Biodiversité : Les méfiances réciproques entre le gouvernement de la RDC et les bailleurs de fonds ont freiné l’efficacité du FONAREDD (Rapport Ebuteli)

Le Fonds National pour la Réduction des Émissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des forêts (FONAREDD) a, jusqu’aux derniers accords conclus en 2022 pour son compte, atteint 750 millions de dollars américains pour les forêts de la République démocratique du Congo. Ceci ressort du rapport de Ebuteli, publié ce mardi 9 juillet 2024 à Kinshasa. Ce rapport démontre également à quel point les méfiances réciproques entre le gouvernement et les bailleurs de fonds ont freiné l’efficacité de cette organisation.

« Le présent rapport démontre à quel point les méfiances réciproques entre le gouvernement et les bailleurs de fonds ont freiné l’efficacité du FONAREDD. La gouvernance de ce fonds a été aussi sérieusement affectée par les tensions entre le ministère de l’Environnement et celui des Finances. En définitive, il s’avère que le cadre institutionnel congolais limite les capacités de mobilisation des financements climatiques dont le pays a besoin », indique le rapport.

A l’en croire, les 750 millions de dollars américains sont de loin inférieurs aux besoins du pays estimés à 48,68 milliards de dollars américains pour répondre aux impératifs d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. D’où, cinq recommandations formulées dans ce document à savoir : la redynamisation des relations entre les bailleurs et le gouvernement congolais ; la restructuration du FONAREDD en vue de renforcer la gouvernance participative et inclusive ; la poursuite et la consolidation des réformes institutionnelles en RDC susceptibles de contribuer à l’accroissement significatif des financements climatiques ; l’appropriation nationale du FONAREDD et le renforcement de la dynamique locale en faveur de la lutte contre le changement climatique.

Ce rapport insiste sur le fait que les forêts de la RDC soient aujourd’hui au centre d’un grand enjeu mondial en se révélant comme le poumon de la planète dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. Cependant, au cours de ces dernières décennies, le monde assiste à la montée des moteurs de la déforestation pour plusieurs raisons : la pauvreté, l’agriculture sur brûlis, l’exploitation artisanale incontrôlée du bois, la consommation en bois énergie, les carences législatives, etc. Entre-temps, la conservation du plus vaste patrimoine du massif forestier du bassin du Congo en souffre. Sur ce, il faut nécessairement faire face à tous les défis qui relèvent avant tout de la responsabilité de l’Etat congolais.

Chose à laquelle la Ministre d’Etat en charge de l’Environnement et du Développement Durable, Eve Bazaiba Masudi avait interpellé le gouvernement lors d’une interview récente accordée : la responsabilité de l’Etat! Elle s’avère primordiale dans la réussite de tous les projets susceptibles de léguer un avenir meilleur aux délégations futures. Or, la corruption et l’impunité demeurent des grands freins au développement.

« La persistance de la corruption et de la mauvaise gouvernance dans les institutions publiques congolaises n’incite pas les bailleurs à apporter des ressources importantes à la RDC pour le changement climatique. Il est encore plus frappant de constater que les institutions ou organisations nationales du pays n’ont pas d’accès direct à ce fonds. Toutes les agences d’exécution font partie soit du système des Nations-unie, soit des agences de développement des pays donateurs qui ne sont pas redevables envers le gouvernement congolais. Ce dernier est ainsi devenu à son tour méfiant vis-à-vis de ses partenaires, au nom de la souveraineté nationale et des réclamations pour des compensations financières pour la conservation des forêts congolaises. » Conclut ledit rapport.

La RDC présente deux grandes particularités à la lutte contre le changement climatique : d’une part, les vastes étendues des forêts et de tourbières dont elle dispose, la propulsent au rang de pays solution dans la lutte contre le réchauffement climatique. D’autre part, elle figure sur la liste des pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique. Un paradoxe sans précédent. D’où, l’urgence de changer la donne. Chose qui dépend entièrement de la volonté politique malheureusement.   

Pourtant, créé en 2013, le FONAREDD avait suscité beaucoup d’espoir dans la perspective d’une mobilisation des financements climatiques nécessaires à la RDC pour assurer le maintien et la gestion durable du deuxième bassin forestier du monde, et de mener des actions pour renforcer sa résilience face aux effets du changement climatique. Une bonne occasion de se remettre en cause…

Sarah MANGAZA

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