« Nous sommes en pourparlers avec la FEC et les entreprises qui polluent pour qu’elles ne considèrent pas qu’il s’agit d’une surtaxation ». A confié la Ministre d’Etat en charge de l’Environnement et du Développement Durable, Eve Bazaiba au cours d’une interview exclusive accordée à Environews RDC, à Kinshasa. 12% des déchets produits dans la ville province de Kinshasa sont en plastique, dont 10 milles tonnes de déchets par jour.
Au moment où le monde commémore la journée mondiale sans plastique le 03 juillet de chaque année, la République démocratique du Congo figure parmi les pays où le plastique est plus visible que n’importe quelle autre matière. Cela, malgré que le Centre national d’informations sur les déchets (CNIID) ait alerté plusieurs fois sur la nécessité d’une modification en profondeur des habitudes de consommation. « Il ne s’agit plus aujourd’hui de produire plus de déchets recyclables mais, produire moins de déchets et les gérer autrement », le CNIID.
D’où, la nécessité d’engager une lutte efficace. A en croire la Ministre d’Etat en charge de l’Environnement et du Développement Durable, la lutte contre la production du plastique en RDC en appelle à l’implication totale du gouvernement central, sans laquelle il est quasiment difficile d’aller de l’avant. Des taxes doivent être imposées et respectées afin d’alimenter le Fonds pour l’environnement pour assainir et embellir les villes conformément aux objectifs de développement durable.
« On ne peut pas dire aux producteurs de plastique de payer les taxes verbalement. C’est à travers la loi que cela fonctionne. On va y aller progressivement, jusqu’à l’interdiction pure et simple de fabrication des sachets ou bouteilles en plastiques au pays ou encore, exiger la production des matières en plastiques recyclées. En 2022, l’usine de recyclage des bouteilles en plastique OK Plast a été inaugurée et nous avons eu à signer un contrat d’accompagnement », a expliqué Eve Bazaiba.
La pollution plastique augmente également le risque de contamination bactérienne et fongique du sol. Cela entraîne une perte de productivité agricole et des inondations car le plastique empêche l’absorption naturelle de l’eau par le sol. Une situation qui devrait préoccuper au plus haut point les gouvernants.
« Il y a aussi les eaux des caniveaux qui sont remplies de bouteilles en plastique qui vont directement au fleuve Congo et bloquent même les turbines de la SNEL à leur passage. C’est pourquoi, nous devons faciliter le travail de OK Plast en lui procurant des lignes directes d’électricité car, dans sa production, dès qu’il y a coupure, la matière se gâte. L’usine doit avoir une chaîne de production continue. Outre cet aspect, nous devons également diminuer les pourcentages de ses taxes d’importation des intrants. Mais, tout ceci nécessite des moyens financiers. Et, il y a moyen de maximiser les recettes sans avoir à attendre le trésor public », a éclairé Eve Bazaiba.
Faute d’une régulation bien structurée, les fabricants des bouteilles plastiques payent des taxes ailleurs, dont la RDC ne bénéficie pas. « Prenons le cas des industries brassicoles. Elles ont des sièges ailleurs et payent des taxes. En RDC, il n’y a que des succursales. Ces industries dégagent beaucoup de fumées ; il y a un seuil toléré. Lorsqu’il est dépassé, ça se paie ! On va rester comme ça jusqu’à quand ? Je ne veux pas parler d’un Etat irresponsable. L’Etat doit prendre ses responsabilités. C’est ce que nous faisons pour leur faire comprendre que nous n’inventons rien », s’est indigné Madame Bazaiba
Sarah MANGAZA