité.

D’autant plus que même les populations qui ont accès à l’électricité connaissent un autre type de problème, lié notamment à la disponibilité du courant électrique. En effet, dans de nombreuses villes et villages à travers l’Afrique subsaharienne, le phénomène du délestage est monnaie courante avec son lot de tourments.

Ainsi, en RDC, malgré un potentiel énergétique immense, les 20,8% de la population de ce pays d’Afrique centrale qui ont accès à l’électricité endurent des délestages récurrents, comme on le voit un peu partout sur le continent. En cause, l’insuffisance de l’offre par rapport à la demande, les aléas de l’hydroélectricité et, quelquefois, des problèmes politiques…

« A Goma par exemple, nous fonctionnons dans ce qu’on appelle « réseau isolé » par opposition à l’interconnexion qui suppose que plusieurs centrales se suppléent. Or, à la centrale hydroélectrique de Matebe qui alimente la ville, sur une capacité installée de 13,8 MW, notre capacité opérationnelle est déjà à 13,1 MW. A ce stade, nous sommes déjà en surcapacité. La centrale est exploitée à 98% avec des pics d’énergie de l’ordre de 12,8 MW, voire 12,85 MW », explique son directeur général, Ephraïm Balole.

Et de poursuivre : « Quand on atteint ce niveau-là, les machines commencent à tourner excessivement jusqu’à s’éteindre et pour ne pas les abîmer, nous devons réduire la charge ; c’est la raison des délestages ».

Contraintes de l’hydroélectricité

A cela s’ajoutent les contraintes liées à l’hydroélectricité : « nous utilisons la technologie des centrales au fil de l’eau. Ça signifie que nous dépendons du débit instantané parce que nous ne stockons pas l’eau ; et quand vient la période d’étiage en saison sèche, nous sommes immédiatement affectés », ajoute Ephraïm Balole.

Au Niger, en temps normal, les habitants de Niamey enregistrent en moyenne quatre coupures d’électricité par jour, observe Mamane Nouri de l’Association de défense des droits des consommateurs (ADDC-Wadata). Mais depuis une année, la situation s’est encore détériorée à la suite des tensions politiques régionales, rapporte Mohamed Al Mansour d’une autre ONG, Timidria.

En effet, explique ce dernier, « le Niger a un contrat de fourniture d’électricité avec le Nigeria voisin. Suite au coup d’État de juillet 2023 au Niger, le Nigeria a coupé de façon illégale l’électricité au Niger. Devant cet état de fait, le Niger rencontre encore plus de difficultés en énergie électrique, le contraignant à faire davantage de délestages. En moyenne, on enregistre 42 coupures par semaine avec moins de trois heures d’intervalle ».

À l’ADDC-Wadata, on blâme la grande dépendance vis-à-vis de la centrale de Kainji au Nigeria parce que l’approvisionnement est parfois perturbé au gré des rapports entre les deux pays. Et au final, le réseau électrique national du Niger est « déficient ».

Dans ce pays sahélien d’Afrique de l’Ouest, « l’essentiel de la demande est couvert par de grands groupes électrogènes à l’intérieur du pays, ce qui augmente les prix des biens et services. Niamey est desservie par une centrale solaire et cinq centrales thermiques. Agadez, dans le nord, est alimentée par une centrale à charbon. En période de chaleur, les délestages sont très fréquents », confie Mamane Nouri à SciDev.Net.

Défaillance des politiques publiques

Pour Mohamed Al Mansour, cette situation qui est commune à presque tous les pays d’Afrique subsaharienne illustre la défaillance des politiques publiques. « Il s’agit d’un problème de vision et d’anticipation sur les défis à venir liés à la maitrise des questions énergétiques », dit-il.

Se basant sur l’exemple du Niger, il trouve que nos pays accusent aussi un déficit de compétences humaines du fait de la non-maitrise de la technologie pour produire de l’énergie à base de nos ressources naturelles : uranium, charbon , soleil, etc.

