La République démocratique du Congo doit faire le bilan de ses multiples engagements pris dans le cadre de la lutte contre la désertification et la sécheresse. Dans le cadre de défis de Bonn par exemple, le pays s’était engagé à restaurer 8 millions d’hectares des terres dégradées sur l’ensemble de son territoire. A ce jour, combien d’hectares ont été restaurés ? où et comment ? autant de questions qui poussent les experts à proposer des évaluations objectives des engagements du pays dans ce secteur. Dans sa tribune publiée ce lundi 17 juin. 2024, en marge de la célébration de la journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, le coordonnateur de l’ONNG JUREC, Félix Lilakako s’interroge. Voici in extenso, la réflexion.
A ce jour, le changement climatique se trouve être un phénomène qui n’épargne aucun secteur de la vie, et nécessite donc une mise en commun des efforts pour lutter contre ce fléau et prévenir ainsi la planète des différents méfaits.
La Journée mondiale de lutte contre la désertification est célébrée chaque année pour sensibiliser aux enjeux majeurs que posent la désertification et la sécheresse aux quatre coins du monde. Le thème de l’édition 2024, «Unis pour les terres. Notre patrimoine. Notre avenir.», met en exergue le besoin urgent de mener des actions en collaboration pour restaurer et préserver la santé des terres au bénéfice des générations futures.
Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, les pays du monde se sont retrouvés en Allemagne en 2011 et se sont engagés à restaurer un total de 500 millions d’hectares des terres dégradées et déboisées d’ici 2030 à travers le monde. C’est ce qui est qualifié de « Défi de Bonn » ou « Challenge de Bonn » comme effort mondial dont l’objectif est de restaurer 150 millions d’hectares de terres dégradées et déboisées d’ici 2020 et étendu à 350 millions d’hectares d’ici à 2030 lors du Sommet sur le climat des Nations Unies à New-York en 2014.
Pour mettre en œuvre cet engagement, les Etats africains ont mis en place l’initiative pour la Restauration des paysages forestiers en Afrique (AFR-100). L’AFR 100 est donc le mécanisme par le biais duquel le Défi de Bonn est mis en œuvre en Afrique. Il est donc nécessaire que les partenaires techniques et financiers fournissent un soutien aux gouvernements afin d’évaluer, de concevoir et de mettre en œuvre la Restauration des Paysages Forestiers (RPF) à grande échelle.
La Restauration des paysages forestiers constitue une stratégie clé pour atteindre les objectifs fixés dans le cadre des Contributions Déterminées au niveau National sur le Climat (NDC) et les autres processus globaux pour lesquels la RDC s’est engagée tels que la Convention sur la Diversité Biologique et les Objectifs pour le Développement Durable (ODD) [1]https://www.iucn.org
La RDC s’est pour sa part engagée la même année à restaurer 8 millions d’hectares de terres dégradées et déboisées dans le cadre de son engagement envers ce Défi de Bonn. Et pour cristalliser cet engagement, le Président de la République Démocratique du Congo avait lancé l’initiative Jardin scolaire visant à planter un milliard d’arbres d’ici 2023.
En effet, la Restauration des Paysages Forestiers (RPF) dépasse donc largement le simple fait de planter des arbres. Elle consiste également à raisonner à l’échelle des territoires et des régions avec les acteurs dans tous les domaines liés à l’utilisation durable des terres https://www.cirad.fr.
Analyser les questions de RPF revient pour la RDC à passer en revue les aspects de mise en œuvre des engagements qu’elle a pris en guise de sa contribution dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il est donc question d’évaluer le niveau de mise en œuvre de l’engagement de restauration de 8 millions d’hectares d’ici 2030 pris par la RDC conformément au Défi de Bonn.
Cette évaluation permettra de réaliser un état des lieux de la situation de restauration des paysages forestiers et ses composantes en RDC (cadres politiques, juridiques, institutionnels, etc.), inventorier les différentes initiatives de restauration des paysages forestiers en RDC, relever les forces et faiblesses de la RDC dans la mise en œuvre du processus de RPF, identifier les outils et les options devant permettre à la RDC de quantifier les étendues restaurées afin d’atteindre son engagement de restaurer 8 millions d’hectares d’ici 2030. Cela permettra également de répondre à l’appel de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes qui vise la protection et le renouveau des écosystèmes du monde entier, y compris les ressources en terre, dans l’intérêt de l’homme et de la nature. Une telle initiative devrait être portée par le Ministère de l’Environnement et Développement Durable au travers de sa Direction en charge de Développement Durable (qui regorge en son sein une Division Désertification), sa Direction en charge de Reboisement et Horticulture et le Fonds Forestier National. Il sera important pour le MEDD d’impliquer les autres Ministères sectoriels (Développement rural, Aménagement du territoire, Foncier, etc.), les différents partenaires techniques et financiers œuvrant dans le secteur de restauration des paysages forestiers, de reboisement et de lutte contre le changement climatique, les organisations de la société civile qui accompagne les processus de restauration, le secteur privé, les universités et centres de recherche, etc.
« Il n’est pas possible de remonter le temps, mais il est possible de faire pousser des forêts, faire revivre les sources d’eau et faire revenir les sols. Nous sommes la génération qui peut faire la paix avec la terre. »
A. GUTERRES, Secrétaire Général des Nations Unies
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Me Felix Credo LILAKAKO MALIKUKA
Avocat-Expert en droit de l’environnement
ONG JUREC (Juristes pour l’Environnement au Congo)
E-mail : felixcredo@gmail.com ; +243819940015