Climat : Voici ce qu’il faut retenir de la conférence de Bonn sur le changement climatique

La Conférence de Bonn sur les changements climatiques s’est achevée aujourd’hui après deux semaines de travail intense sur une série de questions pour lesquelles des progrès sont nécessaires sur la voie vers la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29) en novembre à Bakou, en Azerbaïdjan. 

« Nous avons fait de modestes progrès, ici à Bonn », a déclaré Simon Stiell, Secrétaire exécutif d’ONU Climat, dans son discours de clôture. « [Mais] trop de points sont encore sur la table […] Il nous reste une montagne très escarpée à gravir pour parvenir à des résultats ambitieux à Bakou. » 

Les progrès réalisés à Bonn portent notamment sur les points suivants : 

  • Les Parties ont rationalisé du contenu pour le nouvel objectif chiffré collectif pour le financement de l’action climatique. Des options claires et le cadre substantiel d’un projet de décision doivent être finalisés avant la COP29. 
  • Les Parties ont avancé vers des indicateurs d’adaptation tournés vers l’avenir, efficaces et scientifiquement fondés. 
  • Des progrès ont été réalisés en vue d’un meilleur fonctionnement du marché international du carbone, mais il reste encore du travail à accomplir. 
  • Les Parties ont travaillé ensemble pour la transparence et se sont soutenues mutuellement dans la planification de plans d’action climatique renforcés. 

Un nouvel objectif chiffré collectif pour le financement de l’action climatique 

Les Réunions de juin ont accueilli un dialogue technique d’experts (TED10) pour permettre un examen approfondi des éléments du nouvel objectif chiffré collectif pour le financement de l’action climatique (NCQG, selon le sigle anglais) – y compris comment s’assurer qu’il soit ambitieux, structuré de manière optimale, qu’il fasse l’objet de rapports transparents, et qu’il améliore la qualité du financement de l’action climatique pour les pays en développement. 

Les Parties ont également passé plusieurs jours à travailler sur l’élaboration d’un cadre substantiel pour un projet de texte de négociation pour examen lors de la COP29, dont le texte a été ébauché ici à Bonn. 

Stiell a également souligné la nécessité de progresser davantage sur les questions de financement de l’action climatique en dehors du processus de la CCNUCC, y compris au sein du G7. « Les économies avancées ont de multiples leviers à actionner, y compris en tant qu’actionnaires des banques de développement. » 

Les co-présidents ont invité les Parties à soumettre leurs points de vue consolidés et actualisés sur le NCQG afin qu’ils puissent produire un nouveau document de travail avec des options pour le dialogue TED11 et la troisième réunion du programme de travail ad hoc, qui se tiendront l’un après l’autre en octobre. Un dialogue ministériel de haut niveau sur le NCQG se tiendra également en octobre afin d’ouvrir la voie à un résultat lors de la COP29. 

Progrès en matière de renforcement de la résilience et de l’adaptation 

Lors de la COP28 qui s’est tenue aux Émirats arabes unis en décembre dernier, les Parties ont convenu de mesures pour l’objectif mondial en matière d’adaptation, donnant lieu à la création de cibles thématiques mettant en évidence des priorités mondiales tournées vers l’avenir. 

Lors des Réunions de juin des Nations Unies sur le climat, les Parties ont pris des mesures importantes en vue d’établir des indicateurs pour chacune de ces cibles thématiques, qui seront inclusifs, transparents et scientifiquement fondés. Les Parties ont notamment progressé sur les prochaines étapes nécessaires, y compris la manière dont ces indicateurs seront décidés, ainsi que sur les travaux techniques à venir. 

Dans le cadre des résultats du bilan mondial, l’ONU Climat invite les Parties à élaborer des plans nationaux d’adaptation (PNA) d’ici à la fin 2025, et à progresser dans leur mise en œuvre d’ici à 2030. 

Seuls 58 pays en développement ont soumis un PNA. Le secrétariat a demandé à un plus grand nombre de pays de disposer d’un plan d’ici à 2025 et de progresser dans leur mise en œuvre d’ici à 2030. Au cours des prochains mois, l’ONU Climat travaillera directement avec les pays pour accélérer la formulation des PNA, notamment par l’intermédiaire de ses centres régionaux de collaboration. 

Progrès réalisés sur les marchés internationaux du carbone au titre de l’Article 6 

Les délégués ont fait des progrès importants sur des aspects techniques clés de l’Article 6, y compris l’autorisation des crédits carbone, la portée de l’activité, le registre du marché international du carbone et plus encore.  

Des discussions constructives à Bonn ont permis de clarifier les positions sur les Articles 6.2 et 6.4 avant la COP29. Les délégués ont également convenu d’organiser un atelier pour faire avancer les travaux techniques sur les Articles 6.2 et 6.4 avant le mois de novembre. Ils seront ainsi mieux placés pour se réunir à Bakou, prêts à finaliser un résultat et à progresser vers de meilleurs marchés du carbone. 

