Conservation : L’UE va injecter 256 millions d’euros dans le développement durable en RDC

L’Union Européenne (UE), à travers son programme dénommée Alliance pour le Développement Durable en République démocratique du Congo (ADD), compte verser 256 millions d’euros au gouvernement de la RDC, en vue de promouvoir le secteur du développement durable au pays. Cette annonce a été faite au cours de la réunion de son premier comité de pilotage tenu ce vendredi, 31 mai 2024 à Kinshasa.

« L’alliance pour le développement durable est un programme ambitieux qui vise à préserver non seulement l’environnement de la biodiversité mais aussi à agir sur les filières afin que le bien-être des populations soit amélioré. C’est une approche intégrée qui met l’homme au centre de l’action de conservation pour qu’il soit impacté avec son environnement, que ses conditions de vie soient améliorées, afin que les aires protégées deviennent des actifs économiquement viables pour les communautés. Nous sommes en train de relancer une nouvelle phase avec des ambitions plus poussées. » A indiqué le Représentant du Directeur Général de l’ICCN à ces assises, Joël Wengamulay, Directeur de la Coopération internationale à l’ICCN.

L’ADD a été mise en place dans le cadre de la programmation actuelle de cette coopération pour une période de 2021 à 2027. Ces actions sont réparties entre 5 paysages du pays à savoir : les Virunga, la Garamba, l’Upemba, la Salonga et le Yangambi. Ce programme bénéficie à la conservation de la nature centrée sur ces aires protégées d’importance planétaire ; à une économie verte fondée sur des chaînes de valeur et sur un meilleur accès à une énergie renouvelable ainsi qu’à une amélioration de la gouvernance.

« C’est avec l’accord de nos Etats membres représentés à cette rencontre, que l’UE a approuvé une série d’actions pour un montant global de 256 millions d’Euros au profit du développement durable de 5 aires protégées de la RDC. C’est sur le modèle NaturAfrica, qui repose sur ces 3 piliers et sur une approche ‘’paysage’’, que ce programme en RDC est un des premiers exemples. Les interventions dans le paysage des Virunga depuis 1988 ont été les précurseurs de toute cette initiative. Ce programme en RDC manifeste la décision de l’UE, au niveau mondial, d’augmenter les efforts sur la biodiversité, en doublant les fonds externes, en particulier pour les pays les plus vulnérables. » A précisé la chargée d’affaires à la Délégation de l’Union européenne, Matilda Schedwin.

Pour sa part, la Directrice pays de Expertise France, l’organisation en charge de l’assistance technique permettant de piloter et de coordonner l’ADD, estime que ce programme pourra permettre à la RDC de capitaliser sur ces leçons apprises, d’améliorer ses politiques en la matière et de faire de ses aires protégées un véritable moteur de développement socio-économique pour l’ensemble du pays. « Depuis 2 ans, nous avons fortement renforcé notre présence ici grâce à l’installation d’un bureau national à Kinshasa et certains projets à Goma, Bukavu et Kolwezi. En consolidant les dispositifs, on renforce la qualité de nos appuis, de nos projets, et ça au bénéfice des populations du pays. On est présent sur un large spectre de secteurs. Et, dans chaque projet, quel que soit le secteur, nous essayons de prendre en compte l’impact sur l’environnement. Ce qui nous tient à cœur c’est de répondre aux besoins concrets de la population. » A indiqué Aude Delescluse.   

Des millions de plus à gérer dans un pays où les fonds s’envolent

A en croire le Directeur de la Coopération internationale à l’ICCN, il a été mis en place un système transparent de gestion qui répond aux normes internationales. « Par la signature du partenariat public-privé, nous la partie publique ICCN apportons tous les back-up de l’Etat en termes d’accompagnement et la partie privée apporte tous les standards des privés en termes de gestion transparente répondant aux normes les plus élevées. Ensemble, nous nous renforçons en termes de gouvernance. C’est ça qui fait que les résultats et l’impact soient positifs ; exempts de corruption et de fraude. » A précisé Joël Wengamulay.

L’ADD supporte aujourd’hui une dizaine de projets d’appui au développement et à la gestion durable des ressources naturelles dans des paysages prioritaires de la RDC. Ces paysages sont articulés autour de cinq aires protégées du pays ayant à la fois une importance nationale et une importance globale. Ces assises ont réuni les institutions congolaises de conservation, dans le cadre du programme de partenariat entre l’Union européenne et la RDC. Ces institutions, malgré les énormes défis auxquels ils font face, ont réussi à mettre en place des mécanismes de résilience, tel que le Virunga énergies, du parc national des Virunga.

« Nous avons mis en place un programme de développement appelé Virunga énergies, conçu par le gouvernement congolais. Il est fondé sur 3 piliers : le tourisme, l’énergie et l’agriculture. Tous ces piliers ont une relation étroite avec les parcs. Ça s’appelle service écosystémique. C’est un cadeau que la nature donne à l’homme pour vivre. Si le tourisme marche bien, les visiteurs payent de l’argent et cela peut améliorer les conditions de vie des populations. Si on conserve la forêt, on a la possibilité de transformer les cycles de l’eau en hydroélectricité mais aussi, apporter l’eau courante à la population. » A expliqué Ephrem Balole, Directeur Général de Virunga énergies.

Pour sa part, le parc de l’Upemba, oublié et isolé depuis près de 50 ans, se réjouit de cette alliance de l’UE. « Ce programme nous aide à voir comment les autres avancent, à mieux cerner certaines difficultés et tirer des leçons sur les solutions des autres, et voir quel paysage pourrait nous aider à nous renforcer dans les activités qu’on a sur le terrain. Les défis actuels restent le braconnage, les activités illégales minières au niveau de la zone intégrale mais aussi dans le domaine de chasse mais un des soucis qui reste assez compliqué c’est la présence des groupes armés à l’intérieur du parc qui constitue l’insécurité des communautés riveraines.» Confiait la directrice et cheffe de Site de l’Upemba, Christine Tina Lain.

Notons que le dernier comité de pilotage de l’ADD qui avait été organisé dans le cadre de l’assistance technique précédente a eu lieu à la fin de l’année 2022. Il était indiqué que le nouveau comité de pilotage soit organisé afin de permettre aux gestionnaires de paysages de présenter brièvement les évolutions les plus importantes intervenues après la fin de 2022 dans les paysages concernés, les résultats obtenus dans le cadre des financements européens en cours et les principaux défis auxquels ces gestionnaires seront confrontés au cours des six prochains mois.

Sarah MANGAZA

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