Le système agroforestier Acacia-Manioc offre des opportunités socio-économiques d’afforestation pour les pays d’Afrique centrale. Ce système qui met au centre d’intérêts l’homme et l’environnement se présente comme un modèle à répliquer dans les différents contextes des pays de la région. Les performances de projets comme Mampu et Ntsio, en République démocratique du Congo en sont une preuve tangible. C’est ce qu’il faut retenir de la présentation sur les performances écologiques et socio-économiques du système agroforestier acacia-manioc sur le plateau des Batékés au Congo, faite à Brazzaville, ce mercredi 03 juillet, dans le cadre de la conférence internationale sur l’Afforestation et le reboisement (CIAR).
« Nous avons été intéressés par les développements en cours ici au Congo Brazzaville marqué par le fait que les programmes d’afforestation ciblent à la fois le bois d’œuvre, le bois-énergie, le marché des Crédits-Carbone mais aussi les cultures vivrières par l’agroforesterie, ainsi que le miel comme production additionnelle. L’enjeu est de mettre en place une stratégie économique diversifiée et résiliente sur des marchés locaux et internationaux complémentaires, tous en forte croissance », a renseigné Kwibuka Bisimwa Yves, chercheur à Gembloux Agro Bio-Tech.
Particulièrement, le système agroforestier Acacia-Manioc pratiqué dans les écosystèmes savanicoles, doit composer avec une grande pauvreté du sol sur lesquels l’agriculture traditionnelle montre des faibles productions et est grande consommatrice d’espace à cause de la nécessité de longues jachères. Sur le plateau de Batékés, à Brazzaville, en moyenne un hectare de terre produit 5 à 10 tonnes de manioc, alors que dans les zones forestières ou d’autres zones fertiles d’Afrique de l’Ouest, la production peut atteindre 30 à 50 tonnes/ha.
« Le système agroforestier Acacia-Manioc va progressivement améliorer et durabiliser ces rendements. L’étude que nous avons présentée montre les travaux en cours sur 174 champs de plantation agroforestière, on a trouvé que le rendement du manioc n’atteignait pas 5 tonnes par hectares. Ce rendement est pour le moment équivalent à celui de l’agriculture traditionnelle, ce qui est normal car ce ne sera qu’en 2° rotation que les sols auront été améliorés par 7 ans de présence d’arbres », a-t-il indiqué.
Au regard de ce résultat, ce scientifique recommande un regard particulier sur le système agroforestier Acacia-Manioc pratiqué sur le plateau des Batékés, au Congo Brazzaville. Il faut réfléchir à améliorer les pratiques, comme par exemple en utilisant la poudre de charbon de bois (Biochar), facilement disponible localement, afin d’apporter un gain de productivité dès la 1° rotation. Cette approche va être testée dès ce mois d’octobre, a-t-il informé.
« Notre diagnostic a démontré qu’il y a évidemment des pratiques culturales à améliorer. Il y a la densité de plantation, les variétés de manioc, et la gestion de mauvaises herbes dans les plantations. Un des problèmes qui se pose est la qualité du sarclage. La plupart des agriculteurs n’ont pas suffisamment de moyens ou la discipline pour le faire systématiquement », a renchéri Monsieur Kwibuka. «Rien qu’avec une bonne qualité de sarclage, les rendements ont la possibilité d’augmenter».
La relance d’un programme de variétés améliorées de manioc, l’application de Biochar, l’association de différentes cultures vivrières (par exemple arachide et manioc) et le déploiement de l’agroforesterie peuvent réellement changer la donne et faire évoluer l’agriculture congolaise vers des modèles plus performants, rentables et durables.
selon cet expert, les efforts que déploient la Société des plantations Forestières Batéké Brazzaville (SPF2B, filiale du Groupe FRM), l’Université Denis Sassou Nguesso (UDSN) et le Centre International de Recherche Forestière et agroforestière (CIFOR-ICRAF) dans le cadre du projet RESSAC (financé par l’UE), pourront permettre de déployer le potentiel énorme de l’agroforesterie dans la région à travers les programmes d’Afforestation / Reboisement afin de concilier les besoins de l’homme et la protection de l’environnement.
Depuis Brazzaville, Alfredo prince NTUMBA