En amont de la COP29, des travaux supplémentaires sur l’Article 6.4 seront réalisés. L’organe des Nations Unies chargé de rendre opérationnel un nouveau marché mondial du carbone dans le cadre de l’Accord de Paris se réunira deux fois avant les négociations à Bakou, pour finaliser les recommandations sur les méthodologies et les absorptions d’émissions. Les commentaires recueillis auprès des Parties et des parties prenantes lors d’un événement d’engagement au cours des Réunions de juin sur le climat seront intégrés à ces recommandations. 

L’organe de supervision vise également à finaliser un outil de développement durable à l’approche de la COP29, afin d’établir des garanties environnementales et sociales.  

La finalisation des éléments restants de l’Article 6 à Bakou permettra de débloquer des fonds supplémentaires pour les plans d’action climatique nationaux et l’adaptation. 

Accroître la transparence 

La Présidence entrante de la COP a demandé aux Parties de soumettre leurs rapports biennaux au titre de la transparence (BTR, selon le sigle anglais) avant la COP29 à Bakou. Ces rapports aideront les Parties à établir une base factuelle plus solide pour davantage d’ambition. 

Plusieurs événements ont eu lieu au cours des Réunions de juin sur le soutien disponible pour les pays en développement, y compris l’atelier en personne sur le soutien pour le cadre de transparence renforcé (ETF, selon le sigle anglais), et le dialogue facilitateur en cours de session sur le soutien de l’ETF.  

Dans le courant du mois, l’ONU Climat fournira de nouveaux outils de reddition de comptes pour le cadre de transparence renforcé, qui intègrent le suivi des inventaires de gaz à effet de serre, des actions et du soutien. En partenariat avec Microsoft, l’ONU Climat développe également une nouvelle Plateforme de données climatiques (Climate Data Hub) pour donner vie à ces données. 

L’ONU Climat a déjà formé plus de 1100 experts de 150 pays, renforçant les capacités de milliers de professionnels, y compris dans d’autres organisations intergouvernementales.   

Des sessions de formation sur les nouveaux outils de reddition de comptes seront organisées en Afrique et dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes avant la COP29, ainsi que lors de la COP29. 

Renforcer l’ambition des contributions déterminées au niveau national 

Au début de l’année prochaine, les Parties doivent présenter leur prochaine série de contributions déterminées au niveau national (CDN), alignées sur la limite de 1,5 °C et couvrant tous les secteurs et tous les gaz à effet de serre. 

Lors des Réunions de juin, l’ONU Climat et le Partenariat CDN (NDC Partnership) ont lancé le Navigateur CDN 3.0 (NDC 3.0 Navigator en anglais), afin d’aider les Parties à accéder à des informations susceptibles de les aider à élaborer de nouvelles CDN mettant l’accent sur la mise en œuvre. 

Autres questions et événements lors des Réunions de juin  

  • L’examen final de la mise en œuvre du programme de travail renforcé de Lima relatif au genre et de son plan d’action pour l’égalité des sexes (GAP, selon le sigle anglais) a été entamé lors des Réunions de juin – identifiant les progrès, les défis, les lacunes et les priorités dans la mise en œuvre du GAP, ainsi que les travaux supplémentaires à entreprendre. Les discussions entamées lors de cette session ont ouvert la voie à l’élaboration d’outils permettant d’intégrer la dimension de genre dans les CDN, les PNA et les rapports au titre de la transparence. 
  • Le Comité permanent du financement a avancé dans les préparatifs du Forum 2024 sur le financement tenant compte des genres. Ce forum, qui se tiendra les 2 et 3 septembre à Arusha (Tanzanie), soulignera l’importance cruciale d’un financement tenant compte des genres pour parvenir à un développement à faibles émissions et résilient aux changements climatiques, ainsi qu’à une éradication de la pauvreté qui soit équitable et inclusive. 
  • Le dialogue sur les océans et les changements climatiques s’est déroulé pendant deux jours lors des Réunions de juin sur le climat, mettant l’accent sur deux sujets clés : la conservation de la biodiversité marine et la résilience des côtes, ainsi que les technologies d’énergie océanique. 
  • Le Hub sur l’Action pour l’autonomisation climatique (ACE Hub) a organisé un événement rassemblant des jeunes pour renforcer leurs compétences et permettre le partage des connaissances. Cette année, l’accent a été mis sur l’action au niveau local. Cinquante jeunes (dont 25 issus du monde entier et 25 d’Allemagne) se sont réunis pour développer les compétences dont ils ont besoin pour mener des initiatives climatiques dans leurs communautés. 
  • Les Championnes de haut niveau pour le climat, Nigar Arpadarai (Azerbaïdjan) et Razan Al Mubarak (Émirats arabes unis), ont organisé une série d’événements qui ont exploré la manière dont les entreprises, les villes, les régions, les peuples autochtones et la société civile travaillent aux côtés des gouvernements pour mener des actions climatiques ambitieuses en amont de la COP29. 
  • Le troisième dialogue de Glasgow sur les pertes et préjudices, qui s’est tenu lors des Réunions de juin, a permis d’aborder les modalités de coordination du Fonds répondant aux pertes et préjudices, d’évaluer les progrès accomplis et de formuler de nouvelles recommandations. 
  • Le troisième dialogue mondial et l’événement axé sur l’investissement organisés dans le cadre du programme de travail sur l’atténuation se sont concentrés sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre des villes et des bâtiments urbains. 

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