Sandrine Mubenga, la directrice générale de l’Autorité de régulation du secteur de l’électricité (ARE) en RDC, estime pour sa part que le vrai problème pour les pays d’Afrique subsaharienne, et en particulier pour son pays, réside en amont dans une production déficitaire que la responsable attribue à « un sous-investissement chronique dans les infrastructures énergétiques ».

En aval, « l’insuffisance de maintenance, la vétusté des infrastructures et la focalisation sur le milieu urbain et industriel au détriment du milieu périurbain et rural, l’absence de planification basée sur une vision globale et cohérente intégrant les divers sous-secteurs, l’insuffisance des investissements publics et privés pour le développement du secteur, etc. », sont les principaux facteurs, ajoute cette ingénieure civile en électricité qui a dirigé de 2012 à 2017 le département de génie électrique de l’université de Toledo aux États-Unis.

« Aujourd’hui avec la rareté des fonds, la construction, la maintenance et la réhabilitation des infrastructures énergétiques deviennent de plus en plus couteuses. Donc, certains États subsahariens se trouvent dans l’incapacité de mobiliser des fonds nécessaires », confirme Mohamed Lamine Kourouma, enseignant-chercheur au département de génie électrique de l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry en Guinée.

Centrale de Grand Inga

Illustration avec le cas de RDC où le projet Grand Inga peine à décoller, faute de financements. « La centrale de Grand Inga est un mégaprojet dont l’intérêt et la zone d’influence vont au-delà des frontières de la RDC. Elle nécessite la mobilisation de moyens financiers très importants et l’implication de plusieurs acteurs techniques et financiers dans un montage complexe. Pour la RDC, il s’agit de trouver la meilleure combinaison qui lui permette de tirer un maximum de profit de ce projet sans devoir s’endetter outre mesure », indique Sandrine Mubenga.

Envisagé pour produire 42 000 MW sur la partie inférieure du fleuve Congo, ce barrage vaudrait presque le double de la puissance installée du barrage des Trois Gorges en Chine. Mais sa réalisation nécessite 80 milliards de dollars américains. Malgré des engagements (Banque mondiale en 2009, Banque européenne de développement et Banque africaine de développement), l’investissement n’a pas suivi.

A peine quelques exemples nuancent quelque peu cette situation de rareté des financements. Au Mali, la Banque mondiale a financé en 2023 le projet Yelen Sira pour améliorer la fiabilité et l’efficacité du système électrique et accroître l’accès à l’électricité.

Une initiative que salue Mamadou Doumbia, directeur du département électrique et génie informatique à l’université de Québec : « Ceci est une bonne chose. Je pense que ces investissements permettront de renforcer le réseau interconnecté national et de réduire la dépendance aux sources thermiques ».

Pour autant, ce dernier martèle que les gouvernements des États subsahariens doivent trouver des solutions par eux-mêmes. Car, dit-il, « même si on maintenait et réhabilitait de façon correcte les infrastructures héritées de la colonisation, cela serait insuffisant ».

« Nos pays sont indépendants depuis plus de 60 ans. Donc, nous ne devons plus compter sur les infrastructures héritées de la colonisation. Nous sommes des pays en développement avec des besoins et une population qui augmentent rapidement. Donc, il faut nécessairement investir de façon soutenue », ajoute Mamadou Doumbia.

Secteur privé

Tous les experts pensent qu’en réponse à la rareté des fonds publics pour investir dans le secteur de l’énergie, les Etats peuvent explorer les financements en provenance du secteur privé. D’ailleurs, il y a dix ans, la RDC s’était engagée sur cette voie…

Des dizaines de microcentrales sont, depuis, exploitées à travers le pays par des privés ou en partenariat avec l’État, à l’instar de la centrale hydroélectrique de Busanga inaugurée en décembre 2023. D’une capacité de 240 MW, elle est principalement destinée à soutenir l’industrie minière dans la région du Katanga.

Malheureusement, le déficit énergétique persiste. Entre 2019 et 2021, le nombre de personnes privées d’électricité a même augmenté de 2 millions dans le pays, d’après le Rapport de suivi consacré aux avancées de l’objectif de développement durable 7.

« Plusieurs facteurs peuvent freiner l’arrivée de grands investisseurs dans le secteur de l’électricité en RDC, notamment la prudence des opérateurs privés face à un nouveau marché, les défis liés au niveau de vie relativement bas de la population et les obstacles logistiques dus à l’absence d’infrastructures de communication qui augmentent les coûts et les délais de mise en œuvre des projets », tente d’expliquer Sandrine Mubenga.

« L’autre défi est lié à la fiscalité. Elle est étouffante et je peux dire que l’année passée, nous avons payé à l’ensemble des institutions de l’État congolais plus de quatre millions de dollars américains », déplore de son côté Ephraïm Balole, directeur général de Virunga Energies, une société privée qui exploite de l’électricité dans l’est du pays.

Energies renouvelables

C’est ici que l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) pense pouvoir entrer en jeu. Aussi exhorte-t-elle les pays à créer un environnement propice pour attirer des capitaux. « Pour les pays en retard comme la RDC, la mise en place de politiques et de règlements sur les énergies renouvelables est importante, car cela signale aux investisseurs et à la communauté de développement que le pays est prêt à avancer », recommande Ute Collier, directrice adjointe du Centre de connaissances, de politique et de finances à l’IRENA.

Ce faisant, l’agence reconnaît le déséquilibre dans le circuit financier mondial. « Les disparités dans l’investissement global en matière de transition énergétique entre l’Afrique subsaharienne et le reste du monde demeurent élevées. Alors que la région a reçu seulement 13 dollars par habitant d’investissements liés à la transition énergétique au cours de la période 2020-2023, les économies avancées ont reçu 176 fois plus… Le continent entier a reçu moins de 2% des investissements mondiaux en énergies renouvelables au cours des deux dernières décennies », constate Ute Collier.

L’IRENA mène donc en faveur du continent un plaidoyer pour des politiques de financement plus harmonieuses. « Il est essentiel que les institutions financières multilatérales dirigent les flux financiers plus équitablement dans le monde entier pour appuyer le déploiement des énergies renouvelables et le développement des infrastructures physiques connexes », plaide l’experte dans un entretien avec SciDev.Net.

Fiabilité

Pour cela, explique Ute Collier, « L’Afrique est dotée d’un potentiel abondant pour les énergies bioénergétiques, géothermiques, hydroélectriques, océaniques, solaires et éoliennes. Un potentiel qui est 1 000 fois supérieur à la demande prévue d’électricité en 2040. Le potentiel d’énergie solaire sur l’ensemble du continent par exemple pourrait atteindre plus de 2300 kWh/m2 », tandis que le potentiel de l’éolien est tout aussi considérable.

D’ailleurs, en septembre 2021, dans son rapport intitulé « Remédier au déficit énergétique de l’Afrique : Changement climatique, énergies renouvelables et gaz », la Fondation Mo Ibrahim rappelait qu’en moyenne 40,5% de l’électricité dans les pays africains proviennent de sources renouvelables, bien au-dessus des moyennes mondiale (34,1%) et européenne (39,1%).

Pour Sandrine Mubenga de l’ARE en RDC, « le développement des énergies renouvelables constitue la voie royale pour favoriser l’industrialisation de l’Afrique mais ne doit pas être une contrainte limitante. Donc, dans un contexte de transition énergétique juste, l’Afrique qui regorge d’énergies renouvelables et aussi de réserves de produits pétroliers et nucléaires, a le droit d’utiliser toutes les ressources disponibles pour atteindre ses objectifs de développement ».

Aussi la RDC a-t-elle lancé en 2022 l’exploitation de son riche potentiel pétrolier et gazier contre les avis de la communauté pro-écologie…

Surtout qu’il se pose la question de la fiabilité et de la soutenabilité des énergies renouvelables. Par exemple, beaucoup d’utilisateurs finaux considèrent que le solaire a des performances et des capacités insuffisantes pour répondre aux besoins des ménages et des industries.

Energie nucléaire

« Les préoccupations concernant l’incapacité de l’énergie solaire à alimenter certains appareils découlent de la capacité des installations solaires. Les petits systèmes solaires, tels que les feux solaires ou les systèmes de maisons solaires conçus uniquement pour la recharge, la télévision et l’écoute de la radio, ne peuvent fournir efficacement de l’électricité que pour ces appareils-là. Ils ne peuvent supporter des appareils plus grands comme les micro-ondes ou les congélateurs », admet Ute Collier de l’IRENA

Or, dit-elle, « avec des systèmes plus grands, tels que les mini-réseaux solaires, combinés à des solutions de stockage sur des batteries, des communautés entières peuvent avoir accès à une puissance suffisante pour répondre à tous leurs besoins en électricité, y compris faire fonctionner les congélateurs et les climatiseurs ».

Mais, à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), on maintient les réserves sur la capacité des énergies renouvelables à soutenir efficacement le développement économique et industriel des pays du continent.

« Les systèmes électriques ont aussi besoin d’une puissance plus stable, résiliente et dispatchable pour maintenir le flux d’énergie sans interruption que les énergies renouvelables seules ne peuvent fournir. Le gaz fournit cette stabilité, mais il provoque beaucoup d’émissions. L’hydroélectricité peut également assurer de l’électricité fiable, mais seulement dans des environnements spécifiques », confie un expert de l’agence.

Avec de tels arguments, c’est naturellement que l’organisme onusien pousse pour sa solution. De manière générale, l’AIEA décommande l’approche exclusive des énergies renouvelables. « Les industries à forte intensité énergétique, telles que la production d’acier, qui utilisent du charbon pour le chauffage et l’hydrogène, pourraient également être décarbonisées à l’aide de l’énergie nucléaire, grâce à la capacité des réacteurs avancés à produire de la vapeur à haute température », ajoute-t-il.

Energies fossiles

Dans le nord du continent, l’Algérie, l’Égypte, la Tunisie et le Maroc (100% d’accès à l’électricité pour chacun) qui sont parmi les pays les plus industrialisés et les plus développés d’Afrique sont aussi parmi les champions des énergies fossiles sur le continent. Celles-ci comptent pour 90% de la production globale des trois premiers pays.

Le rapport Climate Change and Nuclear Power 2022 soutien que « l’énergie nucléaire peut représenter une occasion de soutenir le développement durable et économique. […] Les pays du continent africain montrent également un intérêt croissant pour le développement de centrales nucléaires – plus de 26% des missions de l’AIEA visant à évaluer le potentiel d’électricité atomique depuis 2009 ont été demandées par les pays africains ».

Fort de toutes ces réalités, le président du Ghana décrivait en juillet 2022 l’énergie nucléaire comme étant la clé de l’agenda de transition énergétique et du plan d’industrialisation du pays. De son côté, l’Afrique du Sud ne cache plus son désir d’utiliser le nucléaire pour réduire sa dépendance au charbon qui comptait pour 86% de sa production en 2021.

« Des plans sont déjà en place pour réhabiliter la centrale nucléaire de Koeberg, vieille de 40 ans et prolonger de 20 ans sa licence de sécurité nucléaire », signale l’AIEA. Au total, dans son plan 2019 de décarbonation, l’Afrique du Sud prévoit la réduction de 15% du charbon contre une augmentation des énergies renouvelables de 18% à l’horizon 2030.

Devant les difficultés que connaît leur pays, les acteurs de la société civile et même les autorités nigériennes semblent eux-aussi soutenir l’option du nucléaire, « deux agences sont déjà créées, la Haute autorité à l’énergie atomique et l’Agence nigérienne pour l’énergie nucléaire civile en perspective de l’installation d’une centrale. Le Niger peut se passer sous peu de l’électricité du Nigeria avec l’installation d’une centrale nucléaire civile à travers l’accord avec la société Canadienne Goviex », rechérit Mamane Nouri, de l’ADDC-Wadata.

Mutualisation

Reconnue énergie verte, le nucléaire n’est cependant pas une énergie renouvelable en raison du caractère épuisable de l’uranium dont il est issu. Tout de même, il contribue remarquablement à la transition énergétique et des chiffres le prouvent : il émet ainsi 70 fois moins de CO2 que le charbon, 40 fois moins que le gaz, 4 fois moins que le solaire, 2 fois moins que l’hydraulique et autant que l’éolien…

Reste alors la question des financements… Une approche qui semble faire l’unanimité parmi les experts est la mutualisation. « Nos Etats doivent se mettre ensemble dans la conception et la réalisation des projets d’électrification à travers une interconnexion sous-régionale pour amoindrir leurs déficits », propose Mohamed Lamine Kourouma.

Mamadou Doumbia cite comme modèles les centrales hydroélectriques de Manantali (200 MW), Félou (60 MW) et Gouina (140 MW) construites dans la cadre de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) et qui desservent le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Idem pour les barrages Ruzizi I et II, projets tri-nationaux qui procurent de l’électricité dans des agglomérations adjacentes de la RDC, du Rwanda et du Burundi.

Ainsi, suggère d’ores et déjà Mohamed Al Mansour de Timidria, « le Niger, en association avec d’autres voisins qui ont ce problème d’accès à l’énergie, doit avoir sa centrale nucléaire à usage civil pour assurer son autonomie énergétique ».

Certains experts préconisent une solution décentralisée exploitant les ressources disponibles au niveau local. C’est le cas Ephraïm Balole de Virunga Energies qui estime par exemple que la RDC peut s’appuyer sur son réseau hydrographique.

« Avec les défis liés à la pollution et les défis climatiques, l’hydroélectricité est la solution pour le RDC. Et la stratégie qu’on doit faire, c’est des mini et microcentrales hydroélectriques parce que le pays regorge d’un potentiel hydraulique énorme. On peut développer de grosses centrales comme Inga ; mais pour répondre aux besoins immédiats des populations locales, il y a moyen que chaque ville ou chaque village ait sa petite centrale. Il y a des cours d’eau pour cela partout au Congo ».

Trop grande dépendance à l’hydroélectricité

Sauf qu’en 2020, l’AIEA mettait en garde contre une trop grande dépendance à l’hydroélectricité, une source ne pouvant, de son point de vue, offrir à l’Afrique les garanties énergétiques nécessaires pour son développement, évoquant notamment « la variabilité des facteurs qui entourent la capacité et la production hydroélectrique ».

Un avis que nuance Mohamed Lamine Kourouma : « Toutes les infrastructures hydroélectriques ont des périodes critiques d’étiage qui sont prises en compte depuis les études de faisabilité. Aujourd’hui les turbines du barrage de Souapiti-Kaleta en Guinée par exemple continuent à turbiner l’eau sans arrêt. Le problème principal est au niveau du transport et de la distribution », dit-il.

Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, « au cours des cinq dernières années, l’accès à l’électricité est passé de 17% seulement à 47% ; et les pronostics pour les cinq années à venir sont estimés à 85% avec l’achèvement du barrage Amaria avec ses infrastructures de transports et de distribution », illustre Mohamed Lamine Kourouma qui souligne au passage que le besoin actuel en électricité dans le pays est estimé à 700 MW.

Quoi qu’il ,en soit, des solutions à la crise énergétique en Afrique subsaharienne devront être implémentées avec célérité. Car, avec la croissance de la population urbaine, la demande d’énergie sur le continent augmente deux fois plus vite que la moyenne mondiale, selon les Nations Unies. Près de 45 villes d’Afrique subsaharienne devraient atteindre au moins un million d’habitants en 2035. Et la digitalisation de nombreux services publics va renforcer cette demande.

Maghene Deba

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